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17/12/2014
NOËL
Enfants de Dieu et artisans de paix
La solennité de Noël et l’ensemble des fêtes qui suivent célébrant le mystère de l’incarnation sont infiniment riches d’enseignement pour nourrir notre foi. Je vous propose de méditer sur deux aspects de l’incarnation : l’immense espérance liée à notre condition d’enfant de Dieu et le lien entre Noël et la paix, en reprenant pour ce dernier point un extrait de l’homélie de Benoît XVI pour la messe de Minuit de Noël 2012.
Fils et filles du Père

Le Verbe s’est fait chair, il a pris chair dans le sein de la Vierge Marie et est venu au monde parmi nous. Mystère de notre rédemption qui commence et plus encore : Dieu fait le don à ceux qui reçoivent l’Enfant, à ceux qui croient en lui, le ''pouvoir de devenir enfants de Dieu''.
La communion la plus intime est offerte à chacun : tout homme reçoit la possibilité de partager la vie même de Dieu. L’homme trouve son adoption filiale dans le Verbe incarné qui est cet enfant de Bethléem. Dieu n’est plus un être lointain, chacun devient frère ou sœur de Jésus qui est Dieu et homme.
Devenir enfant de Dieu signifie bien que l’homme est non seulement sauvé mais déifié, comme se plaisent à le dire nos frères des Eglises orientales. Irénée de Lyon, un évêque des premiers siècles pose cette question : «Comment l’homme irait-il à Dieu, si Dieu n’était pas venu à l’homme ? Comment l’homme se libérerait-il de sa naissance de mort, s’il n’était régénéré, selon la foi, par une naissance, par une naissance nouvelle donnée généreusement par Dieu, grâce à celle qui se fit dans le sein de la Vierge ? »
Voilà donc le merveilleux échange au cœur du mystère de Noël, de la célébration de l’incarnation du Verbe : Dieu s’est fait homme, le Verbe qui est Dieu s’est fait chair pour que l’homme soit fait dieu. Nous recevons cette adoption divine, nous devenons « fils de Dieu » par adoption, frères et sœurs du Fils de Dieu qui nous mène au sein de la Trinité et auprès des saints et des saintes.
« Si vous ne devenez pas comme de tout petits enfants, vous n’entrerez pas dans le Royaume des Cieux. » Parole du Fils de Dieu qui nous ouvre le chemin parcouru par lui-même, afin que nous sachions comment nous aussi aller avec vers son Père, notre Père. La clef est là. Comme lui qui est Dieu s’est abandonné à l’homme à la crèche, il faut que l’homme apprenne à s’abandonner à Dieu, en tout petit enfant. Acte de confiance et d’espérance de Noël : à nous d’en tirer les conclusions pour reconnaître ce mystère d’alliance à travers toute notre vie. Pensons aussi que l’enfant de Bethléem n'est autre que le « prince de la paix ». En lui, en tant que ses frères et sœurs, nous sommes appelés à devenir des artisans de paix…

Abbé Thierry Pluquet

Extrait de l’homélie de Benoît XVI pour la messe de Minuit de Noël 2012
La paix sur la terre entre les hommes est en relation avec la gloire de Dieu au plus haut des cieux. Là où on ne rend pas gloire à Dieu, là où Dieu est oublié ou même renié, il n’y pas non plus de paix. Aujourd’hui, pourtant, des courants de pensée répandus soutiennent le contraire : les religions, en particulier le monothéisme, seraient la cause de la violence et des guerres dans le monde ; il conviendrait avant tout de libérer l’humanité des religions, afin qu’il se crée ensuite la paix ; le monothéisme, la foi dans le Dieu unique, serait tyrannie, cause d’intolérance, car, en fonction de sa nature, il voudrait s’imposer à tous avec la prétention de l’unique vérité. Il est vrai que, dans l’histoire, le monothéisme a servi de prétexte à l’intolérance et à la violence. Il est vrai qu’une religion peut devenir malade et arriver ainsi à s’opposer à sa nature la plus profonde, quand l’homme pense devoir prendre lui-même en main la cause de Dieu, faisant ainsi de Dieu sa propriété privée. Nous devons être vigilants face à ces travestissements du sacré. Si dans l’histoire un certain usage inapproprié de la religion est incontestable, il n’est pourtant pas vrai que le « non » à Dieu rétablirait la paix. Si la lumière de Dieu s’éteint, la dignité divine de l’homme s’éteint aussi. Alors, il n’est plus l’image de Dieu, que nous devons honorer en chacun, dans le faible, dans l’étranger, dans le pauvre. Alors, nous ne sommes plus tous frères et sœurs, enfants de l’unique Père qui, à partir du Père, sont en relation mutuelle. Quels types de violence arrogante apparaissent alors et comment l’homme déprécie et écrase l’homme, nous l’avons vu dans sa toute cruauté au cours du siècle dernier. Seulement si la lumière de Dieu brille sur l’homme et dans l’homme, seulement si chaque être humain est voulu, connu et aimé par Dieu, seulement alors, quelle que soit sa situation de misère, sa dignité est inviolable. Dans la Sainte Nuit, Dieu lui-même s’est fait homme, comme le prophète Isaïe avait annoncé : l’enfant né ici est “Emmanuel”, Dieu avec nous (cf. Is 7, 14). Et au cours de tous ces siècles, vraiment, il n’y a pas eu seulement des cas d’usage inapproprié de la religion, mais des forces de réconciliation et de bonté sont toujours venues de nouveau de la foi en ce Dieu qui s’est fait homme. Dans l’obscurité du péché et de la violence, cette foi a introduit un rayon lumineux de paix et de bonté qui continue à briller.

Ainsi, le Christ est notre paix et il a annoncé la paix à ceux qui sont loin et à ceux qui sont proches (cf. Ep 2, 14.17). Comment ne devrions-nous pas le prier en cette heure : Oui, Seigneur, annonce-nous aussi aujourd’hui la paix, à ceux qui sont loin et à ceux qui sont proches. Fais qu’aujourd’hui encore les épées soient transformées en socs (cf. Is 2, 4), qu’à la place des armements pour la guerre succède de l’aide pour ceux qui souffrent. Éclaire les personnes qui croient devoir exercer la violence en ton nom, afin qu’elles apprennent à comprendre l’absurdité de la violence et à reconnaître ton vrai visage. Aide-nous à devenir des hommes « objets de ta bienveillance » – des hommes à ton image et ainsi des hommes de paix.
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