3/9/2011 LA RÉNOVATION CONTINUE L'église Saint-Loup a retrouvé ses confessionnaux Mgr Rémy Vancottem fait partie des privilégiés qui ont déjà eu l'occasion d'admirer - de près - les confessionnaux restaurés de l'église Saint-Loup à Namur. Les confessionnaux viennent de passer de longs mois entre les mains d'experts, des conservateurs-restaurateurs du patrimoine qui, avec grande minutie ont retrouvé toute la beauté, la finesse du travail de départ. Ces confessionnaux réalisés au 17e et au 18e siècle avaient bien souffert du temps, comme tout l'édifice d'ailleurs. La remise en place constitue donc une étape de plus dans la restauration de ce joyau baroque. La restauration a démarré il y a maintenant plus de... 40 ans. Un chantier qui n'est pas encore pour autant terminé....
Le soleil s'était invité à cette réception qui marquait le retour, à l'église Saint-Loup, des confessionnaux. Il n'en fallait pas plus pour que les visiteurs redécouvrent avec bonheur cet édifice. Les spécialistes n'hésitent pas à comparer Saint-Loup aux plus belles églises italiennes ou encore d'Anvers de l'époque baroque. Une splendeur qui a souffert du temps et des nombreuses infiltrations d'eau. Les confessionnaux qui datent des 17eme et 18eme siècles n'ont pas été épargnés.
Ils sont dix et tous différents. Les premiers, ceux qui ont été sculptés entre 1645 et 1660, présentent des cannelures. Des angelots joufflus et des torsades entrent en scène sur les faces des confessionnaux qui remontent eux à 1660- 1670. La troisième époque est carrément de style Louis XIV avec des colonnes salomoniques et des représentations de végétaux. Ils étaient très endommagés par les fientes de pigeons, la mérule. Certaines pièces de décoration avaient été purement et simplement arrachées! La saleté s'était incrustée.
Le travail de restauration a été confié à des spécialistes. Parmi eux Alain de Winiwarter dont l'atelier se trouve à Bierges. Il ne se définit pas comme un ébéniste mais comme un conservateur-restaurateur. Il s'agit pour lui comme pour ses confrères de retrouver l'oeuvre telle qu'elle était au départ. Beaucoup de patience et d'imagination pour tout nettoyer dont une utilisation massive de brosses à dents. Pas question d'employer de la soude caustique comme cela avait été fait lors d'une précédente restauration! Le bois était devenu grisâtre. Et des années après, la soude continuait à tout attaquer lentement mais sûrement.
Angelots coquins
Au moment où les confessionnaux ont retrouvé l'église Saint-Loup, plusieurs couches de vernis ont été apposées avec la volonté de retrouver les teintes du départ. Pas un gramme de cire par contre. La cire n'était pas utilisée à l'époque et en plus, elle attire la poussière.
Ces artistes méticuleux ont pu se rendre compte de la beauté de ces confessionnaux. En y regardant de plus près, ce sera possible les 10 et 11 septembre, lors des journées du patrimoine, vous verrez des angelots plutôt comiques, quelques représentations du diable.... Il y a aussi des illustrations de végétaux. Une véritable richesse qui mérite que l'on prenne son temps pour en découvrir toute la splendeur.
Vous apprendrez encore que les panneaux de bois était plus épais lors des premières réalisations. Ils se sont affinés au fil des années. C'était déjà une manière de faire des économies! Attardez-vous devant ce confessionnal qui présente, en fond, un tableau. Vous avez l'impression qu'il trouve sa place au centre d'un panneau entièrement sculpté. Il n'en est rien. Il s'agit d'un vaste puzzle, une mosaïque qui a été reconstituée.
La fin du tunnel
Et depuis les années 70, cette église du centre de Namur est entre les mains des différents corps de métier. Même si les travaux étaient importants, la lourdeur de la procédure administrative a bien failli décourager les plus optimistes. Même s'il serait périlleux de fixer une date de fin de chantier, on peut dire que l'essentiel est restauré. Le superbe plafond en pierres tendres (tuffeau de Maastricht) et entièrement sculpté a été sablé pour lui rendre sa belle couleur initiale. Les spécialistes ont pulvérisé un mélange de sable très fin et de poudre de riz afin d'adoucir le côté abrasif du sable. Il est magnifique. Les murs ont été traités notamment contre les infiltrations avant d'être recouverts d'un faux appareillage. Une revêtement de chaux naturelle lui donnant une jolie couleur crème.
Les travaux sont actuellement estimés à plus de 6 millions d'euros. Il reste encore à rénover la sacristie, une splendeur architecturale. Il faudra aussi se prononcer sur le sort des tableaux. Ils ont été tous décrochés et posés dans l'église. Leur qualité mérite-t-elle une restauration?
Eglise désinfectée?
Plusieurs prêtres namurois assistaient au retour des confessionnaux dont l'abbé Paul Malherbe. Il est le curé de Saint-Loup et son presbytère se trouve en face de l'église. Il était donc aux premières loges pour assister aux travaux mais aussi pour recevoir les réflexions des Namurois et autres touristes. L'abbé a ainsi, à plusieurs reprises, répondu à des personnes qui s'inquiétaient de savoir si l'église était... désinfectée. En fait, ils voulaient dire désacralisée. Une réflexion qui a bien fait rire Mgr Vancottem. Il n'en est rien: le culte peut toujours être célébré à l'église Saint-Loup. Mgr Léonard, alors évêque de Namur, avait aussi donné son accord pour que l'on puisse y organiser des concerts classiques.
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