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19/10/2014
A eux deux, ils totalisent 84 ans de présence au Rwanda!
L'abbé Roger Depienne est rentré, voici quelques semaines, du Rwanda où il a pris un peu de vacances, en famille. L'abbé Jean-Marie Dussart a lui programmé, pour 2015, un séjour au pays des mille collines. Ces deux prêtres, aujourd'hui à la retraite, gardent, dans le fond du coeur, une certaine nostalgie. Le premier a travaillé plus de 50 ans dans une paroisse de Kigali tandis que le second a enseigné une trentaine d'années au Collège Saint-André avant de partir dans les villages.
L'abbé Roger Depienne, 87 ans et l'abbé Jean-Marie Dussart, 74 ans sont installés à Beauraing où ils sont, aujourd'hui, à la retraite. L'abbé Depienne assure encore, chaque semaine, quelques célébrations. Il fait aussi partie de l'équipe ''Ecroute prière'' aux sanctuaires de Beauraing. Ces deux prêtres diocésains ont vécu en Afrique, au Rwanda, plus précisément, pendant plusieurs dizaines d'années. Et ça en fait des souvenirs: ils se bousculent dans la mémoire de l'un comme de l'autre. Ils sont aussi dans les albums photos qui s'entassent sur la table basse. Lorsque les deux prêtres se retrouvent, l'Afrique occupe toujours une large place dans la conversation.
Ordonné en 1951, l'abbé Roger Depienne a débuté son ministère à Marche avant de rejoindre Namur. En 1960, il bouclait ses valises pour le Rwanda. ''L'évêque de Kigali avait demandé à Mgr Charue, alors évêque de Namur, des prêtres pour fonder un collège. Je n'étais pas enseignant mais je me suis proposé pour m'investir dans la pastorale paroissiale et je suis parti.'' L'abbé Depienne vivra dans le quartier ''Le Belge'' où sont installés une majorité de fonctionnaires. Sept années plus tard, en 1967, l'abbé Jean-Marie Dussart boucle à son tour ses valises pour rejoindre l'équipe des professeurs du collège Saint-André. Il va y enseigner le latin et partager le quotidien de sept prêtres-enseignants du diocèse de Namur déjà sur place. ''C'est l'abbé Depienne qui m'a accueilli. Il m'a aussi appris les premiers mots de kinayarwanda.'' Rudiments d'une langue que l'abbé Depienne découvre, à Namur, avec les Pères Blancs. ''Une fois sur place, j'ai appris, comme on dit, sur le tas mais j'y ai consacré plusieurs semaines!''
A cette époque, beaucoup de prêtres ont choisi d'exercer une partie voire la totalité de leur ministère en Afrique. ''Nous suivions la volonté du pape Pie XII qui, en 1957, dans son encyclique Fidei Donum demandait aux églises européennes d'aider l'Afrique'' explique l'abbé Dussart.
Un autre prêtre du diocèse, l'abbé Greindl, décédé voici quelques mois, s'est lui aussi investi sans compter dans ce collège Saint-André. Un établissement qui accueillait des jeunes de tout le pays. ''Je suis parti à plusieurs reprises, avec le chanoine Cuvelier, visiter les paroisses, les villages. Nous manquions de place au collège, nous ne pouvions accueillir tous les élèves. Il fallait donc sélectionner les bons candidats. Aujourd'hui se dresse sur la hauteur de la capitale un imposant complexe de bâtiments scolaires.. un des tout bons collèges accueillant là des centaines de jeunes qui forment l'avenir du pays... Et ça est parti d'une confiance partagée par deux hommes d'Eglise, à 6500 km de distance ...''

Un nouveau départ
Un travail d'enseignant que l'abbé Dussart exercera pendant plusieurs années avant d'avoir envie d'autre chose. ''J'avais l'impression que je manquais quelque chose.'' Ce ''quelque chose'', c'était de vivre, de me mettre au service de la population rwandaise. L'abbé Michel Gigi, originaire d'Aubange, le suit dans cette aventure. Et c'est la découverte des paroisses très éloignées les unes des autres: les distances à parcourir sur des routes qui n'en ont que le nom sont énormes. Ce sont aussi des rencontres avec les prêtres rwandais qu'ils épaulent. Les yeux brillent. L'abbé Dussart: ''C'était le bonheur''.
Un bonheur qui prendra fin, en 1994, avec le génocide rwandais. L'abbé Gigi mourra d'épuisement après deux semaines d'errance dan les montagnes du Ndiza. Avec une partie de la population, il fuit les guerriers. Les abbés Depienne et Dussart réussiront à s'échapper et à retrouver la Belgique. Une fois la tension retombée, ils retourneront sur place et découvriront une population meurtrie qui tente de panser ses plaies, de reprendre goût à la vie.

Regards dans le rétroviseur
Des prêtres qui durant tout leur ministère en Afrique rempliront un rôle important dans les paroisses. Paroisses qui comptent en moyenne... 40.000 habitants! L'abbé Dussart s'est lancé dans des travaux qu'il n'aurait jamais imaginés. A cette époque, on construit beaucoup dont des églises. Le prêtre est là pour soutenir les projets et parfois prêter main forte. Heureusement, il est habile bricoleur. ''Si cela n'avait pas été le cas j'ai bien l'impression que je le serais, par la force des choses, devenu.''
A Kigali, l'abbé Roger Depienne vit avec d'autres prêtres, des Belges comme des Rwandais: ''Etre en équipe, en fraternité était une grande richesse.'' Et Il est lui aussi en contact quotidien avec les Rwandais. Il se chargera notamment d'assister les catéchumènes, ces adultes, jeunes et moins jeunes, qui demandent le baptême. ''Ils voulaient que cela se fasse vite.'' Des jeunes qui se rapprochent des paroisses parce qu'elles sont porteuses de développement avec des dispensaires, des écoles, des projets. C'est encore par les paroisses que les jeunes passent pour obtenir un extrait de baptême reconnu lui par les employeurs. L'abbé Dussart aura le mot de la fin: ''En Belgique, on s'est pas toujours rendu compte du rôle des paroisses. Les gens venaient pour bien sûr recevoir les sacrements mais aussi parce qu'une paroisse était porteuse d'avenir. Ces années étaient également porteuses de grâce cela nous dépassait complètement. Il y avait une volonté certaine d'engendrer un monde nouveau.''
Christine Bolinne
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