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17/3/2015
Une semaine au ''Sunflowers'' avec les orphelins du Père Ruquoy
Nous avons déjà eu l'occasion de vous présenter Léon Tillieux. A vélo, il réalise la Transafrica 2015: 3000 km entre Kigali et Harare au Zimbabwe. Ce passionné d'aventure est aussi un homme au grand coeur. ''On the road again'', c'est le nom donné à son périple et pour lequel, il s'est fait parrainer. Léon Tillieux, l'homme de Gesves vient de passer une semaine, en Zambie, aux Sunflowers, un orphelinat fondé par Pierre Ruquoy, un scheutiste originaire de Ligny. Et quand deux Belges se retrouvent c'est aussi pour déguster du boudin, de la compote et des frites, bien sûr!
Les habitués de ce site ont fait connaissance avec Léon Tillieux alors qu'il était au tout début de son périple. Il avait alors voulu s'incliner devant la tombe de l'abbé Michel Gigi. L'abbé Gigi avait été l'éducateur de Léon Tillieux alors que celui-ci était élève au collège Notre-Dame de Bellevue à Dinant. L'abbé Gigi, originaire d'Aubange, était depuis de nombreuses années en Afrique. Il est mort, au Rwanda, lors du terrible génocide.
Aujourd'hui, on retrouve Léon Tillieux en Zambie où il a décidé de prendre du repos. Il a passé une semaine au Sunflowers. Un orphelinat créé par le père Pierre Ruquoy.
Léon Tillieux a non seulement envoyé son carnet de route mais aussi des photos des ''protégés'' du père Ruquoy.

Carnet de route en Zambie
En Zambie, les enfants devenus orphelins suite à la mort des parents provoquée par ce fléau qu'est le sida, sont légion. Selon l'UNICEF, en Zambie, un enfant sur quatre a perdu ses parents. En 2007, Pierre accueille chez lui Kasonde, un des premiers jeunes (17 ans) à frapper à sa porte. C'est le début d'une longue histoire ... à ce jour, ils sont plus d'une centaine trouvant ici un lieu d'accueil, une table, la possibilité d'aller à l'école .. et de nouvelles raisons de vivre. The ''Sunflowers'' tel est le nom choisi pour ce lieu ... symbole d'espoir pour ceux et celles qui y vivent. Parmi les plus grands, l'un ou l'autre suivent une formation d'infirmier ou d'enseignant. Un jour, certains parviendront vraisemblablement à l'université et prendront leurs responsabilités au service de leur peuple et du développement de leur pays africain. Autre signe positif de ce lieu d'accueil, les enfants sont les seuls de la région à se rendre à l'école après avoir pris un déjeuner ... les autres arrivent à l'école le ventre creux, le seul repas quotidien ayant lieu pour ces derniers vers 14 heures avec la purée de maïs, le ''Nshima'' et très rarement un petit morceau de poulet. Au menu des enfants de Pierre: oeufs, poulet, poisson, boudin, etc. Rappelons-nous le texte du rêve célèbre de Martin Luther King ''Je rêve qu'un jour chaque enfant du monde recevra trois repas par jour ...'' Aux ''Sunflowers'', ce rêve est une réalité!
Parmi les rêves du père Ruquoy, la construction d'un hôpital où pourraient être soignés les malades du Sida, innombrables dans la région; une bibliothèque; la transformation de l'ancienne église en salle d'études; une troupe de théâtre-action comme il en avait déjà mis une sur pied en République Dominicaine ... Autant de ponts à construire pour que, en priorité, les droits des plus faibles soient respectés, au-delà des différences d'ethnies, de langues, de nationalités et dénominations religieuses.
En attendant, une somme dépassant les mille euros a été versée sur le compte des ''Sunflowers'' grâce à vos parrainages et au Groupe Tiers-Monde de Gesves. Avec cet argent, une nouvelle hutte pour 10 garçons verra le jour bientôt aux ''Sunflowers''... exactement à l'endroit où est prise la photo de groupe.

