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1/2/2012
BILLET DE L'ABBÉ GANTY
Un chant de lumière et d'espérance: le ''Requiem'' de Mozart
L'abbé Henry Ganty, vicaire épiscopal pour l'enseignement est aussi un amoureux de la musique. Et parfois, quand il prend la plume, on constate que la musique a rendez-vous avec la théologie chrétienne.
Le ''Requiem'' est la dernière oeuvre de Mozart. Il ne l'a d'ailleurs pas achevée, la mort le surprenant avant qu'il n'aie fini de composer cet ultime ouvrage: un élève, s'inspirant de ce que Mozart avait composé, voire en reprenant des passages entiers, l'a complété comme il pouvait.
Pour comprendre cette oeuvre magnifique, il faut savoir que la théologie chrétienne, notamment dans sa version catholique, veut accorder les contraires pour s'approcher d'un juste équilibre. Ainsi en est-il, par exemple, de l'enseignement de l'Eglise au sujet de la personne de Jésus, à la fois vrai Dieu et vrai Homme. Pour éviter l'hérésie, qui consiste à choisir entre divinité et humanité, il n'y a qu'une solution: conjoindre les deux natures de Jésus en une seule personne.
La réflexion sur la mort et l'au-delà est soumise, elle aussi, à une subtile oscillation entre la justice divine et sa miséricorde.
Il nous faut un Dieu justicier pour corriger les terrestres injustices, mais cela peut susciter des peurs insurmontables et la terreur des flammes de l'enfer: tout peut virer au péché mortel...
Mais il y a aussi le Dieu de miséricorde. Les Evangiles en témoignent surabondamment à travers les multiples rencontres de Jésus avec le monde des ''pécheurs''.
Dieu, qui est plus intime à moi-même que moi-même, est au plus près de moi: mieux que n'importe quel ''psy'', il connaît tous les ressorts de mes actes. Il me connaît mieux que je ne me connais, mais sa connaissance est une connaissance aimante.
Il importe donc d'assumer cette oscillation entre la justice de Dieu et sa miséricorde.
Mozart est de son temps. Sans être théologien, il perçoit cette oscillation.
Composé en ré mineur, son ''Requiem'' est dramatique, tragique même, car le compositeur est imprégné de la mentalité ambiante, qui souligne la terreur et la peur du jugement.
Mais à l'intérieur de cette oeuvre géniale, des passages lumineux annoncent le triomphe de la miséricorde sur la justice.
Cela apparaît très nettement dans la séquence ''Dies irae''.
Ce texte, maintenant banni de la liturgie, soulignait les aspects terrifiants de la mort et du jugement, mais Mozart excelle à mettre en lumière les rares passages qui évoquent le pardon, la compréhension, la miséricorde de Dieu.
Ainsi, dans l'ensemble, cette oeuvre donne le dernier mot à la miséricorde.
On a une belle expression de cette vision optimiste de Mozart sur la mort dans une lettre qu'il adressait à son père, Léopold Mozart, le 4 avril 1789:
''Comme la mort, à la bien considérer, est le vrai but de notre vie, je suis, depuis plusieurs années, tellement familiarisé avec ce véritable ami de l'homme que son image, loin d'être effrayante pour moi, n'a rien que de doux et de consolant.
Je remercie mon Dieu de m'avoir accordé la grâce de reconnaître la mort comme la clé de notre véritable béatitude.
Je ne me mets jamais au lit sans penser que, tout jeune que je suis, je puis ne pas me relever le matin.
Et cependant, aucun de ceux qui me connaissent ne pourra dire que, dans l'habitude de la vie, je sois morose ou triste.
Je rends grâces tous les jours à mon Créateur de ce bonheur, et je le souhaite de tout coeur à tous les hommes, mes frères''.
Voilà la clé de la luminosité du ''Requiem'' de Mozart.
Voilà sans doute aussi la clé de notre bonheur: dans quelques jours, quelques mois, tout au plus quelques années, nous allons mourir.
Tant mieux.
Heureusement.
C'est très bien ainsi.
???
Henry Ganty
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