Jeunes Vie du Diocèse Formations Agenda

 Retour à la liste
24/11/2010
Marise sauve le vitrail de nos églises
Si vous avez lu et aimé le livre de Bernard Tirtiaux ''Le passeur de lumière'' vous comprendrez mieux la passion qui anime Marise Frattini-Ghislain. Elle a découvert le travail du vitrail en parcourant l'atelier d'un verrier. Une révélation. Pendant trois années, avec cet artisan, elle va se former. Minutie, patience, concentration et bien sûr un beau brin de talent sont nécessaires. Ce que Marise aime avant tout c'est la restauration des vitraux de nos églises même si elle signe ses propres créations. Sa plus grande satisfaction: sauver le vitrail en lui rendant toute sa beauté et surtout en ne laissant deviner aucune trace de son intervention.
Marise Frattini-Ghislain est installée dans la région de Saint-Hubert, un petit village en pleine nature. Sa maison est celle d'une artiste. La porte à peine franchie, on se retrouve, dans son atelier! Une large table équipée d'un éclairage permet le travail en transparence. Le long des murs, des armoires pour ranger les grandes plaques de verre... Du verre de toutes les couleurs commandé, pour sa qualité, en Allemagne. Des pinceaux aussi car le verrier se doit d'être, un peintre habile. Tout est impeccablement rangé. Marise balaie d'un regard ''son univers'', cette pièce où elle se sent si bien. ''J'aime y travailler, dit-elle. J'y passe de longues heures dans le silence cela m'aide à me concentrer.''
Marise sait quasi tout faire: du tricot à la maçonnerie en passant par le jardinage. Elle vient ainsi de rejointoyer les anciens pavés qui constituent le revêtement de la cour. A 15 ans, un moment où l'on s'interroge sur son avenir professionnel, elle lance tout de go à son père qu'elle veut devenir ébéniste. ''Je suis une manuelle et depuis toujours. Papa m'a répondu, explique Marise Frattini-Ghislain, que ce n'était pas un métier de fille.'' Alors, elle s'est inscrite -sagement- à l'école normale et est devenue institutrice. Elle a ainsi enseigné pendant plusieurs années avant de donner uniquement le cours de religion.

Le coup de foudre
Marise reconnaît bien volontiers qu'elle a toujours été intéressée par les vitraux des églises. ''Aujourd'hui, je ne les regarde plus de la même manière. Avant ma formation, je me contentais d'un ''j'aime ou j'aime pas!'' Mon regard a changé, j'essaie de comprendre, de décoder le travail du verrier. Et immanquablement, je me dis: 'si tu devais restaurer ce vitrail, comment pourrais-tu t'y prendre?' '' Un métier-passion découvert quasi par hasard. Un jour, elle visite l'atelier de Raymond Hendrickx de Hampteau (Hotton). C'est le coup de foudre. Marise sait qu'un jour ou l'autre, elle sera verrier.
Pendant trois ans, à raison de trois jours par semaine, elle se forme: elle apprend le travail du verrier. Il lui faut tout maîtriser: démonter un vitrail endommagé, enlever les mastics, réaliser un gabarit avant de découper la pièce dans le verre coloré, la remettre en place, refaire un mastic... Un art complexe. ''Il faut rester dans l'authenticité du vitrail, je ne suis pas là pour le réinterpréter. Je regarde donc le vitrail sur ma table lumineuse, à travers le soleil ou encore avec une lumière rasante. Cela me permet de mieux comprendre comme le verrier a travaillé.''
Le travail du verrier passe aussi par de longues heures à peindre le verre avec des pinceaux! Ils sont bien précieux pour donner vie à un visage, par exemple. D'un simple regard, Marise vous explique que le fond de ce vitrail ou encore l'imprimé du vêtement ont été réalisés eux à l'aide d'un pochoir. Une autre technique à maîtriser. Sans oublier, mais Marise, ne le dira pas: du talent. Le résultat final est tout simplement bluffant.

Sauver le vitrail
Pour affiner sa technique, Marise Frattini-Ghislain continue à se former. Elle passe régulièrement du temps en Angleterre, dans l'atelier Hardman-Birmingham. Un atelier fondé en 1838 et confié, aujourd'hui, aux mains expertes de Dove Cowan, peintre verrier depuis 44 ans. L'atelier comme le maître verrier sont des références dans le monde du vitrail. Un atelier où chacun a sa spécialisation: Dove Cowan se charge de peindre les visages, les mains et les pieds. Un autre s'occupe des drapés... Du grand art. Véritable concentré d'énergie, la jeune femme apprécie le travail qu'elle réalise avec ce maître anglais. Mais elle retrouve toujours, avec autant de bonheur, les églises dans lesquelles elle travaille. ''Je m'y sens apaisée'', dit-elle. Elle aime venir y admirer les vitraux les jours ensoleillés. ''Je me souviens de vitraux qui ne me plaisaient pas beaucoup: ils étaient, pour moi, trop colorés. Et puis, je les ai revus alors qu'ils étaient traversés par le soleil: c'était magnifique. Et, là j'ai saisi toute la beauté du travail du verrier.''
Une artiste qui se veut être aussi une conseillère. Marise n'a qu'une envie: sauver le maximum de vitraux. Elle veut aussi tordre le coup à une idée: le travail d'un artisan coûte cher. ''Cela me fait mal quand j'apprends qu'un vitrail a été démoli parce qu'il était abîmé. On peut intervenir avant qu'il ne soit trop tard en remplaçant, par exemple, certaines parties endommagées. Quand on constate qu'un vitrail gondole, c'est un signe, il faut rénover. Le plus souvent, ce travail n'est pas trop important donc pas très coûteux et le vitrail est lui sauvé.'' Et Marise a identifié un des ennemis du vitrail: le chauffage. Le contraste entre un intérieur chauffé et la température extérieure est du pire effet!
Marise est intarissable sur sa passion du travail du verre. Et même si elle aimait beaucoup son métier d'enseignante, elle n'a jamais regretté son choix. En 2009, elle a décidé de se consacrer, à sa passion, à temps plein.
Une artiste qui reste modeste.. ''M'appeler Maître Verrier? Pas question lance mi-rieuse, mi-sérieuse, Marise. On en reparlera lorsque j'aurai 70 ans et plus de 40 années d'expérience.''
Christine Bolinne
Les photos: Quelques interventions de Marise sur des vitraux. Elle vous propose un avant-après.
Translate in English - Nederlands - Deutsch