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29/8/2016
SPIRITUALITÉ
Temps de la rentrée, temps de renouveau
En tant qu’enseignante le temps de la rentrée scolaire est toujours un moment ou une occasion de renouvellement. On se lance des nouveaux défis pédagogiques avec bien-sûr toujours le même objectif final d’intéresser les élèves aux sujets divers abordés dans les différentes disciplines. Je donne notamment le cours de français, de religion et de sciences humaines dans une école secondaire.
Je m’arrête souvent pour réfléchir plus particulièrement sur la spécificité du cours de religion catholique que je donne. Ce cours qui, pourtant a toutes ses raisons d’être dans des écoles traditionnellement fondées par des ordres catholiques, est souvent remis en question sur le sens qu’il peut encore apporter dans une société plus laïcisée.

Le cours de religion catholique aujourd’hui n’est pas un catéchisme
En donnant mon cours de religion, je ne considère pas alors d’emblée que tous mes étudiants sont ouverts aux valeurs chrétiennes parce qu’ils sont dans une école catholique. Ou dans les écoles du réseau officiel, qu’ils sont plus intéressés parce qu’ils ont choisi ce cours. Actuellement, il y a une telle relativité au niveau des différentes croyances qu’un des premiers objectifs de ce cours serait d’abord juste de resituer les particularités de la croyance de l’Eglise catholique.
En même temps, ce n’est pas un catéchisme. Tout en étant conscient de la diversité des horizons philosophiques des élèves, le cours de religion doit pouvoir avoir cet atout de poser des questions de sens que peut rencontrer tout humain dans sa vie (pourquoi la souffrance? Quel regard sur les relations hommes/femmes? Comment accueillir l’autre différent? etc.)
A partir de ces questions très concrètes, on peut échanger avec les élèves sur leurs perceptions de départ et réaliser ainsi tout un parcours où on apporte en complément l’éclairage que veut apporter la religion catholique sur ces questions. Je me souviens, l’année passée, d’un parcours qu’on a construit avec les élèves sur les migrants. Partant de certains de leurs a priori, questionnements et peurs de départ, on a pu, avec l’équipe de professeurs de religion, apporter la dimension chrétienne de la valeur de l’accueil de l’autre dans toute sa dignité humaine. Et ce parcours a abouti sur la réalisation concrète d’une émission radio sur ce thème où les élèves avaient pour la plupart des réflexions plus ouvertes qu’avant de démarrer ce parcours. C’est à ça aussi que sert le cours de religion aujourd’hui ouvrir l’esprit avec des exemples de comportements chrétiens.

Ouvrir l’esprit et oser aborder l’amour de Dieu
Mais je terminerai par dire que l’agir chrétien n’est pas uniquement que dans les œuvres caritatives; des initiatives, des oeuvres laïques peuvent rencontrer les mêmes objectifs de partage. Cependant, ce qui est propre à la religion, ce sont aussi toutes les valeurs de dépassement intérieur de soi comme le pardon, ne pas entrer dans une logique du talion, un cercle de violence. Je me souviens aussi d’un autre parcours qu’on a vu avec les élèves sur le pardon. Et les étudiants étaient étonnés que Tim Guénard qui était un des témoins chrétiens pris en exemple, avait réussi à pardonner, grâce à l’amour de Dieu, à son père qui l’avait maltraité durant son enfance. Et que ce pardon l’avait libéré plutôt que le maintenir dans la haine. Toutefois, dans ces exemples pris dans ce cours, il n’y a pas d’injonction à des bonnes pratiques ou à une manière de faire unique, ça ne se veut jamais moralisant. C’est plutôt présenter au jeune: ''tiens, il y a cette autre manière de faire et toi où est ce que tu en es par rapport à cette question?''. C’est toujours un processus de cheminement. Et après, il ne nous appartient pas toujours de savoir ce que devient ce qui est semé.

Une soif d’idéal dans le cœur de chaque être humain
Enfin, dans la réflexion actuelle sur les différents cours philosophiques, on sent ce souhait de ''remplacer'' ces cours de religion par des cours jugés plus prioritaires pour répondre aux problématiques contemporaines, comme les cours de citoyenneté. Pourtant, l’être humain a besoin de ses différentes composantes. Il me semble que ces différentes disciplines ne sont alors pas à mettre en concurrence, elles sont complémentaires. Dans cette société en perte de repères, les jeunes, l’homme de manière plus générale a toujours soif d’idéal comme dirait Alain Souchon. Alors réduire les cours philosophiques prodigués par l’enseignement obligatoire n’est pas une réponse complète selon moi. Ou sinon, ces jeunes iront rechercher ailleurs à être abreuvés de cette soif, dans divers sectes et où des lieux d’enrôlement où les enseignements y sont moins cadrés.
Le cours de religion ne peut pas remplir tous les défis de l’éducation mais il peut, quand il est bien pensé, apporter une ouverture de conscience.
Alindawa Mandiki
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