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10/12/2013
Au printemps, le padre Nicola Iachini retrouvera son Italie natale
En décrochant son téléphone, le Padre Nicola Iachini lance un tonitruant ''pronto''... de quoi décontenancer plus d'un interlocuteur! Lui, il en sourit. Le padre Iachini malgré toutes ces années passées sous le ciel si souvent gris de la Belgique n'a rien perdu de son accent chantant. En mars prochain sonnera l'heure de la retraite pour celui qui a fondé le Centre des Italiens de la Basse-Sambre. Il quittera la Belgique pour son Italie natale où il passera sa retraite. Ce départ sera un moment difficile. Rien que d'y penser, il est envahi par l'émotion. Ses bagages seront bien plus lourds qu'à son arrivée. Ils sont chargés de ses souvenirs bien sûr. Il emmène aussi au pays, les centaines de crèches du monde entier collectionnées au fil des années. Des crèches qu'il a présenté en Basse-Sambre mais pas seulement....
''Je vais au soleil'' s'exclame le padre. Une perspective qui ne peut que le réjouir - et on le comprend - mais qui lui fait aussi monter les larmes aux yeux. Arrivé en Belgique pour trois années... il y sera resté finalement 41 ans. Cela en fait des souvenirs, des rencontres, des émotions... Ce sont aussi plus de 40 années passées au service de la mission italienne: ''J'aurai bientôt passé ici plus de la moitié de ma vie'' lance-t-il, laconique.
Originaire d'Acquasanta, pas très loin de Rimini, le padre Iachini est l'aîné d'une famille de quatre enfants. ''L'aîné c'est le chef'' ponctue le padre. Un enfant qui, très vite, a été séduit par un père Franciscain qui passait dans les villes, dans les villages et parlait de la mission. Un véritable déclic chez ce jeune qui décide, à son tour, de devenir missionnaire. ''Je devais partir en Argentine mais mon père était malade alors j'ai retardé mon départ. Et puis j'ai choisi, annonce-t-il dans un large sourire, la Belgique, la plus belle nation d'Europe. J'avais aussi accepté cette mission en Belgique car mon père avait travaillé dans la mine. Il est mort à 57 ans terrassé par la silicose.''
Son contrat stipule qu'il passera trois années en Belgique. Il arrive, dans notre pays, comme aumônier pour les Italiens émigrés de la Basse-Sambre mais aussi d'une zone bien plus vaste qui allait de Gembloux à Dinant. Il est là où on le demande pour célébrer, en italien bien sûr, les mariages, les baptêmes, les funérailles... Le soir, il rend visite aux familles: il apprend à les connaître. ''A cette époque-là, je parlais très peu le français. Alors, j'ai pris des cours.''
Dans les années 70, le padre achète une maison rue des Glaces à Auvelais. Elle devient le siège du Centre des Italiens de la Basse-Sambre avant de se transformer, quelques années plus tard, en Centre d'Animation Interculturelle de la Basse-Sambre. Le padre est aux côtés de ses compatriotes. Il sait combien ils souffrent de la distance qui les sépare du pays. Alors, il ne compte pas ses heures, ne ménage pas ses efforts pour les aider à s'intégrer notamment en leur proposant des ateliers photos, de cours de peinture, de l'alphabétisation.... Le Franciscain est encore très proche des jeunes: ''Ils se sentaient à moitié italien et à moitié belge. Et finalement, ils ne savaient plus qui ils étaient.''

