Au Bénin, la fête de Noël est très ''occidentalisée.'' Bien sûr le sapin qui trône dans les habitations est artificiel tout comme la neige qui vient garnir les branches! Quand on installe le sapin et la crèche, chacun sait que la fête approche...
Dans les jours qui précèdent le 25 décembre, dans toutes les familles, on met un point d'honneur à nettoyer de fond en comble la maison. C'est encore le moment de l'année où l'on refait les peintures! ''Les maisons doivent être belles pour Noël'' explique l'abbé Toffoun.
Une excitation qui gagne aussi les enfants. Eux construisent des crèches qu’ils vont ensuite présenter aux habitants. Les plus jeunes passent de maison en maison et chantent des chants de Noël, bien sûr. En contrepartie, ces bâtisseurs-chanteurs reçoivent un peu d’argent et des encouragements.
Il est aussi de tradition dans cette partie de l'Afrique de participer au festival Kaleta, un carnaval où l'on se déguise, où l'on porte le masque... Une animation qui symbolise le retour, du Brésil, des esclaves après la traite négrière. Cela donne lieu à des spectacles, un temps très festif.

''C'est qu'on est païen!''
Pas besoin d’encouragements pour assister à la messe de minuit qui attire les foules. L’abbé Toffoun: ''Il faut aller à la messe et admirer la crèche vivante. C'est un temps de joie. Si on ne va pas au minuit des chrétiens c’est qu’on est des païens!'' Les familles retourneront, à l'église, le jour de Noël à 10h. L'abbé Toffoun: ''C’est normal, l’évangile est différent.''
La fête ne serait pas complète sans les feux d'artifice. Les premiers sont allumés la nuit de Noël et ils seront encore plus nombreux dans la nuit de la Saint Sylvestre.
Noël ne serait pas Noël sans les cadeaux qui sont glissés sous les oreillers des enfants endormis. A Noël, on passera encore du temps devant la télévision pour suivre la messe. La veille, c'est souvent en famille que les Béninois auront été les spectateurs assidus d'un concours de chant destiné aux plus jeunes. Une émission incontournable.

Tout le monde est le bienvenu
Le jour de Noël, dès les premières heures de la matinée, c’est l’effervescence dans la cuisine. Tout doit être prêt: le riz créole, le ragoût de viande mais aussi le poisson, les épinards... Sur la table, on trouvera encore la papaye qui remplace la carotte râpée. L'abbé Toffoun: ''Dans mon pays, la femme est considérée comme le pilier de la famille. Elle est attentive à ce que tout se passe bien, à ce que les traditions soient respectées. Si les enfants sont bien éduqués, ils reprendront, dès qu'ils seront grands, cette tradition de Noël. Dans ma famille, à 6 ans, un enfant sait déjà cuisiner. Nous avions chacun notre semaine pour préparer les repas. Et à Noël nous cuisinions tous ensemble, on réunissait tous les talents!''
Le 25 décembre, la solidarité est dans le coeur de chacun: ''Les portes des maisons sont grandes ouvertes et tout le monde est le bienvenu pour boire, manger: Noël, c'est la joie. C'est impensable qu'une personne puisse être triste. Personne ne doit être seul au moment de passer à table. On ne va pas s'étonner de voir arriver un SDF. Il va entrer dans la maison, prendre place à la table et manger comme tout le monde.''
Ce jour-là encore, la compagnie d’électricité du Bénin s’engage à ce qu’il n’y ait pas de coupures de courant…
L'abbé Franck Toffoun a été ordonné prêtre en juin dernier. C'est la première fois qu'il va célébrer la messe de Noël: ''Je ne sais pas comment cela va se passer confie-t-il un peu inquiet. Il est pourtant un message qui lui est cher et qu'il va faire passer: ''Le Seigneur réalise son message d'amour dans l'histoire de chacun.''
Christine Bolinne