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15/9/2022
Notre-Dame du Rempart, Patronne de Namur depuis 360 ans
C’est en effet en 1662 que naquit à Namur la dévotion à Notre-Dame du Rempart. Dévotion qui, à l’image de la cité, se caractérise elle-aussi par un confluent. Son point de départ étant la jonction de deux faits que rien ne semblait devoir rapprocher : d’une part, les débats sur le caractère immaculé de la conception de Marie et, d’autre part, la peur de Louis XIV. Une solennité et procession commémore l’événement chaque année en date du 25 septembre.
Marie fut-elle conçue sans péché ?
Au 17e siècle, cette question n’était pas tranchée.
Pour les maculistes, Marie, sans ascendance divine, fut purifiée dans le sein maternel ou à l’Annonciation. Pour les immaculistes, Marie, bénéficiant d’une grâce spéciale pour porter dignement le Sauveur, fut conçue sans péché.
Ce qui donne lieu à des prises de position parfois très vives.
En 1614, à Séville, un prêche maculiste causa réactions et… agressions.
Informé de ces événements, Philippe III d’Espagne, et après lui son fils et successeur Philippe IV, demandèrent à Rome une décision officielle sur le sujet. En vain.
Rome prit certes des mesures réduisant puis interdisant finalement tout débat sur la question, mais aucune décision de fond.

En 1656, Philippe IV suggéra dès lors à Rome de préciser que la Fête de la Conception de Marie renvoyait à une conception exempte de toute tache du péché originel.
La fête de la Conception de Marie, qui, attestée en orient au 7e siècle, s’est ensuite répandue en occident, et a fait l’unanimité au sein du monde catholique.
Maculistes et immaculistes la célébrèrent toutefois selon leur sensibilité sur la conception de Marie.
Si dès lors le pape faisait une déclaration dans le sens suggéré par Philippe IV, tout le monde devrait célébrer Marie comme conçue sans péché.
Ce qui équivaudrait aussi à un avis officiel sur la question.
Philippe IV rapprocha ainsi le sujet de Namur, intégrée alors aux Pays-Bas Espagnols.
Territoire constitué par les Ducs de Bourgogne en rassemblant nos anciennes principautés médiévales, et dont héritèrent ensuite Charles Quint et ses successeurs, dont Philippe IV. Ensemble qui, en ce 17e siècle, regroupait l’essentiel des futurs Belgique et G-D de Luxembourg. Et d’actuelles régions françaises, dont Lille.

Informé du fait que le pape Alexandre VII allait réagir, Philippe IV, soucieux de sincérité, écrivit, le 4 novembre 1661, aux évêques de ses territoires, afin qu’ils solennisent tout particulièrement la fête du 8 décembre.
Ce que fit à Namur Mgr Jean de Wachtendonck, qui institua par ailleurs la Confrérie de l’Immaculée.
Or, ce même jour, Alexandre VII publia la Bulle Sollicitudo omnium ecclesiarium, où il indiqua «… nous renouvelons les Constitutions et Décrets que les Pontifes Romains nos prédécesseurs (…) ont publié en faveur du sentiment qui affirme que l’âme de la Bienheureuse Vierge Marie, dans sa création et dans son union avec le corps, a été pourvue de la grâce du Saint-Esprit et préservée du péché originel ».
L’opinion contraire demeurait toutefois autorisée.
Pas de décision définitive, mais un avis favorable quant au caractère immaculé de la conception de Marie. Philippe IV fit diffuser la Bulle dans ses états.

Parvenue à Namur, elle y fut fêtée en mars 1662, y renforçant la multiséculaire ferveur mariale, et coïncidant avec… la peur de Louis XIV.
Depuis le 16e siècle, période où les possessions de Charles Quint encerclèrent le Royaume de France, il existait en effet une rivalité entre France et Espagne.
Les Pays-Bas Espagnols en devinrent l’un des champs de batailles.
Clôturé en 1659, le dernier conflit avait certes épargné Namur, mais non sa région.
Aussi, en cette seconde moitié de 17e siècle, la cité vit ses fortifications renforcées.
Ce qui coïncida avec la ferveur suscitée par la Bulle.
Aussi, le 1er mai 1662, les autorités proclamèrent Marie ‘Patronne spéciale de la Ville et de sa Province’ et installèrent sa statue au point le plus élevé des remparts.
D’où elle parut telle « la Tour de David pour être la protectrice et la gardienne de la cité ».

Cet événement fut dès lors annuellement commémoré par une solennité fixée au 2e dimanche de juillet, jour de fête de la Confrérie qui avait été instituée en 1661.
Solennité suivie d’une octave clôturée par une procession fixée quant à elle au 3e dimanche.
Toutes remplacées depuis 1964 par une solennité et une procession fixées au 25 septembre.
Ainsi naquit à Namur, la dévotion à Notre-Dame du Rempart.
Dévotion qui résista aux tourments de l’Histoire.
Ce fut ainsi la ferveur restée intacte durant l’occupation allemande lors la Première Guerre Mondiale qui détermina Mgr Heylen, évêque de Namur de 1899 à 1941, à couronner Notre-Dame du Rempart le 20 juillet 1919.
L’après-midi, tout Namur raccompagna sa Patronne jusqu’à son sanctuaire, toujours actuel, inauguré en 1868, situé près du Parc Louise-Marie sur un ancien emplacement fortifié, et qui avait succédé au sanctuaire initial situé près de la Rue des Ursulines, proche de la gare, et qui disparut entre 1860 et 1865, lors du démantèlement des fortifications.

François-Emmanuel Duchêne
Sacristain de la cathédrale St-Aubain
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