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31/3/2015
En prison, Jean-Marc Mahy a ''retrouvé'' Dieu
La conférence à peine terminée, Jean-Marc Mahy retrouve sa sérénité en fumant une cigarette. Jean-Marc Mahy est éduc'acteur, un métier pas comme les autres pour un homme au parcours pour le moins déroutant. A 46 ans, ce Namurois a passé dix-huit ans, dix mois et dix-sept jours en prison et dix ans en libération conditionnelle. Il a choisi de monter sur les planches pour expliquer combien il est facile de déraper et de plonger. ''Un homme debout'', c'est son histoire. Une (re)naissance dans laquelle la foi occupe une place importante.
''Les hommes construisent trop de murs et pas assez de ponts'', une phrase du philosophe américain Isaac Newton que Jean-Marc Mahy prononcera, à plusieurs reprises, lors de la conférence qu'il donnait à l'université de Namur. Les murs, il les connaît par cœur surtout ceux d'une prison! Jean-Marc Mahy avait 17 ans lorsqu'il est incarcéré suite au meurtre d'un octogénaire, un cambriolage qui tourne mal. Deux ans plus tard, nouveau meurtre lors d'une tentative d'évasion de la prison d'Arlon. ''Aujourd'hui, j'ai payé ma dette à la justice mais pas à la société''.
Après près de 19 ans derrière les barreaux, il aime se décrire comme un homme qui se met ou plutôt se remet debout. Depuis qu'il est sorti de prison, c'est un autre combat qu'il mène. Pas simple de trouver un logement, de décrocher un travail quand on a une étiquette sur laquelle est écrit ex-détenu collée sur le front.
En onze années, il ne compte plus les déménagements. ''Aujourd'hui, j'ai un propriétaire qui me fait confiance.'' Difficultés encore pour décrocher un travail: ''Je suis sorti de prison avec un diplôme de l'université de la patience. J'assume ce que j'ai fait. J'ai appris que si dix portes se ferment devant moi, la onzième va s'ouvrir.''
Jean-Marc Mahy multiplie les conférences. Il va dans les écoles, les IPPJ (institutions publiques de protection de la jeunesse), il donne des formations aux gardiens de prison... et il raconte encore et encore. Il parle de la délinquance, de la prison, de l'après prison. ''J'aime à dire qu'aucun être humain n'est venu au monde comme criminel. Chacun a des qualités, une richesse en lui. Avec une arme à feu en main, on a subitement un sentiment de toute puissance. Vous savez Rambo, c'est dans les films. Dans la vraie vie cela se termine en prison ou au cimetière.''
Un témoignage percutant mais aussi émouvant quand il explique comment il a dérapé. Rien de plus simple: par amour ou plutôt par manque d’amour. L’attention qu’il ne trouvait pas à la maison il l’a trouvée dans une bande. Une attention loin d’être désintéressée des membres de la bande face à un jeune prêt à tout –même à cambrioler - pour que l’on soit fier de lui...
Jean-Marc Mahy n’hésite à dire: ''Ceux qui pensent que la prison est la solution sont à côté de la plaque. La prison reste un lieu d'exclusion et pas de punition.''
Pendant ses années de détention, Jean-Marc Mahy a lu, trois fois, le Nouveau testament. Il découvre que c’est en lui qu’il va trouver la force de s’en sortir. Il s’est aussi penché sur les psaumes allant jusqu’à les réécrire pour donner à ces textes sa propre coloration, sa sensibilité.
Il y a quelques jours, Jean-Marc Mahy était en Tunisie pour présenter ''Un homme debout'', une réflexion née de ses trois ans en isolement, trois années où justement il a pris le temps de se nourrir spirituellement. Avant de s’envoler pour la Tunisie, Jean-Marc Mahy avait choisi de passer du temps dans une abbaye… pour se retrouver et aussi pour prier.
C.B.
Photos: Xavier Léonard sj
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