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24/5/2016
Le père Ruquoy inquiet quant à l'avenir des ''Fleurs de soleil''
Les jours passent et l'inquiétude du père Ruquoy va croissant. Nous avons déjà, à plusieurs reprises, évoqué l'itinéraire du père Pierre Ruquoy, scheutiste, originaire de Ligny. Depuis 2005, il gère en Zambie, un orphelinat abritant aujourd'hui 92 enfants dont Laston qui vient de souffler la première bougie de son gâteau d'anniversaire. ''Je l'ai baptisé avant de revenir en Belgique'' confie le père. Rentré au pays pour des vacances, le père Ruquoy doit, dans les prochains jours, subir une lourde intervention chirurgicale. Derrière son sourire, le religieux a du mal à cacher son émotion. Il ne peut s'empêcher de penser à demain, aux enfants restés à Mulungushi et à l'avenir de ''Fleurs de soleil''', le nom de ''leur'' maison.
Les questions se bousculent dans la tête du père Ruquoy. Et si l'opération se passe mal? Et si je ne sais plus retourner à Mulungushi? Auront-ils assez d'argent pour continuer à fonctionner?... L'inquiétude du religieux est grande. Et il ne peut s'empêcher de repasser, dans sa tête, le film de toutes ces années passées en Zambie.
En 2005, le père Ruquoy arrivait en Zambie après trente années passées dans les Bateys de la République Dominicaine, les hommes et les femmes - dont beaucoup de Haïtiens - qui y vivent sont dans le plus total dénuement. La pauvreté y est extrême. Il sera notamment, grâce à la radio Enriquillo, celui qui informe ''les sans voix'' sur la situation du pays. Sa sécurité n'étant plus assurée, il quittera finalement les Bateys pour la Zambie.

Un enfant sur quatre est orphelin
Il arrive dans un pays le sida est très répandu, il fait de très, très nombreuses victimes. Le père scheutiste se trouve face à des enfants orphelins (un enfant sur quatre est orphelin). La pauvreté est telle que les familles ne peuvent prendre en charge les enfants d'un frère, d'une soeur décédé. Les petits sont abandonnés. Très vite, le Père Ruquoy va leur ouvrir les portes de son presbytère.
La demande est telle que les lieux sont très rapidement trop petits pour accueillir tout monde. Alors, il construit des espaces pour les filles et d'autres pour les garçons. Il veille à ce que les enfants soient scolarisés. Aujourd'hui, cette PME du coeur fonctionne avec le religieux et un staff de huit personnes dont deux assistants sociaux et un éducateur. ''Nous avons aussi aux Fleurs du soleil, un homme à tout faire: il faut bien réparer tout ce que les enfants cassent!'' dit le père d'un ton faussement sévère. Deux ''mamans'' ont aussi rejoint l'équipe: l'une pour s'occuper de Laston et des petits et une autre pour les grandes fille.
Pour faire vivre tout ce petit monde, il faut de l'imagination et compter sur la générosité - elle vient surtout de Belgique - des uns et des autres. Une équipe cultive la terre: ''Nous avons acheté, petit à petit, du terrain. Aujourd'hui nous avons 35 hectares pour produire du maïs, du tournesol, des haricots...'' Les récoltes servent à nourrir les enfants et les adultes, au total 100 personnes. Le surplus étant vendu au petit magasin pour ramener des fonds. ''Les enfants mettent la main à la pâte, les garçons comme les filles'' souligne le religieux. En ne réservant pas des tâches spécifiques aux hommes et d'autres aux femmes, le père a surpris, a dérangé. Qu'importe, il a tenu bon allant ainsi à l'encontre des mentalités, des coutumes.
Des enfants qui sont scolarisés. Les études coûtent beaucoup d'argent. ''Ils sont motivés par les études. Ils ne peuvent poursuivre dans le supérieur que s'ils ont de bons résultats, un bon comportement au quotidien et un parrain ou encore une marraine qui prendra en charge les frais de scolarité, le minerval.'' Certains diplômés ont un travail à l'extérieur. D'autres qui termineront tout prochainement leur cursus travailleront dans l'orphelinat.

''On est pas bien, papa n'est pas là''
A la maison ''Fleurs de soleil'' l'ambiance n'est actuellement pas très joyeuse. Les enfants n'aiment pas beaucoup quand le père Ruquoy s'absente. Alors les vacances loin d'eux, petits et grands n'apprécient pas. Lorsqu'ils ont appris les soucis de santé de ''daddy'', les messages d'inquiétude sont arrivés, à Ligny, via la boîte mails. Tous vont dans le même sens: ''On est pas bien, papa n'est pas là.'' Le père est bien conscient de ce malaise. Et cela lui fait mal bien sûr.
''Je vais leur écrire une lettre pour leur rappeler qu'il est important de travailler ensemble, de prier ensemble, de jouer ensemble. Il faut partager pour être heureux. C'est ma manière à mois d'évangéliser.''
Le travail au quotidien est important, il faut aussi faire avec les tracas liés à l'éducation de 92 enfants, ados, jeunes. Le père Ruquoy agit, selon les coutumes locales, en réunissant le conseil des sages. ''Il faut lutter contre l'alcoolisme, la drogue. Il y a bien sûr aussi les histoires de coeur avec leurs dérapages. Autour de l'orphelinat, il n'y a pas de murs, je veux leur donner une éducation à la liberté.''

Et demain?
Et même si le ''grand chef'' travaille aujourd'hui en équipe, il ne peut s'empêcher de penser à l'avenir: ''Si tout va bien, j'espère que je pourrai retourner à Mulungushi. Les enfants ont dit qu'ils prendraient soin de moi.'' Ce serait un véritable déchirement pour le religieux s'il ne pouvait rentrer très vite en Zambie. Il a encore un tas de projets à concrétiser comme les travaux d'achèvement de la construction d'une ferme ou encore le puits qui servira à irriguer la terre.
Il s'est aménagé près de la chapelle un lieu un peu à l'écart où il peut se reposer au calme. Pas très loin de la statue de Notre-Dame de Beauraing devant laquelle les enfants viennent, chaque jour, prier.
Les prières qu'ils adressent à la Belle Dame sont pour lui demander le retour et en pleine forme de daddy.
Christine Bolinne
Photos: Hubert van Ruymbeke

Plusieurs manières pour aider les Fleurs du soleil
En parrainant un des enfants. A partir de 40 euros, une attestation fiscale est envoyée au généreux donateur.
Il est aussi possible de passer du temps sur place, en apportant ses compétences.
On peut encore se procurer le livre ''Leur vie, un cri''. Et un sous-titre ''Pierre Ruquoy (CICM): quarante ans avec eux.'' De très belles photos de Hubert van Ruymbeke accompagnent les textes, l'histoire des Fleurs de soleil mais aussi bien sûr l'histoire de celui qui les a fait naître et grandir. Les premières pages sont consacrées à la République dominicaine. Le livre est vendu 15 euros. A la fin du livre, un CD, des musiques originales créés par Samuel Bruyninckx et Marie-Béatrice Aubry. Un CD enregistré par les jeunes de la maison Fleurs de soleil'' et par les élèves du collège Saint-Pierre à Jette. Vous aurez encore accès à un film tourné sur place.
Infos: pierreruquoy@yahoo.com

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