Jeunes Vie du Diocèse Formations Agenda

 Retour à la liste
22/3/2016
L'abbé Patrick Denis, prêtre fidei donum, en France, à St Mihiel
Il y a 18 mois, l'abbé Patrick Denis faisait ses bagages et s'installait de l'autre côté de la frontière, en France, à Saint-Mihiel, dans le département de la Meuse. Il répondait ainsi à une demande pressante de l'évêque de Verdun adressée à Mgr Vancottem: il avait un besoin urgent de prêtres. ''A 54 ans, j'ai considéré que c'était un âge pour démarrer un nouveau projet.'' Aujourd'hui, l'abbé Denis s'occupe de 26 clochers. ''Grâce à l'aide de laïcs, je me sens à ma place et je peux dire que je me sens très, très bien à Saint-Mihiel.''
''Allô, le Père Patrick Denis''.... lance l'intéressé en décrochant le téléphone. Le petit instant de surprise passé comment ne pas faire remarquer à l'abbé Denis - comme on dit chez nous- qu'il a pris les habitudes françaises. Il s'en excuserait presque: ''Ici, en France on a plus l'habitude de dire ''Père'' que ''Monsieur l'abbé'' ou ''Monsieur le curé.''''
C'est à sa demande que l'abbé Denis a quitté la Belgique pour la France et le diocèse de Namur pour celui de Verdun. Si, en Belgique, le manque de prêtres se fait cruellement ressentir dans certains diocèses, la situation est encore bien pire en France. Pas partout mais dans le diocèse de Verdun un renfort était plus qu'indispensable. Mgr Maupu, l'évêque de Verdun et Mgr Vancottem ont longuement discuté d'un renfort possible venu du diocèse de Namur. Ils sont arrivés à un accord et l'abbé Denis est parti comme prêtre fidei donum. En évoquant le prêtre fidei donum on pense à des ministères exercés au Brésil, au Guatemala, au Mexique... Ici, l'abbé Denis est à 227 km de son diocèse d'incardination!
''Je suis curé pour 26 clochers''. De quoi donner le vertige! L'abbé Denis tempère immédiatement: ''Je peux compter sur des laïcs qui se prennent très bien en charge. Il y a des équipes pour préparer les jeunes couples au mariage, pour préparer les baptêmes. Des laïcs s'occupent aussi des funérailles et pas que de leur préparation quand je ne peux être présent. Je continue à rencontrer les futurs couples trois fois avant le mariage comme les familles endeuillées. J'ai mon rôle à tenir mais ce sont des laïcs qui veillent sur l'accueil.'' Le Père Patrick Denis est intarissable... ''J'ai tout de suite été séduit par le projet d'Eglise du diocèse de Verdun. Un synode y a eu lieu dernièrement. C'est le signe d'une Eglise en marche, engagée dans un projet. Ici, par exemple, trois femmes dont une religieuse siègent dans le conseil épiscopal.''

''Ma vie est ici''
L'abbé Patrick Denis a quitté Bouge où il s'occupait de deux paroisses de Bouge Moulin à Vent et Bouge Saint-Marguerite mais aussi de Wartet, de Marche-les-Dames et de Beez avec le coeur gros. ''J'ai passé de très belles années à Bouge alors partir, c'est très dur mais cela fait partie du métier.'' Cela fait maintenant 18 mois que l'abbé Denis est arrivé à Saint-Mihiel, dans la Meuse. ''Ma vie est ici'' dit-il simplement. Une région de France qu'il ne connaissait pas du tout. Et aujourd'hui, c'est le coup de foudre. ''J'aime découvrir cette région qui reste très marquée par la guerre 1914-1916. Les stigmates de la guerre sont partout. Mais la Meuse est très belle. Ainsi, Saint-Mihiel où je vis peut paraître délabrée mais l'architecture y est de toute beauté comme celle de l'ancienne abbatiale. Cette région gagne à être connue et tous ceux qui sont venus me rendre visite ont été soufflés par ce qu'ils ont vu: 14-18 a caché le reste.''

Un désert économique
Si l'abbé Denis est conquis par les paysages de ce département si proche de chez nous, il est aussi parfaitement conscient des difficultés économiques de la région. ''A Saint-Mihiel, il y avait quelques industries et elles ont toutes fermé leurs portes. La vie y est dure: j'ai terminé l'année 2015 en célébrant les funérailles d'une jeune maman qui s'est suicidée. J'ai commencé 2016 avec les funérailles d'un jeune qui lui aussi avait mis fin à ses jours.'' L'abbé Denis est ainsi bien conscient du rôle de l'Eglise dans la vie de nombreuses familles françaises. ''Beaucoup de chrétiens sont investis dans les Restos du coeur, dans la Saint-Vincent de Paul, dans le Secours catholique.''
Un coin de France où la pratique religieuse est, comme chez nous, en baisse. ''L'ambiance est différente. Les gens sont sereins et il y a, entre eux, une grande fraternité.'' Un esprit de fraternité que l'abbé Denis a très vite ressenti avec ses confrères prêtres. Et entre eux, le courant est immédiatement passé puisqu'ils viennent de l'élire doyen. En France, un doyen est élu par ses pairs et pas désigné par l'évêque. ''Et même si nous ne partageons pas les mêmes avis, Nous sommes tous sur le même bateau.''

La bonne image de l'Eglise
Une Eglise qui, dans le public, a une bonne image. ''L'Eglise ne demande rien à personne et les gens voient les nombreux et beaux services qu'elle peut rendre. Pour fonctionner, on doit tout trouver par nos propres moyens. Le prêtre comme ses confrères bénéficie des deniers du culte. Le Père Patrick Denis touche ainsi, chaque mois, 760 euros. ''Je ne vais pas me plaindre, je n'ai pas de problèmes pour vivre: les messes que nous célébrons sont payées non pas 7 euros comme en Belgique mais 17 euros. Les gens sont aussi très généreux avec moi: je suis invité dans les familles. Il m'arrive encore de trouver un repas, tout prêt, sur le pas de ma porte.''
Dans son nouveau ministère, l'abbé Patrick Denis a aussi eu l'occasion de découvrir la prison de sa localité. Le prêtre de Saint-Mihel y est automatiquement aumônier comme il est aussi aumônier à l'hôpital. ''Je ne connaissais pas du tout le monde de la prison. La prison compte 380 détenus et l'aumônière titulaire est une religieuse. Le travail qui est réalisé par toute une équipe de laïcs qui se forment pour cela est extraordinaire. En prison, nous sommes vraiment au coeur de l'évangile. Chaque vendredi, je vais visiter les détenus dans les cellules. Je ne me considère pas comme le Sauveur. Je ne suis pas là pour faire du prosélytisme, nous ne pouvons rencontrer que les détenus qui en font la demande. Il faut être là.''
Un prêtre parfaitement bien intégré mais qui ne peut masquer très longtemps ses origines... ''On sait que je suis Belge à la manière dont je roule les ''r''. Et puis, je pédale toujours autant avec le 60-10 plutôt que le 70 ou encore avec le 80-10 et le 90!''
Christine Bolinne
Translate in English - Nederlands - Deutsch


 Les évêques
 Les prêtres
 Les diacres
 Les laïcs
 La vie consacrée
 Communautés nouvelles et mouvements nouveaux
 L’administration diocésaine
 La Justice ecclésiastique
 Carte du diocèse