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6/9/2012
Le Père Michel Hermans succède, à Namur, à l'abbé Paul Malherbe
Le Père Michel Hermans avoue une légère inquiétude. Inquiétude bien normale lorsqu'il s'agit, pour un prêtre, de s'installer dans une nouvelle paroisse. Et quelles paroisses! Le Père Hermans, 50 ans, succède, à Namur, pour les paroisses Saint-Jean et Saint-Loup, à une des figures du clergé du diocèse, l'abbé Paul Malherbe. Professeur d'histoire aux Facultés de Namur, chercheur... ce Jésuite vient de passer 15 années comme vicaire dominical à Bomel. Il y a quelques jours, il découvrait l'église Saint-Jean: le coup de foudre a été immédiat. L'église est certes en mauvais état mais le Père Hermans a été séduit par ses dimensions, sa disposition invitant à la convivialité. Ce dimanche 9 septembre, lors de la messe de 11h, l'abbé Florence, vicaire épiscopal l'installera dans ses nouvelles fonctions.
''Je ne parle pas wallon'' lance d'emblée le Père Michel Hermans! Une allusion à son prédécesseur l'abbé Paul Malherbe et à la messe en wallon du lundi des fêtes de Wallonie. Une messe qui, au fil des années, est devenue une véritable institution. Le Père Hermans: ''Il ne fait pas que parler wallon. Il y a le style de Paul (Malherbe), sa connaissance de la ville, des politiques et sa manière de les interpeller. Il a réussi à installer un beau moment spirituel, très attendu et bien nécessaire, au coeur des fêtes de Wallonie.''
Le 17 septembre prochain, il sera, dans son église, un ''spectateur'' privilégié de cette messe. Une célébration qui sera teintée de beaucoup d'émotion. L'abbé Malherbe a décidé de prendre sa retraite suite à des problèmes de santé: il doit se ménager. Le Père Hermans lui a déjà proposé de revenir célébrer dans cette église Saint-Jean qu'il aime tant, ''je sais que prendre sa retraite lui coûte.''
Les deux prêtres ont, ces dernières semaines, multiplié les rencontres. L'abbé Malherbe a, comme on l'imagine, parlé de la paroisse et des paroissiens, des aides apportées aux plus nécessiteux avec toute la chaleur qu'on lui connaît: ''il est véritablement la mémoire du quartier.''

Question d'équilibre
Pas de doute la tâche sera importante pour le successeur de l'abbé Malherbe. Le Père Hermans en est bien conscient et il se prépare plus que jamais à jongler avec son agenda. Il n'en perd pas pour autant ni le sourire ni son calme. ''Souvent je me demande si je vais arriver à tout faire. Je me dis qu'il risque bien d'y avoir des tensions avec le calendrier. Je sais aussi que pour trouver mon équilibre je ne peux me consacrer à 100% à mon métier d'enseignant ou à 100% à la pastorale.''
Les étudiants des Facultés de Namur l'ont connu comme aumônier du Centre Religieux Universitaire. Aujourd'hui, il est maître de conférence aux FUNDP, professeur invité aux Facultés jésuites de Paris, professeur à l'institut Lumen Vitae. Aux Editions Lessius, il est co-directeur de la collection ''Au singulier''. Cette collection publie des livres sur des hommes, des femmes (Ignace de Loyola, Edith Stein...) qui sont tous des passionnés de Dieu.
Originaire de la région de Tirlemont, il a séjourné avec sa famille à la frontière linguistique, dans le Hainaut, à Paris... Depuis 1997, il vit à Namur. Intéressé par la recherche, Michel Hermans aurait très bien pu étudier les mathématiques finalement son choix se portera sur l'histoire. Au plus profond de lui, il ressentait aussi le désir de s'installer dans la vie religieuse. ''A ce moment-là, en voyant la vie du prêtre de ma paroisse, je dois bien reconnaître que je n'étais pas trop tenté... Par contre, j'ai toujours été attiré par la spiritualité de la Compagnie de Jésus. Je suis à l'aise avec cette spiritualité, avec les exercices spirituels. J'aime également la vie de communauté même si ce n'est pas facile tous les jours.'' Jésuite féru d'histoire, il est amené à s'intéresser de très près à l'histoire de la Compagnie de Jésus et est ainsi devenu un des spécialistes en la matière. Il est par ailleurs conservateur des archives des Jésuites de la province belge méridionale.

Incognito
Durant les quinze années passées à Bomel en tant que vicaire dominical, le Jésuite a découvert toute la richesse d'une vie de paroisse. Il hérite, aujourd'hui, des paroisses Saint-Loup et Saint-Jean. L'église Saint-Loup dont les travaux de rénovation se terminent - enfin - il la connaît bien y ayant déjà célébré des messes de rentrée pour les facultés. L'église Saint-Jean, c'est une découverte. Mais le coup de foudre a été immédiat. Et même si l'église doit être confiée aux mains de spécialistes de la restauration, le prêtre a été séduit par son côté chaleureux. Séduit aussi par ses dimensions qui conviennent parfaitement à la taille des assemblées. ''La pastorale d'une grande ville est pour moi un nouveau défi. Il faut tenir compte des habitants du lieu mais aussi des gens de passage. Pour moi, une église doit aussi être un lieu ouvert pour les chrétiens comme pour les autres où l'on s'arrête, où l'on se pose. C'est indispensable dans un monde où l'on court tout le temps.''
Un prêtre qui compte aussi sur les laïcs pour l'épauler. ''Il y a quelques semaines, je suis allé, incognito, assister à une célébration gérée par les laïcs, il n'y avait pas de prêtre. Au moment des intentions, j'ai été ému. Une des intentions était une invitation à prier pour que la communauté puisse accueillir un nouveau prêtre. C'était beau, il sont prêts à recevoir quelqu'un.''

L'espérance
Le Père Hermans est néanmoins inquiet: ''Je n'ai pas le charisme de Paul Malherbe.''Ce quinquagénaire reconnaît comme son célèbre prédécesseur être un bon vivant: ''Je ne suis pas un ascète. Je ne suis pas porté sur les discours apocalyptiques, je suis soucieux d'espérance. J'aime les textes d'Isaïe, Ezéchiel... c'est un regard d'espérance qui est porté sur les personnes.'' C'est un texte d'Isaïe qui est justement en première lecture de ce dimanche. Il lève un coin du voile non pas sur son homélie mais sur sa manière de la préparer: ''Je n'improvise jamais. Mon homélie est toujours construite à partir des textes bibliques. Elle n'est jamais écrite cela m'aide à être naturel, à ne pas utiliser des mots ou des phrases trop compliqués. Si je compte faire une citation alors là je vais l'écrire par crainte du trou de mémoire. Ce sont les risques du direct...''
Une homélie qu'il prépare en musique, une passion. Parmi ses autres passions: la campagne pour se reposer ou encore une escapade de quelques heures ou de quelques jours dans une ville pour le plaisir de la découverte.
Christine Bolinne
L'installation aura lieu ce dimanche 9 septembre, à 11h, à l'église Saint-Jean, à Namur.
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