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23/3/2011
TÉMOIGNAGE
Jeûner ne rend ni triste ni grincheux...
Ils ont jeûné pendant six jours. Six jours à se ''nourrir'' exclusivement de jus de fruits, de tisane et de bouillon mais, attention, sans manger les légumes! ''La semaine de jeûne: prière et assise religieuse'' qui vient de se terminer à l'abbaye de Maredsous a réuni une bonne vingtaine de participants. Quelques Belges mais surtout des Français qui suivent le père Jean-Luc Souveton (la photo), prêtre à Saint-Etienne et animateur de ces sessions. Il a découvert, pour lui, les bienfaits du jeûne. Aujourd'hui, il anime, plusieurs fois par an, de tels moments. Les retraitants de Maredsous sont des hommes et des femmes dont la moyenne d'âge dépasse allègrement les 50 ans. Pour eux la privation de nourriture apporte un bien-être non seulement au corps mais aussi à l'esprit. Rencontre avec des gens sereins et qui profitent de ces journées pour développer leur spiritualité.
Fin d'après-midi à l'hôtellerie de l'abbaye de Maredsous. Les participants de ''La semaine de jeûne: prière et assise religieuse'' viennent de rentrer d'une balade sous un beau soleil printanier. Quelques uns ont préféré se reposer dans leur chambre, d'autres lisent. Une partie du groupe (la photo) a tenu à témoigner de l'importance du jeûne dans leur vie.
Ils en sont à leur troisième jour de jeûne et aucun n'a faim! De quoi surprendre. ''Nous nous nourrissons d'odeurs et de jolies choses à regarder'' annonce avec un brin d'ironie Jacqueline. Les membres du groupe éclatent de rire. Pendant six jours, ils vont boire des jus de fruits, des tisanes et du bouillon qu'ils préparent ensemble. ''Pour jeûner, il faut être bien dans sa tête et dans son corps, explique le Père Jean-Luc Souveton. On ne jeûne pas pour perdre du poids.'' Autour de la table, tous approuvent. Aucun ne vit ces moments comme un temps de pénitence. ''Si c'était le cas, précise l'animateur, ce serait tout simplement intenable.''
Attention, une période de jeûne ne s'improvise pas. Il s'agit de préparer son organisme en se contentant, la semaine qui précède, d'une alimentation à base de légumes mais aussi en supprimant complètement le thé, le café... Jacqueline est l'une des participantes. Elle pratique le jeûne très régulièrement: ''Cette manière de se préparer au jeûne permet de déjà se mettre en disponibilité intérieure.'' Après les six jours de jeûne de la session, beaucoup se sentent tellement bien qu'ils poursuivent encore. Lorsqu'ils arrêtent ce temps d'abstinence, pas question de stopper brutalement. Là aussi, il faut réhabituer progressivement l'organisme à une nourriture ''normale''. Il faut aussi préciser qu'en dehors des périodes de jeûne tous veillent à leur hygiène de vie.
Malgré ces différentes précautions, un malaise n'est jamais à exclure. ''Ça arrive, mais rien de grave reconnaît le Père Souveton. Il suffit d'allonger la personne et de lui donner un peu de miel. Et c'est reparti.'' Le Père Jean-Luc Souveton a aussi désigné des ''anges gardiens''. Même s'il est très attentif au groupe, il ne peut être en permanence avec tous les retraitants. Alors, il a ses relais qui le tiennent au courant des coups de fatigue, des moments de mélancolie voire de déprime. Il peut alors réagir lors des discussions de groupe ou encore de manière privée.

Nettoyage intérieur
Cette semaine zéro nourriture permet de mettre l'accent sur d'autres priorités: un nettoyage du corps mais aussi de l'âme et de l'esprit. ''C'est une purification, précise Etienne, dans tous les domaines. Je me sens mieux dans mon corps et j'arrive alors à avoir une meilleure clarté d'esprit. J'apprécie beaucoup.'' Et le fait que la retraite se déroule dans une abbaye apporte inévitablement une autre dimension encore, le lieu porte à l'intériorité. ''Je ne demande pas un certificat de baptême au moment de l'inscription ni une adhésion à la foi chrétienne, annonce le Père Jean-Luc Souveton. Les premières sessions que j'ai eu l'occasion d'animer regroupaient des personnes qui n'avaient pas particulièrement la foi. Elles savaient par contre que l'animateur était prêtre et que cela se passait dans un monastère.''
Le timing de la journée laisse une place importante à la prière, à l'intériorité. La journée débute à 7h par les laudes. Il y aura aussi un temps pour l'eucharistie et un autre pour les vêpres sans oublier plusieurs minutes consacrées à décortiquer, méditer l'évangile. Le matin comme le soir, les stagiaires sont aussi invités à travailler le corps, ''à l'habiter'' comme dit le Père Souveton. ''Cela passe par de la méditation silencieuse pour se mettre en SA présence, poursuit le religieux. Le corps participe de la vie spirituelle.''

Le temps des confidences
Ces quelques jours sont aussi un moment de partage. Les participants peuvent s'ils le désirent rencontrer le Père Souveton ou encore le Frère Jean-Daniel, moine à Maredsous et qui lui aussi jeûnait. Un temps d'accompagnement souvent le bienvenu. Les confidences ne se font pas qu'aux prêtres. Chacun est ainsi invité à confier, au groupe, le moindre moment de doute, de faiblesse. Et c'est dans le groupe qu'il puisera l'énergie nécessaire pour poursuivre. Immédiatement, on sent que ces hommes et ces femmes sont soudés. Tous sont prêts à s'encourager et pas uniquement après une nuit d'insomnie! Le nettoyage intérieur passe également par des confidences, des soucis trop lourds qui sont déposés, partagés. Et comme tous ont promis de garder secret tout ce qui pourrait être dit, les confidences se font en toute simplicité, en toute confiance. Les balades de l'après-midi permettent de telles conversations. ''Je considère ce temps, ajoute Etienne, comme un moment de lâcher prise.'' Jacqueline ponctue ces propos ''durant un jeûne on vit avec ses sens et on vit surtout dans le présent.''
Tous sont repartis avec, dans les bagages, de la bière et du fromage. Des produits du terroir auxquels ils n'ont pas goûté sur place contrairement à tous ceux qui se rendent à Maredsous... Autant de jours à jeûner permet de retrouver le goût des aliments, même les plus simples. Lorsqu'Etienne décrit la saveur de la pomme qu'il ne manquera pas de croquer on a l'impression qu'il déguste un plat mitonné par un chef étoilé. Jacqueline préfère elle parler, avec beaucoup de profondeur, du goût de l'hostie, le pain de l'eucharistie qu'ils partagent. ''Recevoir le corps du Christ lors d'un jeûne, c'est autre chose. Nous le vivons de manière différente.''
Christine Bolinne
Une autre session de jeûne aura lieu du 27 novembre au 4 décembre. Renseignements: 0475/57.88.77.

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