Le vélo? La vedette!
Un petit ''flash back'': arrivée aux ''Sunflowers'' le lundi 23 février 2015 à 18h. La route de Kabwe à Mulungushi est noyée sous la pluie lorsque Amos, le chauffeur m'amène aux ''Sunflowers'' avec le 4x4. Dans la case centrale, tous attendent celui qui est venu jusqu'à eux de si loin avec un vélo! Certains ne croyaient pas cela possible! Premier ''rite'' d'accueil avant un repas on ne peut plus belge prévu par Pierre (compote de pommes, boudin fabriqué à partir des cochons de la ferme ... et frites!). Ensuite soirée au cours de laquelle se mêlent chants, paroles d'accueil, partage de gâteaux et ... de nombreuses questions. Le vélo est amené en tant qu'instrument ou mieux ''acteur'' principal de ce défi. Les gars ''veulent tout savoir'' sur cet étonnant voyage: détails techniques, nourriture, problèmes rencontrés, motivations, rencontres, hébergement...
Après une longue traversée de ''désert'' avec pas grand chose à se mettre sous la dent, ce passage aux ''Sunflowers'' me permet de regagner un peu de forces (et de poids peut-être, ce qui ne fera pas de tort). Le cuisinier prépare pour le premier jour, outre un délicieux potage aux potirons du potager, un succulent gigot de ''phacochère'' ... tout en me montrant dans le congélateur un morceau d'antilope qui a courru le risque de s'échapper du parc national de Luangwa (dont le centre se trouve à plusieurs centaines de kms à l'Est d'ici mais dont la limite occidentale vient ''toucher'' le lac tout proche).

Rencontre du résident le plus âgé des ''Sunflowers''
Il s'appelle Béni, 87 ans, il vit également ici. Il est de la tribu des ''Loozi'', ce peuple de pêcheurs qui dans le système traditionnel Zambien continue à avoir son propre Roi. Lorsqu'un Loozi meurt, il est enterré dans sa pirogue. Comme ailleurs en Afrique, les personnes âgées sont très respectées. Béni qui réside dans une petite maison à la limite de l'orphelinat est présent lors de toutes les activités du centre.

Biométhanisation ... et toilettes écologiques
Il y a quelques mois, l'ingénieur-prêtre Pierre Gillet de Jambes, bien connu d'Entraide et Fraternité (et des pêcheurs du Kérala en Inde) est venu installer aux ''Sunflowers'' un système de biométhanisation. Grâce aux excréments des cochons et aux fientes des poules, l'orphelinat dispose désormais ''gratuitement'' du gaz nécessaire à sa consommation. Une alternative intelligente au charbon de bois, une des causes du déboisement du pays. Grâce au père Pierre également, l'orphelinat utilise de nouvelles toilettes écologiques.

Vente de poulets aux villageois
Ce mercredi 25 février 2015, départ en 4x4 avec Pierre au volant et 45 poulets qui seront vendus aux personnes travaillant à la centrale hydro-électrique et aux villageois. Dans un tournant, après avoir franchi la rivière chargée des eaux tumultueuses des récents orages, nous découvrons un panneau on ne peut plus insolite: ''Beware crocodiles!'' Il y a quelques années, un enfant d'une famille venue se détendre au club nautique a disparu, emporté par un de ces animaux terriblement dangereux! Nous laissons les trois amis de ''Sunflowers'' procéder à la vente des poulets, plus que mouillés par une pluie insistante.
Nous descendons par un funiculaire jusqu'à la rivière au bord de laquelle se trouve la centrale érigée par les Anglais. Quatre énormes générateurs d'électricité reçoivent l'eau qui dégringole avec force depuis le barrage supérieur via d'énormes conduites. Deux machines ont plus de 80 ans et portent la marque de fabrique britannique; quant à la dernière, les caractères chinois nous montrent que les Asiatiques sont aussi présents dans ce domaine-clef qu'est la production d'énergie électrique. Le personnel préfère le contrôle via les cadrans traditionnels plutôt qu'au moyen d'écrans d'ordinateur.

