Jeunes Vie du Diocèse Formations Agenda

 Retour à la liste
2/9/2014
Une messe du souvenir pour commémorer les 100 ans de la Bataille de la Sambre
Les 22, 23 et 24 août derniers, l’asbl ''Centenaire 14-18 en val de Sambre'' et les entités de Sambreville, Mettet, Fosses-la-ville et Aiseau-Presles commémoraient le centenaire de la Bataille de la Sambre, qui fit rage en août 1914. À cette occasion, une dizaine d’événements étaient organisés un peu partout dans les communes participantes, et notamment une messe à la mémoire des victimes civiles et militaires, célébrée en l’église des Alloux de Tamines, par Mgr Pierre Warin, évêque auxiliaire.
Du 21 au 23 août 1914, la Ve armée française affrontait les troupes allemandes le long de la Sambre, sur une ligne de front s’étendant de Namur à Charleroi. Pendant trois jours, ils seront des milliers à tomber sous les mitrailleuses et les obus allemands. Un affrontement entre Français et Allemands qui se soldera par l’incendie de nombreux villages de la région et par la mort de centaines de civils, notamment à Tamines, où plus de 380 personnes perdront la vie, assassinées par les troupes allemandes.
100 ans après, d’importantes commémorations ont remis en lumière ces tragiques événements, dont un hommage national aux deux nécropoles françaises du Phare Breton (Auvelais) et de la Belle-Motte (Aiseau-Presles), mais encore un spectacle-hommage aux victimes du massacre de Tamines, ou une reconstitution des combats de la Belle-Motte.
Le dimanche 23 août à 10h avait lieu également une messe à la mémoire des victimes civiles et militaires, célébrée en l’église des Alloux de Tamines, par Mgr Pierre Warin. Le député-bourgmestre, Jean-Charles Luperto, présent à la célébration, a tenu à associer l’évêque auxiliaire au dépôt de fleurs qui a suivi.

Homélie prononcée par Mgr Warin à l’occasion de la messe d’hommage
4 août 1914: les Allemands franchissent la frontière belge. Notre pays a rejeté l’ultimatum par lequel ils nous demandaient de traverser librement notre territoire pour attaquer la France. A la Chambre, le Roi Albert s’adresse au pays: ''L’intégrité de notre territoire est menacé. Il nous faudra résister et défendre nos foyers.''
Le plan allemand était d’atteindre Paris en quatre semaines. Nos compatriotes vont contrarier l’avancée allemande. La région de la Basse-Sambre et en particulier la ville de Tamines ont payé un lourd tribut. En témoigne le petit cimetière entourant l’église Saint-Martin qui recèle les tombes de 384 malheureux civils.
Le 22 août 1914, des centaines de civils sont faits prisonniers dans cette église des Alloux. Les hommes en sont expulsés de force et emmenés, par la rue de la Station en feu, sur la Place Saint-Martin en bord de Sambre, où les Allemands font feu sur eux. Certains civils réussissent à se jeter dans la Sambre. Mais des soldats placés sur le pont tirent sur tout ce qui surnage. Sur la place, les survivants sont achevés à la baïonnette. La sauvagerie a été inouïe. Il est huit heures du soir.
Chaque année, Tamines se souvient. 100 ans plus tard, le devoir de mémoire ne faiblit pas.

Un soir de Noël durant la guerre
Amis, permettez-moi d’évoquer un fait de la Grande Guerre qui indique un chemin, nourrit une espérance, ouvre un avenir. Cela s’est passé une veille de Noël sur le front atroce des tranchées.
Un témoin raconte. Nous espérions en ce 25 décembre une journée plus calme, sans trop y compter: on nous avait mis en garde contre la possibilité d’une attaque allemande visant à nous prendre par surprise. Le 24 au soir, je suis allé à l’abri pour me reposer et, couché sur mon paletot, je me suis endormi.
Mon ami John m’a réveillé en me secouant: ''Viens voir ce que les Allemands sont en train de faire.'' J’ai pris mon fusil, ai passé avec précaution ma tête par-dessus les sacs de sable. Et j’ai vu des tas de petites lumières qui brillaient tout au long de la ligne allemande. ''Qu’est-ce que c’est?'', ai-je demandé. John m’a répondu: ''Des sapins de Noël.'' Oui, c’étaient des sapins de Noël que les Allemands avaient disposés devant les tranchées avec des lanternes et des bougies.
Puis nous avons entendu des voix qui chantaient: ''Stille Nacht, heilige Nacht'' (Douce nuit, sainte nuit). Une fois le chant terminé, les hommes de nos tranchées ont applaudi. Oui, des soldats britanniques ont applaudi des Allemands.
Puis un des nôtres s’est mis à chanter, en anglais bien sûr. A vrai dire, nous n’étions pas aussi performants que les Allemands, mais ils ont répondu en applaudissant avec enthousiasme. Et ils ont entamé un autre chant: ''O Tannenbaum, O Tannenbaum'' (Oh mon sapin roi des forêts).
Nous avons répondu en chantant: ''Peuple fidèle, le Seigneur t’appelle. C’est fête sur terre, le Christ est né''. Cette fois, leurs voix se sont jointes aux nôtres et tous en latin nous avons chanté: ''Adeste fideles''. Des Britanniques et des Allemands qui chantent à l’unisson…
Un officier allemand a crié: ''Anglais, venez ici. Vous ne tirez pas. Nous ne tirerons pas non plus.'' En quelques minutes, des centaines de soldats et d’officiers de chaque côté se serraient la main dans le no man’s land, alors qu’ils avaient essayé de se tuer quelques heures auparavant.

23 août 2014: que pouvons-nous faire pour la paix?
Pouvons-nous seulement faire quelque chose quand de par le monde des peuples s’entre-déchirent et quand le désir de haine l’emporte sur la paix?
Je suis persuadé que oui. Je m’explique en vous proposant ce petit conte.
Un jour, la colombe (symbole de paix) demanda à la mésange: ''As-tu déjà estimé le poids d’un flocon de neige?'' La mésange répondit: ''C’est moins que rien.'' Et la colombe de poursuivre. Il était une fois un sapin. Sur une de ses branches étaient tombés déjà un million de flocons de neige, et rien ne s’était passé. Lorsque tomba le millionième + 1 flocon, cette fois la branche cassa. Et la colombe de conclure. Notre apport à la paix dans le monde et entre les hommes peut paraître un petit rien. Mais il suffit de l’apport supplémentaire d’un homme pour faire basculer le monde dans la paix au lieu de dans la guerre.
Amis, si telle est notre foi, en cette messe du Souvenir, demandons au Seigneur Jésus, venu tout réconcilier, de mettre en nos cœurs un ardent désir de paix.
+ Pierre Warin, évêque auxiliaire,
Les Alloux (Tamines), 23 août 2014.
Messe du Souvenir à l’occasion du Centenaire de la Bataille de la Sambre.
Photos: Vincent Acquisto
Translate in English - Nederlands - Deutsch


 Les évêques
 Les prêtres
 Les diacres
 Les laïcs
 La vie consacrée
 Communautés nouvelles et mouvements nouveaux
 L’administration diocésaine
 La Justice ecclésiastique
 Carte du diocèse