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20/4/2010
Firmin Decerf, un organiste qui vous emmène vers l'infini
Les doigts de Firmin Decerf courent aussi vite sur le bureau que sur le clavier de l'orgue! L'orgue, compagnon de toute une vie consacrée à la musique. Firmin Decerf est organiste liturgique. Professeur -aujourd'hui à la retraite-, improvisateur hors pair, il est titulaire de l'orgue de l'église Saint-Pierre à Bastogne. Un orgue sur lequel il travaille, chaque jour, entre 4 et 5 heures. Ajoutez encore vingt minutes de piano durant lesquelles, Firmin Decerf peaufine sa technique. Un musicien a beau avoir, derrière lui, de belles et longues années de pratique d'un instrument, pour être à la hauteur lors d'un concert, il doit travailler et encore travailler. Et des concerts, il en donne plusieurs par an: chez nous comme à l'étranger. Une date à bloquer dans votre agenda: le 18 juin. A l'occasion de la fête de la musique, Firmin Decerf vous offrira une ballade musicale sur les trois orgues des trois églises d'Arlon!

Il paraît que déjà tout petit, Firmin Decerf avait un sacré sens du rythme. A deux ans, il battait la mesure comme personne. Firmin Decerf éclate de rire en racontant cette anecdote rapportée par sa famille. Le musicien retrouve très vite son sérieux pour évoquer une émotion musicale qui lui revenait... chaque semaine. Une émotion qui allait orienter sa vie. Le jeudi, sa maman, écoutait la messe, retransmise par radio Luxembourg. Une messe à destination des malades. "Je me revois encore: je me collais l'oreille contre la radio et j'écoutais l'orgue. J'étais fasciné. Ça ne s'explique pas ce que je ressentais."
Sa maman l'encourage dans cette voie: elle lui parle de la beauté, de la musicalité de l'orgue... Elle aime la musique tout comme l'aimait son mari tué lors de la guerre. La famille habitait déjà Bastogne et, lors de la dernière guerre, cette région n'a guère été épargnée. Lorsque cette tragédie touche la famille, Firmin n'a que deux ans.

L'improvisation? Le bonheur
Les années passent. Firmin apprend le solfège, découvre le piano... Et à 15 ans, il se retrouve, la nuit de Noël, à jouer de l'harmonium pour la messe de minuit. "J'étais attéré. J'avais un trac fou." Ce premier rendez-vous musical avec le public est un succès. Il s'inscrit au Séminaire de Bastogne et poursuit sa formation. Assez vite, notre Bastognard se rend compte qu'il aime le piano tout en aspirant à découvrir un autre instrument qui répondrait plus à sa spiritualité. Sur le conseil de ses professeurs, il s'inscrit à l'Institut Lemmens (Malines-Louvain) et y apprend l'orgue et plus spécialement l'orgue liturgique. Firmin Decerf est comblé. "L'orgue donne, dit-il avec passion, une notion d'infini." L'orgue qui lui permet d'improviser: du pur bonheur pour Firmin Decerf. "J'ai découvert l'improvisation à l'institut Lemmens. Je dois bien reconnaître que j'ai un don pour cette discipline." Ce don, il le travaille encore, à Paris, avec Pierre Cochereau (titulaire de l'orgue de Notre-Dame).
Des moments musicaux qui donnent lieu à des enregistrements: "Le Chemin de la Croix et de la Résurrection" est salué très positivement par la critique lors de sa sortie, en 2001. Même accueil pour "20 Méditations Symphoniques improvisées sur les Mystères du Rosaire". A la demande de Craig Cramer, professeur d'orgue à l'université d'Indiana aux USA, il compose "Une étoile dans la nuit". Un hommage, à l'occasion du 60eme anniversaire de la Bataille des Ardennes, aux Américains tombés durant la guerre. Une facilité pour l'improvisation qui lui a encore valu de participer, en France, à des "ciné-concerts": un film muet -le plus souvent datant des années 20- est projeté sur écran géant, l'organiste étant, par son jeu, chargé de faire passer les émotions.

Avec les mains... et les pieds
Aujourd'hui à la retraite, Firmin Decerf a plus de temps pour se consacrer à l'orgue. Chaque jour, il passe plusieurs heures à l'église Saint Pierre de Bastogne. "J'aime jouer dans les églises, l'acoustique y est très bonne et j'ai une impression d'envolée, d'infini". Il fait aussi le bonheur des personnes qui viennent s'y recueillir. "Elles aiment bien quand je joue raconte Firmin Decerf. J'habite les lieux avec ma musique. Moi, j'aime bien m'interrompre pour parler avec ces visiteurs: être toujours seul face à son instrument, c'est parfois pénible. Beaucoup me disent: 'depuis toutes ces années, pourquoi travaillez-vous autant? Ça vient tout seul, non?' ". Et bien non justement, "ça ne vient pas tout seul." Firmin Decerf: "Je dois travailler tous les jours. Le concert c'est un peu comme les vendanges pour le vigneron, c'est le moment où l'on récolte les fruits de longues heures de travail".
Les amoureux de l'orgue savent qu'en passant par l'église de Bastogne leurs oreilles seront comblées. Il y a quelques années, on venait à Bastogne pour le spectacle que l'organiste constituait à lui seul: en même temps qu'il jouait de l'orgue, il dirigeait aussi la chorale! Beaucoup de choses passaient dans le regard, dans l'expression du visage de l'organiste-chef de choeur mais aussi à travers la main gauche, pas indispensable -c'est Firmin Decerf qui l'affirme- pour faire vibrer l'orgue! Avec Firmin Decerf, la musique, c'est physique!
Aujourd'hui, Firmin Decerf savoure le plaisir de jouer tout son saoul. Un plaisir qu'il avait dû mettre entre parenthèses. Sa carrière de professeur lui prenait beaucoup de temps. Il a enseigné l'orgue mais aussi l'improvisation, l'accompagnement de chant liturgique... à l'Imep (Institut Supérieur de Musique et de Pédagogie) à Namur. Il a formé, entre autres, Emmanuel Clacens qui tient les orgues de la cathédrale de Namur ou encore Benoît Mernier (compositeur connu dans le monde entier) qui lui a succédé comme professeur à l'Imep. Tous se retrouvent régulièrement lors de concerts ou encore de festivals d'orgue. D'ici quelques semaines, Firmin Decerf sera à Vichy avec les plus grands spécialistes de la discipline. En novembre, ce sera Nice pour un concert qu'il donnera avec Grégory, son fils cadet. Un moment privilégié où le père organiste et le fils chanteur se produiront ensemble. Le virus musical continue donc à gagner du terrain chez les Decerf. La seule à ne pas pratiquer un instrument, c'est Brigitte, l'épouse de Firmin depuis 40 ans maintenant. Mais, la musique elle l'aime, heureusement! Brigitte assure l'intendance lors des concerts, veillant au bien-être de "ses" artistes.
Christine Bolinne

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