''S'il n'y a même qu'un seul jeune, dans une paroisse, qui ait envie de partir, il faut l'aider, l'encourager, l'entourer. Prendre la décision de partir, c'est finalement le plus dur.'' Mgr Vancottem, évêque de Namur, est plus qu'enthousiaste face à ces JMJ qui se déroulent cet été en Espagne. Mobiliser les jeunes pour partir à l'autre bout du monde, c'est plus compliqué. Et surtout cela a un coût. Ici, c'est différent, ces JMJ à Madrid sont accessibles même aux petits budgets. Mgr Vancottem a vécu les différentes éditions des JMJ qui ont eu lieu sur le sol européen: Rome, Paris, Czestochowa, Cologne... En tant qu'évêque référendaire pour la pastorale des jeunes, il était ''sur le terrain''. Il sera aussi à Madrid. ''C'est un moment très fort à vivre surtout depuis 1997. Lors des JMJ à Paris, il y a en effet eu un tournant. La décision a été prise d'organiser des pré-JMJ. Des rassemblements de masse autour du pape c'est très beau mais ils peuvent rester fort superficiels. Je serais d'ailleurs assez critique face à cette organisation si les JMJ ne se résumaient qu' à cette mobilisation. Alors si on peut y ajouter une touche supplémentaire.'' Et c'est précisément l'objectif que Mgr Lustiger alors archevêque de Paris voulait poursuivre en organisant ces pré-JMJ.

Pas ridicule d'avoir la foi
Les jeunes qui parlent la même langue se retrouvent durant quatre voire cinq jours pour, en plus petits groupes, participer à des catéchèses, à des temps d'approfondissement de leurs convictions, des moments de prières.... ''Une fraternité va naître lors de ces rencontres. Ces pré-JMJ sont des lieux de crédibilité, souligne Mgr Vancottem. Et lorsque les JMJ démarrent, ces jeunes sont déjà très riches de partages. Ce qu'ils ont vécu, c'est un crédit pour l'avenir. Ils ont pu se rendre compte qu'être chrétien a un sens. Pour nous, en Europe occidentale, l'Eglise est confrontée au sécularisme, à la laïcisation de la société alors c'est important que les jeunes puissent rencontrer d'autres jeunes qui, comme eux, ont la foi. Ils peuvent parler de leur foi sans craindre d'être ridicules. Lors des catéchèses, des rencontres, ils posent des questions. Ils constatent que leurs préoccupations sont aussi celles de centaines d'autres jeunes qui vivent pourtant peut-être dans des pays moins réfractaires à la religion que le nôtre. Ils voient qu'ils ne sont pas seuls à croire. Cela fait beaucoup bien. J'ai pu vérifier qu'il existe vraiment une solidarité dans la recherche de la foi.'' L'évêque de Namur se souvient ainsi de la confidence reçue d'une jeune femme. Elle avait osé dire à ses collègues qui l'interrogeaient sur ses vacances qu'elle avait participé aux JMJ. Elle reconnaissait avoir puisé la force d'exprimer ses convictions lors de ce rendez-vous entre jeunes du monde entier. ''Aujourd'hui, ajoute Mgr Vancottem, le tabou est religieux.''
Mais les JMJ ne seraient pas les JMJ sans ces veillées ou ces eucharisties vécues par des centaines de milliers de personnes rassemblées devant le pape. Mgr Vancottem apprécie bien sûr. ''On ressent ce feu, cette exaltation qui vient de la foule. Cela se vit tout particulièrement lorsque le pape salue des délégations de chacun des pays.'' Un enthousiasme communicatif. Mgr Vancottem reconnaît volontiers s'être déjà laissé emporter par cette ferveur. ''Cela n'empêche pas l'eucharistie d'être fervente, de se dérouler dans un profond silence. Je suis chaque fois étonné.''

Sans complexe
Comme il était dommage de ''limiter'' ces JMJ à des rassemblements de masse, il était tout aussi regrettable que ces temps ne soient pas suivis de rendez-vous réguliers. Mgr Vancottem et Mgr Hoogmartens, évêque référendaire de la pastorale des jeunes mais côté flamand ont eu l'idée d'organiser la ''Marche des Rameaux''. Un week-end pour marcher mais aussi pour poursuivre les réflexions entamées lors des JMJ, pour oser s'affirmer comme chrétien. C'est aussi une opportunité idéale pour ceux qui veulent participer aux JMJ de se rendre compte de l'ambiance qui peut y régner, de l'esprit qui y souffle. Mgr Vancottem comme les évêques belges participent. Ils marchent avec les jeunes. ''Lors de la veillée qui a lieu à la basilique de Koekelberg, il est proposé aux jeunes un temps de réconciliation. Ce temps est très fort. On sent que les jeunes ont besoin de parler et en profondeur. Il faut prendre le temps de l'écoute car c'est souvent aussi le début d'un cheminement. Les jeunes viennent recevoir le sacrement de réconciliation sans complexe. La Marche des Rameaux comme les JMJ sont pour nous les évêques un véritable bain de jouvence.''

En direct de Madrid... à Beauraing
A quelques semaines de ces JMJ, Mgr Vancottem n'a qu'un espoir que les jeunes et plus spécialement ceux du diocèse prennent la décision de s'inscrire. L'évêque compte sur les prêtres et surtout les jeunes prêtres, les communautés, les associations pour organiser des temps d'information, inviter des anciens participants à venir témoigner...
Et pour ceux qui ne pourraient pas partir, Beauraing se mettra à l'heure de Madrid les 20 et 21 août lors du week-end de clôture des JMJ. La veillée du samedi soir comme la messe présidée par le pape, le dimanche seront retransmises en direct, sur grand écran. L'abbé Olivier Fröhlich responsable national francophone de la pastorale des jeunes: ''Nous voulons ainsi donner l'opportunité à des jeunes qui ne pourraient pas aller en Espagne de vivre l'événement en direct. Ils pourront dormir sur place, nous avons déjà pris des contacts avec plusieurs écoles de la région. Un temps de catéchèse est encore programmé.'' Des activités qui sont préparées avec le diocèse de Cambrai lui aussi soucieux de permettre à ''ses'' jeunes de vivre les JMJ en direct de Madrid.
Pour plus d'informations sur les JMJ ou encore sur la Marche des Rameaux, il suffit de contacter ''Coup de pouce'' la pastorale des jeunes du diocèse de Namur au 081/25.64.86 ou encore www.coup-de-pouce.be
Christine Bolinne
Photo de Mgr Vancottem: Stéphane VanMalderen