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9/2/2016
Missionnaires de la miséricorde divine: une initiative étonnante du pape François
Avec l'entrée en Carême, les demandes adressées aux prêtres pour recevoir le sacrement de réconciliation seront plus nombreuses. Ces prêtres sont-ils les Missionnaires de la miséricorde dont le pape François a beaucoup parlé ces dernières semaines? Qu'en est-il de l'absolution face à un avortement? Le chanoine Huet, vicaire épiscopal répond à toutes ces questions.
Dans sa Bulle d’indiction Misericordiae vultus publiée le 11 avril 2015, veille du dimanche de la Divine Miséricorde, le pape François a invité les évêques à solliciter des prêtres de leur diocèse pour recevoir ''l’autorité pour pardonner aussi les péchés qui sont réservés au Siège apostolique''. Le rôle de ces prêtres sera d’être ''signes vivants de la façon dont le Père accueille ceux qui recherchent son pardon, instruments d’une rencontre riche en humanité et source de libération, prédicateurs convaincants de la miséricorde, hérauts de la joie du pardon'' (Bulle Misericordiae vultus, n°18).
Le mode de nomination n’était pas très clair dans la Bulle. Certains prêtres se sont inscrits spontanément sur le site du Jubilé; d’autres ont été désignés par leur évêque. Ce furent surtout des confesseurs habituels, le curé de la cathédrale, des recteurs de sanctuaires ou le chanoine pénitencier qui, ex officio, a la faculté ordinaire d’absoudre les péchés normalement réservés à l’évêque (canon 508) dont l’avortement. Dans un premier temps, on pouvait penser que c’est chaque évêque diocésain qui envoyait ces prêtres en mission dans le diocèse.
On en sait un peu plus aujourd’hui, suite aux conférences de presse relayées par les organes habituels de communication du Saint-Siège. On lit dans ces comptes-rendus que c’est le pape qui nomme ces missionnaires et non les évêques. L’initiative papale eut beaucoup de succès puisque la période de dépôt des candidatures s’est clôturée le 25 novembre 2015. Ils sont actuellement plus de mille dont 700 sont présents à Rome où ils vont rencontrer le pape qui leur remettra leur mandat, avec notamment la faculté d’absoudre également les péchés normalement réservés au Saint-Siège.
Dans une lettre du 1er septembre 2015 adressée à Mgr Fisichella, président du Conseil pontifical pour la promotion de la nouvelle évangélisation, le pape a décidé, ''nonobstant toute chose contraire, d’accorder à tous les prêtres, pour l’année jubilaire, la faculté d’absoudre du péché d’avortement tous ceux qui l’ont provoqué et qui, le cœur repenti, en demandent pardon''.

Ces missionnaires: de super-confesseurs?
Sûrement pas. Tout prêtre, muni de la faculté d’absoudre les péchés – faculté qui se reçoit ex officio par la nomination à un office avec charge d’âmes comme le curé, ou bien par concession expresse de l’évêque – est un serviteur et un héraut de la Miséricorde divine. Pécheur parmi les pécheurs, le prêtre qui absout n’est que l’instrument de la Miséricorde divine. Mais dans l’Église catholique, c’est un instrument indispensable pour que les fidèles se sentent accueillis, écoutés, réconfortés puis pardonnés. Le prêtre qui confesse est toujours émerveillé devant l’humilité du fidèle venu implorer le pardon de Dieu dont il n’est que l’humble serviteur. Le prêtre qui ne confesse plus – soit qu’il ait perdu le sens de ce sacrement, soit que l’on ne s’adresse plus à lui pour le recevoir – est amputé d’une des plus belles fonctions de son ministère. Ce n’est pas pour rien que le patron des curés est St Jean-Marie Vianney, le curé d’Ars – humble paroisse de la Dombes, dans l’Ain -, qui passa de nombreuses heures au confessionnal pour réconcilier les pécheurs avec Dieu.