Les pêcheurs veulent voir le vélo de la Transafrica
Ce jeudi 26 au matin, Joseph de l'orphelinat m'accompagne jusqu'au lac. Nous rencontrons des pêcheurs. Joseph leur décrit la fameuse bicyclette venue de Belgique. Ils sont tellement désireux de la voir que je suis allé la chercher pour la leur montrer. D'autres pêcheurs accostent leurs pirogues; ils veulent me vendre une partie des poissons qu'ils viennent de pêcher. Je les ramène à Chanda, le cuisinier les préparera pour le repas du soir. Pierre me dit qu'il arrive qu'un pêcheur soit happé par un crocodile ... un métier à risque dans ce coin apparemment tranquille de Zambie!
Ce jeudi 26 après-midi, nous rendons visite, Pierre et moi, à un ancien mineur et à son épouse d'origine sud-africaine. Ils sont très heureux de nous accueillir dans la case cuisine à moitié branlante. Quand l'Etat zambien a privatisé les mines (argent, cuivre, etc), de nombreux mineurs licenciés, à titre d'indemnisation, ont reçu un lopin de terre dans la région. N'étant pas agriculteurs, ils sont quelque peu ''perdus'' dans ce coin, vivant dans des conditions très précaires. Dans un anglais impeccable, Muyingu nous décrit la situation du temps de la colonisation et nous parle d'une façon très précise de l'apartheid dans les deux Rhodésie.
Ayant vu plusieurs Belges se marier avec des Africaines, il nous considère plus ouverts que les Anglais qui ne frayaient pas avec les ''coloured people''. Ceci dit, la colonisation anglaise, 50 ans après, présente encore de nombreux effets positifs (état des routes, des services publics, des hôpitaux et de l'enseignement), ce qui est loin d'être le cas dans les pays africains francophones ... particulièrement au Congo!

Visite de l'école
La plupart des enfants des ''Sunflowers'' étudient dans ces écoles. Au lycée, le directeur m'accueille en disant : ''Je vous connais, je vous ai vu dimanche sur la route venant de Kapiri Mposhi!'' Evidemment avec mon harnachement et mon drapeau écarteur rouge et jaune, je ne passe pas inaperçu! Dans les classes régne une athmosphère très studieuse ... très ''british''! Les élèves portent un uniforme et une cravate.
Dimanche 1er mars 2015, après le repas (au menu du poulet maison), tous les gars de ''Sunflowers'' sont réunis autour du vélo. Ils assistent au chargement des bagages sur le support roulant du voyage afin qu'ils puissent se rendre compte ''de visu'' des conditions réelles de ce type de déplacement. C'est ensuite la photo de ''famille'' ... une belle famille avec le ''papa'' ou plutôt le ''grand-père'': Pierre et ses enfants dont le nombre dépasse maintenant la centaine depuis l'arrivée - mardi dernier - d'Alfred venant de Lusaka ... et de deux autres encore ce dimanche!
Au cours de l'homélie de la messe dominicale, Pierre a parlé d'Abraham (personnage commun au trois religions monothéistes), de Nelson Mandela (qui a jeté des ponts pour construire une nation arc-en-ciel) et de la Transafrica, qui a comme objectif de relier le Rwanda, le Burundi, la Tanzanie, la Zambie, le Zimbabwe et l'Afrique du Sud jusqu'au village de Qunu (en 2016). Le soir, après les dernières complies, ''merci'' réciproques et dernières poignées de mains.

Départ vers Lusaka
Lundi 2 mars 2015, très tôt, la camionnette de ''Sunflowers'' me ramène à Kabwe. Je pars avec en poche de nouvelles adresses de contact pour la suite du voyage vers le Sud. Au programme: visite du parc national animalier de Luangwa (voyage en bus) et visite d'une ''ferme'' de crocodiles ... de belles et étranges rencontres en perspective!
Je n'ai plus pédalé depuis huit jours mais je me sens un peu ''remplumé'' ayant mangé du poulet; pour les jambes, cela devrait aller plus facilement, ayant avalé de l'antilope ... Heureusement, je n'ai pas encore mangé de steak de crocodile! Sur la route de Lusaka, deux policiers m'interpellent amicalement et me demandent pourquoi je voyage à vélo ... ''to go slowly'', telle est ma réponse. Ils rient mais je ne suis pas sûr qu'ils comprennent vraiment pourquoi. Il est vrai que les véhicules qu'ils contrôlent roulent nettement plus vite ... avec les résultats que l'on sait!
Léon Tillieux
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