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23/12/2017
SPIRITUALITÉ
Qu’avons-nous fêté à Noël ?
Sœur Marie-Pascale Crèvecoeur, Dominicaine Missionnaire, retrace l'histoire de ce temps de fête au milieu de l'hiver. Un moment où les anciens craignaient de ne plus revoir la lumière. Depuis la naissance de l'Enfant Jésus, nous savons que la Lumière est là et ne s'éteindra jamais. Une histoire qui traverse les siècles et les populations.
Depuis quelque temps, le soleil se couche tôt, il se lève tard… C’est triste, un peu dépressif, les feuilles tombent, d’ici le 21 décembre, plus une ne restera accrochée à l’arbre et ce sera l’hiver.
De tout temps, les Occidentaux ont voulu couper l’hiver pour se redonner du courage. Les sols gelés, le froid, l’obscurité tout plaidait pour une absence de vie. Reviendra-t-elle?
Pour se le prouver, on faisait la fête: une grande réjouissance populaire en l’honneur de Saturne, dieu des semailles et du bon gouvernement, du 16 au 24 décembre, au solstice d’hiver quand la lumière reprend ses droits, minute par minute. Et voici les caractéristiques de ce temps de fête: on allume des cierges, on fait des processions aux flambeaux; dans le feu ouvert, une grosse bûche brûle: restée allumée plusieurs jours, elle porte bonheur pour la future récolte. On mange et on boit, même beaucoup; on chante et danse, on fait du bruit; les barrières sociales sont abolies: les esclaves affranchis (temporairement...), commandent aux maîtres et les maîtres les servent. On se réunit en famille élargie. Vacances pour les écoles et les tribunaux, trêve de guerre et d’exécutions; tout est permis, c’est la fête des fous! Et à la fin, le 25, en la fête des sigillaires, on offre des cadeaux aux enfants…
Nos fêtes de fin d’année seront-elles des saturnales? Déjà pas si mal, mis à part les débordements dont elles étaient coutumières.
Progressivement, le culte de Mithra, venu de Perse, privilégia la date du 25 décembre. On fêtait la lumière du soleil et au III° siècle de notre ère, l’empereur Aurélien ordonna de célébrer dans tout l’empire le Sol Invictus, le soleil invaincu. Un taureau était sacrifié pour célébrer la naissance du jeune roi solaire qui surgit dans une grotte sous la forme d’un enfant nouveau-né… On partage un gâteau avec une fève qui fera d’un des enfants le roi de la fête, petit soleil invaincu! On décore les maisons de gui, de houx, de lierre pour symboliser la vie qui tient bon malgré l’hiver. Dans les pays germaniques et en Alsace, un epicea, arbre toujours vert est décoré de fleurs, de fruits (de pommes… les ancêtres de nos boules de sapin).
Les chrétiens eux fêtent chaque dimanche la résurrection du Seigneur et solennisent la fête de Pâques.
Une fois les persécutions terminées, le christianisme étant accepté et recommandé par l’empereur Constantin en 313, l’Eglise, pour tenter de mettre fin aux débordements des fêtes païennes, en 354 fixa au 25 décembre la fête du dies Natale Domini, la naissance du Seigneur Jésus. C’est bien Lui en effet la Lumière du monde, lumière sans déclin, l’Epoux qui sort de sa tente et s’élance en conquérant joyeux (annoncé dans le psaume 19), l’enfant né dans une étable (devenue une grotte on comprend pourquoi), le roi de paix qui vient gouverner le monde avec justice, annoncé par Isaïe; né parmi les pauvres, Il invite à les prendre en considération et en amitié. Il est le Fils de Dieu venu parmi les siens, le Verbe fait chair. Dieu fait homme, prodigieux mystère!
Au XIII° siècle, saint François inventa la crèche vivante pour mieux faire voir l’humanité et la pauvreté du Sauveur. Elle se répandit partout avec des personnages reflétant toute culture.
Ce n’est qu’au XIX° siècle que Saint Nicolas parti aux Etats-Unis revint sous la forme du Père Noël en 1821 avec des rennes au lieu d’âne. En 1831 pris comme publicité pour Coca-Cola, il porta le pantalon au lieu de la robe épiscopale. En 1860, il se vêtit exclusivement de rouge et de blanc… Dodu, jovial et souriant, il mettait aussi une note de bonne humeur dans la fête mais lié au commerce, il n’a rien de religieux.
Les coutumes ont la vie dure… le sapin est arrivé près de la crèche, la bûche sur la table, le gâteau du roi arrive avec les (rois) mages, les bougies et les ampoules remplacent les flambeaux de Saturne, le réveillon fait honneur à la consommation de viande et de vins... Les familles aiment se retrouver… Les vitrines regorgent de cadeaux. Les guindailles s’organisent…
Il nous appartient à nous les chrétiens de discerner à travers l’avalanche de propositions ce qui est le plus compatible avec notre foi en Jésus le Sauveur du monde et de Lui accorder la priorité. Trouverons-nous le temps d’aller à la messe de minuit? De nous recueillir pour l’accueillir? L’inviterons-nous à recevoir nos familles avec nous? Que ferons-nous pour que personne ne soit seul?
Que cette préparation de Noël 2017 se fasse avec réflexion, dans un climat de prière et tout se vivra dans Sa Paix.
Sœur Marie-Pascale Crèvecœur
Dominicaine Missionnaire
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