Mais qu’ont-ils donc de spécial ces missionnaires?
Leur fonction la plus importante est d’être les annonciateurs, les promoteurs, les dispensateurs de la Miséricorde divine. N’abordons pas trop vite ce qui fait leur spécificité mais laissons-nous d’abord attendrir par l’infinie tendresse divine à l’égard de tout homme. Pour Dieu, personne n’est irrécupérable, aucune situation n’enferme définitivement. Chaque créature est unique parce que le sacrifice de Jésus sur la croix rejoint tout homme et toute femme dans son individualité. Cela vaut bien un Jubilé de la miséricorde et l’Église ne remerciera jamais assez le pape François d’en avoir eu l’heureuse initiative.
Ces Missionnaires de la miséricorde recevront en outre la faculté d’absoudre les péchés réservés au Saint-Siège. Ces péchés sont au nombre de cinq: la profanation des saintes espèces (le pain et le vin consacrés lors de l’Eucharistie); l’ordination d’un évêque sans en avoir reçu mandat du pape (comme le fut Mgr Lefebvre); un acte de violence physique envers le pape lui-même; la violation directe du secret de la confession sacramentelle; l’absolution du complice d’un péché visé par le sixième commandement du Décalogue. Disons-le tout de suite: ces situation sont rarissimes et un prêtre peut passer toute une vie sans jamais en rencontrer une, fort heureusement.

L’absolution de l’avortement
Elle requiert davantage de précisions. Celui qui ''procure un avortement'' (non seulement la femme qui y recourt mais aussi le membre du personnel médical qui prête son concours à l’acte et toute personne qui y incite) encourt la censure d’excommunication latae sententiae, c’est-à-dire ipso facto dès que l’acte est commis, sans qu’il soit nécessaire que l’excommunication soit déclarée par l’évêque ou infligée par un juge ecclésiastique (canon 1398). Les Missionnaires de la miséricorde pourront donc, pendant l’Année jubilaire, remettre le péché d’avortement (transgression dans l’ordre moral) et absoudre la censure d’excommunication (dans l’ordre pénal canonique). Est-ce nouveau? Pas du tout! L’absolution de l’avortement est réservée à l’évêque qui souvent délègue un ou des prêtres de son diocèse pour ce faire. De plus, dans tout Chapitre cathédral, un chanoine appelé ''chanoine pénitencier'' possède le même pouvoir que l’évêque d’absoudre l’avortement. Enfin – et ceci est excessivement important – tout prêtre, lors de la confession sacramentelle, peut remettre la censure d’excommunication puis absoudre la faute morale, à condition que dans le mois, ce prêtre notifie à l’évêque cette remise de la censure et cette absolution du péché grave, sans être tenu de citer de nom (canon 1357). Cette notification à l’évêque se fait donc dans l’anonymat le plus strict.
Il faut enfin souligner que l’excommunication consécutive à un avortement, est soumise aux dispositions générales du droit pénal canonique concernant le degré d’imputabilité et le degré de responsabilité consécutifs à une faute. On n’oubliera jamais que la personne qui ignore qu’elle est susceptible d’encourir l’excommunication, n’est pas excommuniée. Le confesseur doit donc délicatement s’enquérir de cette connaissance ou non de l’excommunication. Le fidèle qui ignore qu’il encourt l’excommunication en cas d’avortement, ne doit évidemment pas être absout de la censure d’excommunication qui in casu n’existe pas. Mais le péché grave subsiste et il doit en recevoir l’absolution sacramentelle.

En conclusion
Demain, le 10 février, mercredi des cendres, les missionnaires de la miséricorde recevront du pape la mission de faire comprendre au monde combien Dieu nous aime infiniment, bien au-delà de nos faiblesses, de nos imperfections et de nos fautes. Cette prise de conscience de la tendresse incommensurable de Dieu doit susciter en nous une paix profonde et une joie intense: la ''joie de l’Évangile''. Pour bien marquer cette dimension première de leur mission, le pape François leur accorde en outre des pouvoirs qui ne sont pas nouveaux et dont l’exercice n’est pas exceptionnel – puisqu’en temps normal, il est possible de recevoir l’absolution des ces péchés graves – afin de nous faire comprendre que nos péchés sont une goutte d’eau dans l’océan infini de la Miséricorde divine, selon la belle expression du Curé d’Ars…

Chanoine Jean-Marie Huet, vicaire épiscopal
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