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18/8/2015
L'abbé Jeanmart: la passion de l'art sous toutes ses formes
Visiter une exposition, parcourir un musée en faisant l'impasse sur un guide c'est un peu comme aller à la mer sans manger des crevettes, il manque quelque chose pour que le plaisir soit complet! En passant la porte du musée diocésain en compagnie de l'abbé Jeanmart on oublie très vite l'aspect vieillot des lieux, la scénographie datant d'une autre époque. Les connaissances et la passion de celui qui en a été le conservateur pendant tant d'années sont telles qu'il fait vivre, revivre chaque pièce. Il raconte l'histoire de ces petits et grands trésors.
Devenir prêtre, voilà bien une idée qui a traversé la tête de Jacques Jeanmart à bien des reprises. La première fois, Jacques Jeanmart, originaire de Mettet, s'en souvient encore, il n'avait que 10-12 ans. ''J'ai été très marqué par le vicaire, l'abbé Auguste Hiernaux tant pour ses contacts humains que pour ses offices. Il était vraiment très bien. Il s'occupait des gens... '' Un rien de malice dans les yeux, l'abbé Jeanmart ajoute: ''J'ai fait mes humanités à l'abbaye de Floreffe où les prêtres étaient nombreux. Certains étaient très intéressants et d'autres beaucoup moins... Cela a dû aussi intervenir dans mon choix.''
Des humanités qui lui permettent par contre de confirmer - très vite - ce qu'il savait déjà: il déteste le football! Ses compagnons profitent eux du moindre temps libre pour taper dans un ballon. ''Je n'aimais pas ça du tout alors j'allais me promener.'' Le proviseur de l'époque, passionné d'archéologie, se lance dans des fouilles sur le site de l'abbaye. Il invite le jeune promeneur à venir le retrouver et c'est le coup de foudre. Avec toujours autant de fougue, il raconte la mise à jour de caves, de souterrains sur le site de Floreffe. Il fait connaissance avec l'abbé Lombet alors surveillant à l'abbaye de Floreffe. Les deux hommes siégeront, ensemble, bien des années plus tard, dans la Commission diocésaine d'art sacré. Jacques Jeanmart découvre le bonheur de fouiller le sol et le plaisir des découvertes. ''C'était grisant comme ça le sera, par la suite, sur chaque chantier. Une découverte est toujours émouvante même si elle n'est pas de grand intérêt.''

Des cloches aux mains
Les années passent et ce qui n'était qu'une possibilité devient réalité: Jacques Jeanmart a fait son choix, il sera prêtre. Il entre au grand séminaire en 1962: les années de philosophie se font à Floreffe. Pour la théologie, c'est Namur. En 1967, les séminaristes rejoignent les bâtiments de la rue Henri Blès dont la construction était toujours en cours. ''Les coupures d'électricité étaient fréquentes, les portes n'étaient pas encore posées, il n'y avait pas d'eau aux douches... A plusieurs reprises, nous quittions les cours pour aller décharger un camion.''
Le 14 juillet 1968, Jacques Jeanmart est ordonné prêtre par Mgr Charue. L'évêque, à cette époque, souhaitait que chaque jeune ordonné poursuive sa formation. ''Certains ont repris des cours de théologie, de sciences morale et religieuse. Je me suis demandé ce que j'allais bien pouvoir faire. J'ai pensé à des études de cinéma mais l'Evêché n'était pas très d'accord... Ce ne sont pas les films de de Funès qui m'intéressaient mais bien ceux de Polanski, de Milos Forman, de Jean-Luc Godart...'' L'Evêché avait pensé, pour le jeune prêtre à l'histoire. Finalement, il s'inscrira en archéologie et en histoire de l'art. ''J'étais au paradis'' dit-il les yeux brillants. Lui qui aimait déjà passer du temps sur les chantiers de fouille est comblé: il fouille toujours bien sûr, affine sa technique, apprend à faire les croquis liés aux fouilles, s'applique à répertorier avec minutie tout ce qui est dégagé des entrailles de la terre. ''C'est un travail au cours duquel on apprend la patience. Physiquement, c'est aussi très dur. J'en ai eu des cloches aux mains à force de manier la pioche et la pelle. Au bout d'une journée de chantier, nous avions mal au dos, aux genoux...''
Un chantier de fouilles peut aussi faire naître des amitiés et elles sont solides. ''A Torgny, nous avons mis à jour un cimetière mérovingien. Au début, nous travaillions avec des pelles et puis, c'est au pinceau que nous avons terminé. A Bastogne, nous avons trouvé la trace d'un temple romain. Nous vivions sous tente, nous cuisinions sur place. Une véritable amitié est née entre les membres de l'équipe.'' Il lui est ainsi arrivé de célébrer, pour eux, la messe. Il célébrera encore les mariages, les baptêmes des membres du groupe. L'abbé Jeanmart fera également partie des équipes qui fouillent à l'abbaye de Saint Gérard de Brogne avec la découverte, sous la sacristie, d'oratoires qui dateraient de bien avant le 10eme siècle. Des chantiers qui n'emmèneront jamais l'abbé Jeanmart au-delà de nos frontières: ''Il y a bien assez à faire en Belgique!'' répond-t-il avec une grande sagesse.

