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4/11/2022
Les aumôniers militaires
En ce mois de novembre, où nous fêtons l’Armistice le 11, intéressons-nous aux aumôniers militaires. Quelles sont leurs missions, leurs défis ? Rencontre avec le chanoine Xavier Van Cauwenbergh, aumônier à la Caserne du Génie à Amay et avec l’abbé Nicolas Baijot, aumônier à la Caserne Camp Roi Albert à Marche-en-Famenne.
« Je me souviens, il y a quelques mois, le jour du mercredi des Cendres, j’étais là au ‘kiss & go’ quand les militaires belges sont partis pour la Roumanie, pour rejoindre le conflit russo-ukrainien. Oui, un militaire doit toujours être prêt à donner sa vie et à partir, mais il y avait là un soldat qui laissait derrière lui un nouveau-né, un autre son épouse enceinte… On ne sait jamais ce qui peut se passer et comment va évoluer un conflit… » raconte l’abbé Nicolas Baijot. « Mais c’est là notre rôle principal : être présent, être à l’écoute. » En effet, la mission essentielle de l’aumônier militaire est d’accompagner et de soutenir les militaires et leurs familles, en étant pour tous une présence consolatrice et fraternelle. Les militaires doivent parfois affronter des difficultés, ont des interrogations, des soucis et des peines… Et alors, se confier fait du bien.

En plus d’être présent aux fêtes « de la caserne » comme les fêtes patronales - et les militaires tiennent énormément à la fête de leur saint Patron ! - et les célébrations patriotiques, quelques-uns font appel à leur « padre » pour leurs événements privés comme la célébration de baptêmes, de mariages, de funérailles. « Un papa militaire souhaitait faire baptiser son fils, mais il n’avait lui-même jamais fait sa première communion. Au fur et à mesure des discussions, le papa s’est mis à cheminer davantage et maintenant, c’est lui qui demande une préparation à ce sacrement » confie l’abbé Nicolas. « Ces sacrements sont notés dans un registre à part et seront repris à Bruxelles. » En effet, les aumôniers militaires font partie du diocèse aux Forces Armées dont l’évêque est Mgr Jozef De Kesel, archevêque de Malines-Bruxelles. La direction générale est assurée par le chanoine Johan Van den Eeckhout. L’église Saint-Jacques sur Coudenberg à Bruxelles est l’église du diocèse aux Forces Armées. « Certains considèrent leur padre comme leur curé. Par le fait d’être padre, nous pouvons aller célébrer partout, aussi en-dehors des églises du diocèse de Namur » précise le chanoine Xavier.

Mais, comment devient-on aumônier militaire ? « On m’avait déjà posé la question, mais j’étais à l’époque le secrétaire de Mgr Vancottem, ce qui me prenait beaucoup de temps. Du coup, évidemment, quand je n’étais plus son secrétaire, on m’a reposé la question et j’ai accepté. Cela prend en théorie 1 jour par semaine, mais c’est adapté selon les demandes, les besoins » explique le chanoine. « Pour moi, c’est différent » poursuit l’abbé Baijot « j’étais déjà militaire de carrière à Jambes. J’ai senti mon appel et j’ai quitté la caserne pour entrer au Séminaire. Je n’étais pas du tout surpris qu’on me rappelle dès mon retour de Rome, pour devenir aumônier » dit-il en riant. « Du coup, je connais bien le vocabulaire militaire, la hiérarchie, les procédures à respecter, etc. C’est peut-être plus facile pour moi de créer du lien, d’être avec eux. » Mais établir un contact ne se fait pas qu’à la chapelle, loin de là. « Il faut passer du temps avec eux, boire un café, papoter, et souvent, des questions éthiques ou spirituelles surgissent. Même s’il y a une ‘permanence’ c’est souvent ailleurs que les liens se créent. Ils nous font réfléchir aussi, quand parfois ils nous posent la question « mais à quoi tu sers ? » relate le chanoine Xavier.

Chaque année, il y a le PMI (Pèlerinage Militaire International) à Lourdes où des milliers de militaires de différentes nations se retrouvent. « C’est la Flamme de la Paix qui ouvre le pèlerinage international. Cette année, j’ai accompagné le pèlerinage et j’y ai prêché la messe. » raconte l’abbé Nicolas. « En fait il y a encore pas mal d’éléments religieux présents dans les casernes ; la plupart des casernes ont une chapelle et installent une crèche à Noël. Les médailles et les bérets sont bénis avant d’être remis. Et chaque unité a son saint Patron spécifique. Nous ne pouvons pas porter le col romain car on ne peut pas mélanger les habits civils et les habits militaires, mais on a un insigne bien spécifique comme aumônier catholique. » poursuivent-ils.

« Récemment, en quittant la caserne, j’étais presque en retard pour la messe dans ma paroisse. Je n’ai pas eu le temps de repasser par le presbytère avant et donc c’est en habits de militaire que je suis entré dans mon église, pour aller me changer à la sacristie. Les paroissiens déjà présents dans l’église ont tous eu peur : ils ont cru que je partais à la guerre ! Après les avoir rassurés, et avoir rigolé, c’était quand même l’occasion de rappeler de prier pour la paix en Ukraine et ailleurs, comme le pape le demande. » se rappelle l’abbé Baijot.

Véronique Joos
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