L’abbé Philippe Leblanc le reconnaît volontiers s’il aime aller à la rencontre des gens, il aime beaucoup moins parler de lui. L’interview est donc un exercice compliqué auquel il s’est soumis de bonne grâce.
L’abbé Leblanc est Français. Il est originaire de Reims. Et s’il a adopté le 70 et pas le 60-10 et le 90 en lieu et place du 80-10, une petite pointe d’accent français rappelle ses origines.
Il était très jeune lorsqu'il a pensé se tourner vers la prêtrise. A l’adolescence, ce projet de vie revenait régulièrement avant d'être enfoui, tout aussi régulièrement, au tréfonds de son être. Le jour de sa confirmation - il avait 16 ans - il y a eu cette phrase prononcée par l’évêque et qui reste marquée dans sa mémoire. Alors qu’il marquait son front du saint chrême, l’évêque a dit: ''Philippe n’ait pas peur de suivre Jésus où il te conduira.'' ''Et dans la prière, j’ai dit ‘oui’ au Seigneur'' confie le futur doyen de Bastogne.
Reste à se former, il étudie la philosophie à l’institut catholique de Toulouse avant de rejoindre le séminaire de Namur pour la suite de son cursus. A cette période, il faisait partie de la communauté des Béatitudes installée à Thy-le-Château dont il garde des souvenirs enthousiastes. Ordonné en 1999, lui qui se rêvait prêtre en paroisse est nommé vicaire à la paroisse Saint-Symphorien de Jambes. Une année plus tard, il rejoint la province de Luxembourg avec la charge des paroisses de Jéhonville, Bertrix, Fays-les-Veneurs, Assenois, Offagne et Nollevaux. L'abbé Leblanc est encore curé de Libramont, professeur de religion et aumônier de Centre hospitalier de l’Ardenne. Un agenda qui a de quoi donner le vertige. L’abbé Leblanc: ''On ne se pose pas de questions, on est dans le mouvement et il faut avancer.''

''C’est comme ça''
En 2011, Mgr Vancottem lui confie la mission de doyen de Bertrix. ''C’est comme le reste, la mission s’apprend sur tas.'' Les tâches administratives sont plus nombreuses comme les réunions. Mais là encore, comme il le dit, l’abbé Leblanc n’est pas homme à se poser des questions inutiles: ''Il faut faire le travail.''
Lorsque Mgr Warin l’approche, c’était en février dernier, pour lui confier un autre doyenné, c’est la surprise. Le doyen Leblanc le reconnaît bien volontiers: ''En fonction de la date mentionnée sur ma lettre de nomination, j’avais encore deux années à passer à Bertrix mais c’est comme ça.'' Le jeune quinquagénaire reconnaît qu’il a fait part, à l’évêque, de plusieurs objections… Mgr Warin ne les a pas retenues. A Bertrix, c’est la déception voire la colère chez certains paroissiens.
Le doyen Leblanc fait lui ses cartons et arrive à Bastogne au début du mois de juillet. ''A part quelques lieux, je ne connaissais rien à Bastogne. '' En quelques semaines, tout a bien changé. Spontanément, les paroissiens, les représentants des services, des mouvements viennent sonner à la porte du presbytère. Ils viennent se présenter. ''J’ai pris des notes, fait des fiches…'' En un mois, il avait rencontré bien des personnes. Il a trouvé ses marques et peut toujours compter sur l’équipe du secrétariat paroissial pour le guider. L’information passe souvent au moment de la tasse de café, à 10h30. ''C’est la tradition'' ponctue le doyen.
Un doyen qui reste surpris par la taille -importante- de son nouveau doyenné. ''Rien que le secteur de Bastogne, cela représente 25 clochers soit autant de paroisses que pour tout le doyenné de Bertrix!'' Voilà qui va laisser bien peu de temps à l’abbé Leblanc pour faire du VTT, partir en randonnée ou encore se rendre à la piscine, ses passions.
Ce dimanche 14 novembre à 14h30 en présence de Mgr Warin, il sera installé comme doyen de Bastogne. Nul doute qu’il aura accordé un soin tout particulier à la liturgie. ''J’aime les belles liturgies'' confie-t-il.
Christine Bolinne