Mondialement connu
En 1997, le prêtre devient conservateur du musée diocésain. Un musée qu'il connaissait déjà. ''Mon stage de muséologie, je l'ai fait dans ce musée qui ressemblait vraiment à une brocante tant il y avait d'objets. Durant les cours, j'avais souvent entendu parler de la châsse mérovingienne d'Andenne. Cette châsse est l'une des pièces majeures du musée, je l'avais imaginée imposante. Quel choc quand je l'ai vue: elle est grosse comme une boîte d'allumettes.''
Bien des années plus tard, il est toujours aussi fier de ce musée. ''Il contient des oeuvres mondialement connues comme la couronne reliquaire des saintes épines. Tous les historiens de l'art savent que cette couronne est à Namur.'' Le musée diocésain présente le Trésor de la cathédrale Saint-Aubain, c'est d'ailleurs dans une salle contiguë à la cathédrale qu'il est installé. Un trésor de la cathédrale riche de pièces d'orfèvrerie dont la fameuse couronne. La croix-reliquaire datant du 16e-17e sicèle contient, elle, sept fragments de la croix du Christ. La couronne comme la croix sont d'une grande finesse et décorées de pierres précieuses. Des pièces qui quittent souvent Namur pour l'autre bout du monde. Et à chaque fois, lors des expositions, c'est le succès,
Quand on a la chance de visiter les lieux avec l'abbé Jeanmart, le plaisir est complet. Il raconte et raconte encore passant d'une merveille à une autre tout en contant son histoire. Il s'arrête, fasciné, devant trois dessins originaux signés Remacle Leloup, un artiste du 17e siècle. Intarissable encore devant ces vierges à l'enfant qui paraissent au premier coup d'oeil si semblables et qui finalement, après explications, sont toutes bien différentes.

Pas de droit à l'erreur
Si l'abbé Jeanmart connaît chaque pièce du musée jusqu'à l'infime détail, il en va de même de toutes ces oeuvres qui garnissent les églises du diocèse. Une véritable encyclopédie. Il a été appelé à bien des reprises pour donner son avis, expertiser tout cela avec un objectif bien sûr: préserver ces biens. ''Tout m'intéresse'' ajoute-t-il tout en reconnaissant un profond respect pour le travail des sculpteurs: ''Chaque coup de burin est irréversible. Quand Michel Ange a sculpté le David, il n'avait pas le droit à l'erreur.'' L'abbé Jeanmart a même suivi des cours avec le sculpteur belge Félix Roulin... ''Juste pour me rendre compte combien c'est difficile.''
Aujourd'hui à la retraite, l'abbé Jeanmart, aime toujours prendre du temps avec les oeuvres d'art. Par contre, il a tiré un trait sur les chantiers de fouilles. L'abbé Jeanmart aurait-il, un jour, trouvé un trésor? Il sourit. ''Des trésors? Il y en a encore plein. Ceux dont parlent les gens, ils ont déjà été trouvés. A Liberchies, une équipe a, un jour, retrouvé 300 pièces romaines en or. Il s'agissait de la paie d'une garnison romaine. Il a dû se passer quelque chose au moment de la paie qui a fait qu'elle a été postposée. Les pièces ont été enterrées et puis oubliées...''
Christine Bolinne
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