Urbain IV a institué la fête du Corpus Domini par la bulle "Transiturus de hoc mundo" et confié alors à St Thomas d'Aquin la rédaction de textes liturgiques pour cette solennité qu'il fixait au jeudi après l'octave de la Pentecôte. La fête a ensuite été confirmée par le pape Clément V en 1314. Mais en amont, le pape Urbain IV avait été, en Belgique, le confesseur de sainte Julienne de Mont Cornillon: c'est à elle que revient le mérite d'avoir demandé, au pape, l'institution de cette fête. Orpheline, elle avait été recueillie à l’âge de 5 ans, avec sa sœur Agnès, d’un an son aînée, par les Augustines du Mont-Cornillon, près de Liège. Comme les religieuses soignaient les lépreux, elles ont vécu d’abord en retrait, à la ferme. A 14 ans, Julienne était admise parmi les sœurs. Deux ans plus tard, à plusieurs reprises, elle a des visions mystiques. Elles sont ciblées sur la sainte eucharistie. Ces visions sont pour elles la preuve qu'il manque, dans le calendrier, une fête du saint Sacrement. A partir de ce moment, elle a tout fait pour instituer la Fête Dieu.

Fausse visionnaire
Devenue prieure, Julienne se heurte à bien des incompréhensions: on la traite même de fausse visionnaire! Ses visions et son interprétation rigoureuse de la règle augustinienne font qu'à deux reprises elle est chassée du monastère... La première fois, l’évêque la rappelle. La seconde, en 1248, elle se réfugie dans le Namurois, dans un monastère cistercien, avant de devenir ermite recluse, à Fosses. L’abbaye cistercienne de Villers-la-Ville, lui offre une sépulture, aussi l’iconographie la représente-t-elle parfois revêtue de l’habit des Cisterciennes. Dans son "combat" pour la mise en place de cette fête, elle est aidée par la Bienheureuse Ève de Liège, recluse.
Relayés par la bienheureuse Eve de Liège (+ v. 1266), ses efforts ne sont pas vains, car la fête du Saint-Sacrement est introduite dans son diocèse. Et elle allait s'étendre à toute l’Eglise grâce à Urbain IV, six ans après sa mort. C’est lui qui a célébré la première fête solennelle à Orvieto, avec une grande solennité.
La solennité du "Corpus Domini" remonte à 1264, en réaction aux doctrines hérétiques quant à la présence du Christ sous les espèces consacrées.
C’est aussi à cette époque que remonte le "miracle de Bolsena", au nord de Rome. Un prêtre de Bohème, Pierre de Prague, doute de la présence réelle du Christ dans l’Eucharistie. Alors qu’il célébrait la messe, il voit des gouttes de sang couler de l’hostie, tachant le linge d’autel, et la pierre. Informé du fait, le pape demande les linges sacrés et il fait lui-même le déplacement pour les recevoir.
Les événements sont relatés par les fresques de la cathédrale d'Orvieto. Une grande partie des reliques y sont conservées: l'hostie, le corporal et les purificatoires de lin. À Bolsena, on peut encore voir l'autel du miracle dans la basilique Sainte-Christine, ainsi que quatre pierres tachées de sang.
À Rome, c’est à la fin du XVe siècle, sous Nicolas V, que l’on commence à célébrer la fête par une procession de Saint-Jean à Sainte-Marie. La tradition s’est ensuite maintenue pendant trois siècles. Mais en 1870, année de la prise de Rome, l’usage est tombé dans l’oubli jusqu’à ce qu’elle soit reprise par Jean-Paul II en 1979.

Dimanche, à Namur
Dans le Diocèse de Namur, la procession de la Fête Dieu est célébrée avec une grande solennité à la Cathédrale Saint-Aubain depuis 1996. Cette année-là, on célébrait les 750 ans de son institution et l’année 2000, celle du Grand Jubilé de la Rédemption. L’année 2005, proclamée "Année de l’Eucharistie" par le Pape Jean-Paul II, va marquer un nouvel élan et c’est ainsi que depuis cette année-là, tous les ans il y a la procession avec le Saint-Sacrement qui parcourt les rues de la ville de Namur. Une dévotion ancestrale qui attire la protection et les grâces de Dieu sur la ville et ses habitants,
Chaque année un thème lié à l’Eucharistie permet de réfléchir sur la profondeur et la richesse du mystère eucharistique. Le thème de cette année: "Ceci est mon Corps, donné pour vous; faites cela en mémoire de moi." (Lc 22, 19). Cette célébration comportera 4 temps forts:
- 10h: Eucharistie présidée par le Chanoine Jean-Marie Huet dans la cathédrale St-Aubain;
- 11h30: Adoration du Saint-Sacrement jusqu’à 16h dans la cathédrale St-Aubain;
- 16h: Procession du Saint-Sacrement dans les rues de Namur avec trois arrêts, trois reposoirs. Ils se feront dans la cour de l’Evêché, à la Chapelle Notre-Dame du Rempart et devant la Maison des Médias (Place du Palais de Justice). A quelques jours de la clôture de l'année sacerdotale, nous allons nous mettre à l’école du Christ-Prêtre, qui conduira notre réflexion à chaque halte et nous plongera dans la contemplation du mystère eucharistique. Voici les thèmes de méditation: "Il est grand le Mystère de la foi", "Nous proclamons ta mort, Seigneur Jésus", "Nous célébrons ta résurrection" et "Nous attendons ta venue dans la gloire."
- 17h40: Vêpres solennelles dans la Cathédrale St-Aubain.
Lors d'une procession, des pétales de fleurs sont lancés par les enfants. Si, dans votre jardin vous avez des fleurs, sachez qu'elles seront les bienvenues. Les fleurs peuvent être déposées samedi après-midi, à la cathédrale Saint-Aubain. Les enfants qui souhaitent précéder la procession en lançant, sur le passage, des pétales de fleurs, sont invités à être à la cathédrale, le dimanche 6 juin, dès 15h45.
A noter encore que dimanche, les participants recevront la brochure éditée, dans le cadre du 450eme anniversaire du diocèse, sur une des figures de sainteté. Il s'agit cette fois du Père Lejeune, un prêtre missionnaire.
Photo: archives André Dubuisson

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