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6/2/2010
L'extraordinaire humilité des saints et des saintes
Il y a quelques jours, Monseigneur Léonard était présent à Malonne où il célébrait un office spécialement dédié au Frère Mutien-Marie. Une messe célébrée le jour anniversaire de sa mort, c'était un 30 janvier 1917. L'occasion pour Mgr Léonard dont c'était la première sortie en tant qu'archevêque de Malines Bruxelles de consacrer son homélie aux saints. Des hommes et des femmes très différents dans leur vie, dans leur tempérament. Difficile en effet de comparer saint Thomas d'Aquin à saint François d'Assise ou encore le curé d'Ars à sainte Thérèse de Lisieux.
Voici des extraits de cette homélie:
"Ils sont très différents, les saints et les saintes, heureusement: chacun peut s’y retrouver, mais ils ont en commun une extraordinaire humilité. Ils renvoient à Quelqu’un d’autre, ils ne sont pas là pour vendre leur image, mais ils sont là pour indiquer, pour renvoyer, pour conduire à Celui qui est l’image de Dieu en ce monde: le Christ.
Les saints et les saintes quels qu’ils soient ont vécu des missions impossibles, mais ils les ont remplies parce qu’ils avaient mis leur confiance en Celui qui dit à son prophète: 'Ne crains pas, je suis avec toi pour te délivrer!' Ne dis pas: 'Je ne suis qu'un enfant! Tu iras vers tous ceux à qui je t'enverrai, tu diras tout ce que je t'ordonnerai.' Malgré ses capacités réduites en la matière, le frère Mutien s’est acquitté de sa mission y compris d’enseignant comme un bon frère des Écoles Chrétiennes et il a touché tant de jeunes de l’époque par sa piété, par sa récitation du chapelet (le frère qui prie toujours), par son amour de l’Eucharistie..."

Les saints, signature de vérité et de foi
"... Dans les moments de tentation du doute, la compagnie des saints et des saintes et notamment celui que nous fêtons aujourd’hui est une raison pour continuer: ils sont la signature vivante de la vérité de la foi.
Beaucoup de gens – et vous en êtes peut-être et moi aussi – se sont demandés en voyant ces images terrifiantes à Haïti, de ces gens déjà si pauvres, si malheureux encore que très joyeux, mais éprouvés par la vie et maintenant encore par-dessus le marché éprouvés par ce terrible tremblement de terre survivant dans des conditions atroces à côté de dizaines de milliers de morts, de cadavres. On est quand même tenté de se demander est-ce que c’est vrai que ce monde a été créé par un Dieu personnel, bon et tout-puissant? Dans ces moments-là, on ne peut trouver de lumière que d’abord dans la personne de Jésus: un Dieu crucifié, ça fait réfléchir. On se dit: 'Dieu est peut-être présent justement là dans cette horreur comme Il a été présent personnellement dans l’horreur de la Croix'. Peut-être va-t-on à l’occasion de telles catastrophes reprendre un peu au sérieux la doctrine de saint Paul disant que la création dans son état présent n’est pas comme Dieu l’a voulu, ce n’est pas ce monde-ci que Dieu veut. Peut-être va-t-on retrouver le sens authentique de ce qu’on appelle le péché originel, à savoir que le monde dans lequel nous sommes est un monde détraqué, abîmé dès l’origine, dont saint Paul dit qu’il est livré à la vanité et asservi à une loi de corruption, mais dans l’espérance d’en être délivré. Peut-être allons-nous retrouver aussi une foi plus vive, plus réelle en la résurrection de Jésus, dans laquelle un monde nouveau a été inauguré où il n’y a plus ces malheurs, ces catastrophes, ces souffrances qui s’abattent sur l’humanité.
Mais si nous sommes malgré tout dans la perplexité, le témoignage des saints et des saintes est irréfutable. Ces hommes et ces femmes ne se sont pas trompés, leur vie n’est pas une illusion, elle est une vérité qui, même dans la tentation, même dans l’obscurité, même dans la perplexité le Dieu nous assure: le Dieu vivant est là. Et jamais, nous ne sommes abandonnés, même au cœur de l’abandon le plus profond. Ce n’est pas pour rien que Jésus est mort en poussant le cri que tant de gens - à Haïti et ailleurs, à Liège et dans tant de lieux de la planète - le cri que tant de gens poussent: 'Où es-tu mon Dieu?' 'Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné?'

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