Emmanuel Picardi a beau s’y préparer, il sait qu’il va vivre le baptême, son baptême, dans l’émotion. Ses proches seront présents mais aussi la communauté paroissiale de Saint-Servais (Sacré Cœur). Communauté qu’il a découverte, tout comme son curé, au fur et à mesure des célébrations et pour qui - et avec qui - il a envie de s’investir. Le baptême pour le catéchumène ne sera pas une fin en soi. “Le baptême ne prendra pleinement son sens que par le travail quotidien dans l’investissement qui sera le mien.” Enthousiasmé par le pape François, il va continuer à approfondir les écritures. Et il avoue un coup de cœur particulier pour les psaumes. Il les connaît quasi sur le bout des doigts. “Ils nous plongent dans les racines de l’humanité, dans la sagesse humaine profonde.”

Milieu de non croyants
Emmanuel Picardi est né, a grandi et a évolué dans un milieu de non croyants. Milieu où il est de bon ton non seulement de ne pas croire en Dieu mais aussi de critiquer. “Il y a une certaine fierté à dire que ceux qui croient sont des naïfs.” Emmanuel Picardi en regardant un film consacré au Christ est ému sans trop comprendre pourquoi… Petit à petit va naître en lui la volonté de démonter l’idée de la domination, d’un Jésus qui domine tous les autres.
Ses études vont lui en donner l’occasion. A 35 ans, il reprend des études universitaires. Il s’inscrit en philologie, en romane. Le professeur chargé du cours de religion - pas le plus important dans le cursus - propose de décortiquer un extrait de la Bible. Contrairement à beaucoup, Emmanuel prend cela très au sérieux, achète une Bible et s’y plonge. C’est un extrait de l’évangile de Marc qu’il faut analyser, celui où Jésus va guérir un paralytique entré dans la maison où il se tient. “Il y a beaucoup de place pour les interprétations. Est-il plus facile pour Jésus de dire: tes péchés sont pardonnés ou encore lève-toi et marche. Pour moi qui ne venait de nulle part, l’analyse était compliquée.”
Ce Jésus interpelle Emmanuel. Il lui donne envie d’en savoir plus. Il lit et lit encore. Une véritable boulimie. Il décortique la Bible, les écrits des Pères de l’Eglise et avoue un petit faible pour saint Augustin, les philosophes... Le discours chrétien se laisse découvrir. “Et franchement, je ne suis pas déçu.”
Le revirement d’Emmanuel pose question à sa famille, à ses proches. Lui se contente de répondre: “Ce que propose le Christ est la réponse à ce que nous traversons tant individuellement que collectivement.”
C.B.