Des sapins, des pères Noël mais pas de crèches
A quelques jours de son premier Noël en Belgique, le padre est sous le choc: il y a très peu de crèches installées dans la région. Lors d'un vernissage d'une exposition de crèches, il disait. ''Je suis Franciscain, c'est quand même saint François d'Assise qui a créé la première crèche vivante. Je ne pouvais pas, en arrivant en Belgique, imaginer qu'il y ait aussi peu de crèches. Les gens installaient des sapins, des guirlandes mais pas de crèches. La crèche, c'est important, c'est la naissance de Jésus dans une étable.''
Il relève le défi et présente ses crèches. Lors de la première exposition, il installe 150 crèches. Lors de la dernière édition, il y en avait plus d'un millier! Elles représentent l'artisanat du monde entier. Beaucoup ont été reçues en cadeau d'autres ont été achetées. L'exposition des crèches du padre Iachini aura été, pendant des années, un des temps forts de la vie de la Basse-Sambre. Des crèches qui ont aussi été présentées à Bruxelles, à Gand, à Paris... La reine Paola fera partie des visiteurs.
Le padre va les emmener en Italie, dans le couvent où il va passer les prochaines années. ''Il y a de la place'' lance-t-il l'oeil rieur. Les crèches soigneusement emballées voyageront en camion. Le padre rêve déjà de présenter, en Italie, les différentes pièces d'une collection qui a fait briller les yeux de tant de visiteurs belges.
On lui doit encore une exposition sur la mine et le travail des mineurs: elle recevra la visite de milliers d'écoliers et même d'Elio Di Rupo, le premier ministre. ''Avec un mineur, je suis aussi allé dans les écoles pour parler de ce métier si pénible. Les enfants ne savaient pas, ne connaissaient pas. Pour moi, il était impensable de perdre la mémoire du sacrifice de beaucoup.''

''Un homme de coeur, de conviction, un homme rare...''
Et ce ne sont là que quelques facettes de son travail en Belgique. Le padre est un homme unanimement apprécié. Le député-bourgmestre Jean-Charles Luperto le soulignera en lui remettant la médaille de citoyen d'honneur de Sambreville: ''Le padre Iachini fait partie de notre histoire populaire et collective locale. Fervent défenseur de notre patrimoine industriel et acteur majeur de la vie associative de la Basse-Sambre, poursuivant inlassablement vos objectifs humains de services aux autres, je salue ici l'oeuvre qui fut la vôtre durant 41 années passées aux côtés de nos concitoyens. Padre Iachini, vous êtes un homme de coeur, un homme de conviction, un homme rare dont l'action est unanimement saluée.'' Ce n'était pas la première fois que le futur retraité était fait citoyen d'honneur. La première fois c'était à Ancona, une ville d'Italie détruite par un terrible tremblement de terre. Le padre restera près d'une année auprès des victimes organisant des permanences sociales, des moments de détente autour de la musique, de projections de films. ''J'ai dormi dans des tentes avec les jeunes. La nuit, nous étions souvent réveillés par de nouvelles secousses.''

Grand voyageur
Le padre est aussi un grand voyageur. Outre des vacances annuelles en Italie, juste pour replonger dans ses racines, il est un habitué des Etats-Unis. Il vient d'y séjourner pour, avec d'autres Franciscains, préparer des colis de vêtements à envoyer en Afrique, en Equateur, en Bolivie... Cette année, pour la première fois, il passera Noël au pays. ''Je serai auprès de la mama'' dit-il. Avant d'ajouter tristement. ''Ici en Belgique, les gens réveillonnent et ils ne sont pas nombreux à venir à la messe de minuit. Si des Italiens le désirent ils peuvent assister à une célébration en français, la langue n'est plus un obstacle. Dans le couvent où je vais vivre, le dimanche, il y a quatre messes et l'église est à chaque fois remplie. En août dernier, j'y ai confessé. En un mois, j'ai confessé plus qu'en 40 ans en Belgique! Je dois bien reconnaître que ça décourage.''
C'est au couvent franciscain Santuario Giacomo Della Marca à Monteprandone (nord-est de Rome) qu'il va vivre. La prière occupera une large place dans ses journées. Il sera aussi ''sur le terrain''. ''Tout ce que je sais c'est que je ne veux pas devenir supérieur. Toute ma vie je ne l'ai été que de moi...''
Christine Bolinne
Une messe sera célébrée le 30 mars prochain à 15h à l'église Saint-Victor. Une messe pour remercier le padre pour tout le travail effectué.
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