''Je n'avais jamais imaginé redevenir, un jour, vicaire épiscopal, souligne l'abbé Jadot. Quand Mgr Vancottem m'a téléphoné pour me proposer d'assurer cette fonction, j'ai été très surpris.''Une surprise qui a très vite laissé la place à une certaine inquiétude. Même s'il a décidé de déléguer une partie de son travail et qu'il sait qu'il peut compter sur des personnes de valeur, l'abbé Jadot sait aussi qu'il va devoir faire des choix, renoncer à assister à certaines réunions, à porter des projets...
Gérer une paroisse comme celle Saint-Martin à Arlon prend du temps, beaucoup de temps. ''J'aime soigner la liturgie en l'adaptant à ceux à qui nous nous adressons. Chez nous, les deux tiers des personnes qui assistent aux offices ont moins de 50 ans.'' Un doyen fier de leur proposer deux fois par an, le 21 juillet et le 15 novembre, un Te Deum qui rassemble les différentes confessions religieuses installées dans la région mais aussi la laïcité. Tout au long de l'année, catholiques, musulmans, orthodoxes... organisent, ensemble, des conférences.
''Je fais aussi partie de la commission liturgique, de la CIPL (Commission interdiocésaine de pastorale liturgique), énumère-t-il. Pour la RTCB (radio télévision catholique belge), je suis chargé de trouver les paroisses qui pourraient accueillir une rediffusion, en direct, de la messe pour la télévision comme pour la radio.'' On comprend qu'en acceptant des fonctions de vicaire épiscopal, l'abbé Jadot doive faire des choix et que ce ne soit pas aisé.

''Je vais aller à la rencontre des prêtres de chez moi''
L'abbé Jadot sait aussi qu'entre son premier mandat de vicaire épiscopal et celui qu'il entame aujourd'hui, les rapports à l'Eglise sont différents. ''Le contexte actuel est loin d'être facile, explique l'abbé Jadot. Et il y voit là une autre source d'inquiétude. Nous devons faire face à la déchristianisation, à des prêtres moins nombreux... Il est nécessaire de restructurer nos communautés. Une paroisse où il y a trois personnes à la messe du dimanche, ce n'est plus possible. Ce n'est pas intéressant pour les fidèles.''
La bonne connaissance du Luxembourg et des prêtres qui y officient seront autant d'atouts. ''Ma première mission est justement d'aller à la rencontre des prêtres de chez moi.'' Le vicaire épiscopal a aussi l'intention de travailler, main dans la main, avec le doyen Pascal Roger. vicaire épiscopal pour le Luxembourg, il n'a pas souhaité être reconduit dans son mandat. Il vient d'être nommé délégué épiscopal chargé du chantier paroissial.''Le chantier paroissial est là pour rendre un avenir à nos communautés chrétiennes, ponctue l'abbé Jadot. Et ce n'est pas simple.''

L'homme de la Nationale 4
Originaire du sud Luxembourg, du pays de Virton, l'abbé Jadot est vite devenu, ''l'homme de la nationale 4''. C'est son expression. Après des humanités à Bastogne, il s'est inscrit au séminaire de Namur. Et c'est à Arlon, à Saint-Martin (!), qu'il effectue son stage. Mgr Mathen le nomme vicaire à Ciney où il restera douze ans. Il exercera aussi son ministère à Gembloux. On le retrouve encore dans le service d'animation communautaire pour un Monde Meilleur. Suivra une période d'infidélité à la Nationale 4 puisqu'il part se former à Rome puis ce sera la France, le Québec, la Suisse. Mgr Mathen, alors évêque de Namur, lui confie un poste de vicaire épiscopal. Nous sommes en 1985 après l'assemblée de Nassogne qui a réuni 300 délégués de paroisses, des représentants de mouvements et services des deux provinces... L'idée étant, dans la continuité de Vatican II, de redéfinir la manière de faire de l'Eglise. Un poste de vicaire épiscopal qu'il occupera pendant cinq ans. Mgr Léonard succède à Mgr Mathen qui va dissoudre le conseil épiscopal en s'entourant d'une nouvelle équipe.

''J'ai de la personnalité''
Comment mieux connaître une personne qu'en lui demandant de se décrire, de parler de son caractère. Le nouveau vicaire épiscopal se lance sans trop d'hésitations: ''J'ai de la personnalité. Je sais me passionner, ajoute-t-il en riant. Je dois bien reconnaître aussi que j'ai un côté taquin et que j'aime beaucoup blaguer. On ne peut pas être que sérieux dans la vie! J'ai l'habitude de travailler en équipe et je fais confiance aux personnes -dont plusieurs laïcs- avec lesquelles je suis amené à collaborer. Je mise aussi beaucoup sur la convivialité. J'aime que les gens se rencontrent en dehors des lieux de travail, par exemple.''
Le nouveau vicaire épiscopal reste très marqué par son père, un modèle de vie pourrait-on dire. ''Papa était un croyant simple qui a toujours su faire preuve de beaucoup de tolérance et de respect de l'autre. Il n'aimait pas que l'on juge une autre personne.''
Christine Bolinne