L'abbé Michel Monseur est un sportif. Tout jeune, il arpentait les pistes d'athlétisme. Aujourd'hui, il est encore un adepte de la randonnée, du ski, du jogging... Mais sa passion depuis toujours, c'est la marche. Une passion quasi inscrite dans ses gènes: il avait à peine 5 ans lorsque, avec ses parents, Michel Monseur effectuait, à pied bien sûr, au départ de Fisenne, le pèlerinage à Saint Thibaut (Marcourt). Adolescent, c'est avec ses cousins qu'il gagne, toujours à la force des mollets, Banneux. Desservant à Landenne et à Petit-Waret, l'abbé Monseur participe tout naturellement à un pèlerinage qui permet, au départ d'Andenne de rejoindre Saint-Hubert. ''C'est vraiment le pèlerinage le plus dur, confie-t-il. En trois jours nous parcourons 150 km''. Saint Jacques de Compostelle figure bien sûr au palmarès de l'abbé marcheur. ''C'est le pèlerinage le plus agréable, ajoute-t-il. Je l'ai effectué, en 1997, dans sa totalité: il m'a fallu 73 jours. J'étais parti seul. Vous choisissez votre rythme de marche. Si vous êtes fatigué, rien de plus simple, il suffit de s'arrêter, de se reposer pour mieux repartir le lendemain.'' On l'aura compris, l'abbé Monseur ne fait pas partie des pèlerins qui ont programmé les étapes, les haltes, réservé les gîtes... Il avance à son rythme, rencontre beaucoup de monde. Des hommes et des femmes avec qui il aime célébrer l'eucharistie. ''Les personnes que l'on rencontre ne sont pas toutes des super cathos. Elles sont en recherche et les rencontres sont le plus souvent très riches. On s'épaule. Le soir, il arrive que l'on partage un repas fristouillé, ensemble, avec ce que chacun avait encore comme provision dans son sac.''

Saint-Jacques au printemps
Le carnet d'adresses de l'abbé Monseur est riche des coordonnées de ces marcheurs rencontrés notamment sur le Camino, des Français, des Belges, des Suisses, des Brésiliens, des Canadiens... Un carnet qui devrait encore s'enrichir. Au printemps prochain, l'abbé Monseur reprendra le chemin de Saint-Jacques: il partira de Séville pour gagner la cathédrale de Saint Jacques.
Pour le moment, le jeune retraité soigne ses ''bobos'' comme il dit: les distances sont un peu réduites. Gageons que d'ici quelques semaines et après le travail efficace du kiné tout cela ne sera plus qu'un mauvais souvenir. Il s'agira alors de reprendre l'entraînement et d'être ainsi au ''top'' le moment voulu.
Avant de goûter à la retraite, l'abbé Monseur a été doyen de Bouillon. C'est au rythme de ses pas qu'il a découvert non pas tout son doyenné mais bien Bouillon et ses habitants. Alors qu'il avait l'âge de prendre sa prépension, l'abbé Michel Monseur s'est vu confier par l'évêque, il s'agissait alors de Mgr Léonard, un poste de doyen à Bouillon. ''Je ne connaissais pas Bouillon. J'y étais venu, très jeune, avec l'école, pour visiter le château. J'y étais revenu bien des années plus tard quand j'étais séminariste. Nous avions décidé de nous rendre, à Lourdes, à vélo et nous nous étions donnés rendez-vous sur le pont de Bouillon. Quand j'ai quitté, il y a quelques mois, je connaissais tout le monde. Comme je suis toujours à me déplacer à pied, je rencontre les gens, je parle avec eux.'' Très vite, profitant de moments de repos, ce grand marcheur a poussé ses pas en dehors de Bouillon pour découvrir la nature, les bois. Un véritable écrin vert qu'il a arpenté dans tous les sens!

Curé et prof de math
Quand il a quitté Bouillon, le doyen Monseur a eu un pincement au coeur. Il avait, en quelques années, su se faire apprécier, comme curé, de la population. Par contre, renoncer à sa charge de doyen a été un soulagement. ''J'avais envie de tourner la page et surtout, de ne pas faire l'année de trop.'' Cet ancien professeur de math - il a décroché un régendat avant d'entrer au séminaire - qui a enseigné notamment à l'Institut Sainte-Begge à Andenne, avait l'habitude, avec ses collègues profs, de travailler en équipe. Cette collégialité, il souhaitait la retrouver lorsqu'il a été doyen. Un espoir qu' il n'a pu concrétiser: les prêtres étant bien plus individualistes.
Pendant plusieurs années, il a ainsi concilié le travail de professeur de math, chargé également de l'animation religieuse ou encore sportive tout en apportant une aide dans les paroisses. Il a aimé cette période, ce travail d'enseignant.
C'est au Congo qu'il a découvert durant son service militaire la joie d'enseigner. L'abbé Monseur aurait souhaité effectuer son service miliaire chez les paras commandos, ce qui lui a été déconseillé. Alors, il est parti au Congo faire de la coopération. Il y a enseigné deux ans. Des moments inoubliables passés avec des rhétoriciens dont il était le titulaire de classe. Quarante années se sont écoulées et des contacts existent toujours entre l'ancien prof et ses anciens élèves. L'abbé Monseur devrait leur rendre visite dans les prochains mois. Il veut prendre son temps durant ce voyage et s'imprégner à nouveau de ces parfums d'Afrique. Les distances à parcourir sont telles qu'il devra renoncer à la marche pour la voiture!
''Je compte bien profiter de la retraite pour prier plus et aussi pour lire. J'ai accumulé les livres en me disant que je pourrais les lire quand j'aurais un peu de temps...'' Lors de la dernière rencontre des doyens, Mgr Vancottem lui a offert un chèque cadeau de quoi s'offrir quelques opus supplémentaires. Pas question pour autant de les emporter sur les routes de Saint-Jacques: il s'agit de voyager léger!
Christine Bolinne