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3/7/2018
Sept tableaux sortis des combles de l'église Saint-Symphorien à Jambes
Les tableaux se trouvaient dans les combles de l' église Saint-Symphorien de Jambes depuis de très, très, très nombreuses années. Ils étaient couverts d'une épaisse couche de poussière et, pour certains, d'une couche encore plus épaisse de fientes de pigeons! Parmi ces toiles, un saint Stanislas qui pourrait être attribué à Jacques Nicolaï, un artiste peintre jésuite du 17e siècle. Les autres peintres n'ont pas - encore - été identifiés. Inge Noppe, l'une des conservatrices-restauratrices est convaincue que ces tableaux de qualité peuvent être sauvés. D'où l'actuelle phase de sécurisation qui passe notamment par un dépoussiérage avant d'envisager cette éventuelle restauration.
Les greniers sont souvent encombrés. C'est vrai dans nos habitations mais aussi dans les combles de nos églises! A Jambes, on savait que l'église Saint-Symphorien y abritait des tableaux. Ils avaient été stockés, dans la partie ancienne de l'église qui date elle de 1745 donc bien avant la construction de l'édifice actuel en 1930.
En 2009, Pierre-Yves Kairis de l'IRPA (Institut Royal du Patrimoine Artistique) vient en mission à Jambes, il est chargé de photographier les tableaux. Pierre-Yves Kairis, aujourd'hui directeur de l'IRPA est un fin connaisseur du peintre Jacques Nicolaï. Il a tôt fait de repérer parmi les tableaux stockés, un ''Saint Stanislas Kostka'', un saint jésuite. Sur des bases stylistiques, il identifie, pour reprendre ses termes ''sans aucune hésitation'', le tableau.
Tableau mentionné dans les archives, dans les inventaires de la Compagnie de Jésus. Lorsque l'empereur Joseph II expulse les Jésuites de Namur, le patrimoine artistique est dispersé. Des tableaux restent à l'église Saint-Loup. D'autres sont achetés par la cathédrale Saint-Aubain qui vient être construite et doit être aménagée. Et puis il y a le Saint Stanislas dont on a perdu la trace. Il faudra donc attendre 2009 pour rassurer les experts sur sa destinée.
Neuf autres années auront été nécessaires pour que les toiles quittent les combles et qu'un travail non pas de restauration mais bien de conservation débute. L'église Saint-Symphorien sera prochainement désaffectée, le culte ne sera plus célébré dans cet édifice des bords de Meuse. Réalisée en béton, la structure présente de graves défaillances. Les paroissiens se retrouveront, d'ici quelques semaines, dans l'ancienne chapelle des oblats qui est mise à disposition de la communauté jamboise. L'évêché de Namur a donc demandé la réalisation d'un inventaire du patrimoine dont ces tableaux font partie.

Magnifiques
Depuis quelques jours, l'église Saint-Symphorien est en partie transformée en atelier. Le tableau de Nicolaï mais aussi une toile représentant Elisabeth, la Vierge et l'Enfant; une Présentation au temple; une Pieta; une Sainte- Cécile; une Sainte-Famille et une Trinité sont entre les mains de spécialistes. Inge Noppe, Lisa Leslie et Linda Smismans, les trois conservatrices-restauratrices ont déjà fait preuve, jusqu'à présent, de beaucoup d'imagination. De véritables Mac Gyver pour concevoir un système fait de tubes, de sangles et ainsi permettre aux toiles très fragiles de descendre dans les meilleures conditions par un escalier en colimaçon! Elles devaient avoir été hissées dans les combles par une trappe devenue inutilisable.
Inge Noppe est enthousiaste. ''Les toiles sont magnifiques et elles sont restaurables.'' La conservatrice-restauratrice reconnaît que les fientes de pigeons sont légions sur les tableaux. Elle a d'ailleurs rebaptisé, non sans humour, un de ces tableaux ''Composition moderne de fientes''! Les combles étaient relativement protégés de l'humidité, les dégâts ne sont donc pas irrécupérables.
Depuis cette descente un rien périlleuse, les toiles sont bichonnées. Il ne s'agit de restauration mais bien d'un dépoussiérage, de soigner les chancis, les traces de moisissures provoquées par l'humidité, les champignons. Un nettoyage qui laisse apparaître des visages d'une grande beauté, d'une extraordinaire finesse avant la pose, à l'aide de colle de poisson, de papier japonais.
Ces toiles ont déjà ''parlé''. Il apparaît que les tableaux ont été tous ''réencadrés'' à la même dimension, cela se voit notamment avec les ajouts de toile. Plusieurs questions se posent: pourquoi cette uniformisation? Où étaient-ils accrochés; dans une église, dans un couvent?... Hormis le tableau de Jacques Nicolaï très inspiré par le travail de Rubens qui sont les auteurs des autres toiles? Le nettoyage n'a pas fait apparaître le nom d'autres peintres. Mais il est fréquent que des représentations religieuses ne soient pas signées. Elles étaient souvent confiées à des élèves qui se formaient, se faisaient la main. Cela ne signifie bien sûr pas qu'elles ne soient pas de qualité.

Cédés à la Ville
L'enquête devra donc se poursuivre avec, si la conservation est décidée, la participation d'historiens, d'historiens de l'art. Des scientifiques pourraient aider à en apprendre plus sur non seulement sur la matière mais aussi l'origine de la toile utilisée comme support. Un véritable travail multidisciplinaire. Cela ne fait pas partie de la mission actuelle de ces ''sauveteurs artistiques''. Les sept tableaux appartenaient à la fabrique d'église de Jambes qui les a cédés à la Ville de Namur. La Ville s'engageant, pour sa part, à financer le coût des actuelles opérations de sauvetage. Un travail qui va durer encore quelques jours avant que les toiles ne soient stockées dans des conditions optimales et bien évidemment dans un lieu sécurisé.
Dans leur minutieux travail, les conservatrices-restauratrices doivent également tenir compte d'un travail futur mené sur les toiles. Leur mission de préservation ne doit en rien compliquer, empêcher une restauration de ces œuvres.
Christine Bolinne

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