L’Apocalypse est au centre du colloque qui se tient ces vendredi et samedi à Namur. L’objectif des organisateurs est double. D’abord, mieux faire connaître le Namurcensis, du nom du Manuscrit de l’Apocalypse de Namur, composé au XIVème siècle, et célèbre pour les 85 miniatures qui le décorent. Ensuite, proposer une série de regards croisés sur le texte de saint Jean, à travers des approches bibliques, culturelles, philosophiques, scientifiques…
Les organisateurs avaient voulu ouvrir le colloque au grand public. Et le moins que l’on puisse dire c’est que l’objectif est atteint. Pas moins de 250 personnes se sont inscrites à l’événement organisé par le Séminaire Notre-Dame, en partenariat avec l’IET et l’Université de Namur. Des participants issus de tous les horizons: prêtres, séminaristes, religieux, acteurs pastoraux et laïcs désirant en savoir plus sur l’Apocalypse de Jean et le Namurcensis.
La première partie du colloque s’est déroulée vendredi matin au Palais des Congrès. Catherine Vialle, docteur en théologie, professeur d’exégèse à l’Université catholique de Lille et professeur d’Ecriture Sainte au Séminaire de Namur, a accueilli les participants.
Yves Poullet, recteur de l’Université de Namur a pris ensuite la parole pour se réjouir de la tenue du colloque.
''Sous prétexte de mieux faire connaître le Manuscrit de Namur, cet événement nous rassemble autour d’un thème omniprésent dans notre imaginaire: l’Apocalypse. Durant deux jours, ce sujet sera abordé selon mille facettes. Si les Sciences religieuses seront présentes, les Sciences tout court ont aussi été sollicitées. De même que la musique, le cinéma, la littérature… C’est un voyage merveilleux que vous proposent les organisateurs.''
Cécile Crèvecoeur, échevine de la culture de Namur a souligné l’honneur que constituait l’organisation d’un tel colloque dans sa ville.
''Namur a à cœur de rendre les œuvres et le patrimoine attractifs en s’ouvrant à tous les publics. Un tel colloque contribue au développement de l’image de notre cité.''
''Même pas peur!''
La matinée du vendredi était consacrée à l’Apocalypse et la Bible. L’abbé Ionel Ababi a proposé un exposé centré sur l’Ancien Testament, et notamment le Livre de Daniel où se trouvent les racines de l’Apocalyptique. Un genre souvent associé à la violence.
Puis c’est le chanoine Joël Rochette qui est intervenu. Le président du Séminaire Notre-Dame a proposé une approche du texte de saint Jean sous l’angle de la peur. ''
Pour les lecteurs d’aujourd’hui, le monde décrit par l’Apocalypse est un univers effrayant fait de monstres, de dragons et de catastrophes'', dira-t-il. Mais s’il est vrai que l’Apocalypse exprime la peur, le livre aide aussi le lecteur à la gérer.
Ainsi, le texte exprime une série impressionnante de malheurs, mais il y a des pauses dans l’énumération, histoire de ''souffler un peu'', de conjurer les angoisses. De la même façon, l’Apocalypse décrit avec beaucoup de détails les violences humaines, physiques ou verbales. ''
Mais elle montre aussi les bonnes œuvres des hommes, dont la plus belle: chanter la gloire de Dieu'', dira Joël Rochette. Et de poursuivre: ''
L’Apocalypse utilise le symbolisme animalier. Des animaux parfois peu sympathiques. Pourtant, le texte place des bémols. Le dragon apparaît ainsi presque maladroit.'' Enfin, si l’Apocalypse va jusqu’au Mal radical – notamment en la personne du dragon qui évoque Satan – le texte déconstruit aussi la puissance du Mal. Bref, la peur est une réalité bien présente dans l’Apocalypse. Jamais le texte ne la supprime, mais elle aide le lecteur à la gérer.
Ateliers et suite du programme
Vendredi toujours, en début d’après-midi, les participants ont rejoint le Séminaire Notre-Dame pour la partie consacrée à l’Apocalypse en discours. Cinq ateliers étaient au programme: ''Littérature et apocalypses'', par Benoît Carniaux (IET - abbaye de Leffe), ''Ecologie et apocalypses'', par Anne-Marie Libert (SND), ''Sectes et apocalypses'', par Alain Thomasset (SND), ''Musiques et apocalypses'', par Bruno Robberechts (SND), et ''Médias et apocalypses'', par Tommy Scholtes (journaliste et porte-parole des évêques belges).
Le colloque se poursuivra ce vendredi soir et ce samedi.
Pour en retrouver le programme, cliquez ici. Le rassemblement s’achèvera le 20 février à 15h45 par la présentation de l’ouvrage du chanoine Rochette, intitulé ''Lueurs et tremblements'', et le vernissage de l’exposition. Vernissage au cours duquel Maxime Prévot – bourgmestre de Namur et ministre wallon du patrimoine –, ainsi que Mgr Rémy Vancottem prendront la parole.
L’exposition proposera une quarantaine de reproductions grand format des miniatures du Manuscrit de Namur, de même que des objets liturgiques et d’autres œuvres d’art inspirées de l’Apocalypse. Des vidéos complèteront le parcours, de même que des bornes interactives destinées à mieux connaitre le manuscrit et, plus largement, l’influence de l’Apocalypse de Jean sur l’histoire de l’art et la culture contemporaine. Une exposition à découvrir à la Bibliothèque Moretus Plantin de l’Université de Namur, du 20 février au 15 mars 2016, du lundi au vendredi de 9h à 17h.
A.S.