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16/3/2021
Entre confinement et déconfinement, l'abbé Conde Cid vit son ministère au Brésil
Depuis toujours, des prêtres diocésains choisissent de vivre, pour un temps plus ou moins long, leur ministère en dehors de nos deux provinces de Namur et de Luxembourg. L’abbé Juan Carlos Conde Cid en fait actuellement partie. En septembre 2019, il partait pour le Brésil. Il est chargé de cours au séminaire Redemptoris Mater de Brasilia. Sa mission est aussi pastorale. Et même si, au Brésil, les célébrations peuvent avoir lieu moyennant le respect de mesures sanitaires, elle est réduite. L’abbé Conde Cid parle des mois écoulés dans un pays pas plus épargné que le nôtre par le coronavirus.
L’abbé Conde Cid est installé dans son bureau noyé de soleil. Il vient de terminer le cours de droit canon qu’il donne aux séminaristes du séminaire Redemptoris Mater de Brasilia. Ils y sont une soixantaine à se former en espérant, un jour, devenir prêtre. Une petite pause avant de reprendre ses activités.
Prêtre du diocèse de Namur, l’abbé Conde Cid était, jusqu’à son départ, curé à Jambes-Velaine. Il profitait régulièrement de ses vacances pour s’envoler vers le Brésil et y faire de la pastorale, de la formation. L’abbé Conde Cid est un missionnaire dans l’âme soucieux de faire partager son amour pour le Seigneur. Depuis 2019 et jusqu’en septembre 2022, il est à Brasilia, dans la capitale fédérale du Brésil.
L’abbé Conde Cid en perdrait presque son sourire lorsqu’il entend ou lit dans la presse européenne que la situation liée à la Covid-19 est catastrophique au Brésil. « Derrière les commentaires, il y a beaucoup d’ignorance. C’est dommage. Bien sûr il y a eu beaucoup de décès, et chaque décès est un drame. Mais si on veut comparer avec d’autres pays il faut parler proportionnellement: on estime qu’environ 260.000 personnes ont perdu la vie pour une population de près de 210 millions d’habitants. Proportionnellement, j’ai le sentiment que la situation est plus critique en Espagne (ndlr : son pays). » Un prêtre bien conscient que la situation varie d’un quartier à l’autre de Brasilia. Comment comparer la vie dans les quartiers riches de la capitale à celle dans les bidonvilles. « Comment voulez-vous respecter la distanciation sociale dans les favelas, c’est de la rigolade. » Les moyens médicaux sont aussi bien différents au Brésil. « Sur combien de lits peut-on compter dans les services de soins intensifs… » ajoute, laconiquement, le prêtre. Un pays, comme le relève l’abbé Conde Cid, où le nombre de victimes parmi les personnes âgées n’a pas explosé. « Au Brésil, les personnes âgées ne vivent pas dans des maisons de repos, elles restent en famille. »

Des célébrations « essentielles »
Une pandémie qui a bien sûr un impact sur une part de sa mission. L’abbé Conde Cid était parti pour faire de la pastorale. Au Brésil, les célébrations religieuses sont aujourd’hui considérées comme essentielles et peuvent donc avoir lieu presque normalement. « On célèbre et sans mettre la vie des gens en danger. Il s’agit de respecter une distance de 2 mètres entre les personnes. Avant d’entrer dans l’église, on prend la température de chacun et puis il y a bien sûr le nettoyage des mains au gel. » L’abbé Conde Cid célèbre donc très régulièrement. Mais dans un pays aussi jeune où la foi est chevillée au corps, la pastorale est importante. « Elle devrait être bien plus importante que les quelques réunions que j’ai pu avoir avec les jeunes. »
Un prêtre inquiet justement pour les jeunes. Pour autant qu’ils soient inscrits dans une école publique, ils ne peuvent plus suivre les cours : ces écoles publiques sont fermées depuis un an. L’abbé Conde Cid n’hésite pas à partager ses craintes par rapport à l’avenir de cette partie de la population. « C’est leur avenir qui est en danger. »
L’abbé Conde Cid est ainsi plus présent auprès des séminaristes du séminaire Redemptoris Mater de Brasilia. « Nous sommes confinés mais privilégiés » ponctue le prêtre. Les vastes bâtiments sont entourés d’un parc immense où il est possible de se promener, de faire du sport… « Cela n’empêche pas d’être heureux quand nous avons l’occasion de rencontrer d’autres personnes. Notre vie est rythmée par la prière, la liturgie, les cours. Nous recevons des demandes de prières des familles pour une personne gravement malade qui est entrée aux soins intensifs voire décédée. Ces demandes aident les plus jeunes séminaristes à prendre conscience de la mort. »

Et demain ?
L’abbé Conde Cid ne peut s’empêcher de s’interroger quant à l’avenir. Que sera demain ? « L’Union Européenne, rappelle-t-il avec optimisme, est née au lendemain de cette seconde guerre mondiale. Les pays voulaient trouver une manière de consolider la paix... »
Un prêtre qui a une pensée pour les prêtres en paroisse. « Ils vivent une situation difficile. » Et de poursuivre : « Des sociétés qui veulent mettre la foi de côté ne sortiront pas meilleures de cette crise… »
Christine Bolinne

(Photo de 2019)
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