Depuis que l'annonce a été rendue officielle, le téléphone de Mgr Julien Ries ne cesse de sonner! Les premiers appels sont arrivés de Rome. Mgr Ries garde sa bonne humeur: ''Aujourd'hui, j'ai à peine pu travailler 30 minutes.'' C'est un homme heureux qui répond avec beaucoup de dynamisme aux questions. Il reconnaît cependant avoir connu un moment de stress lorsque jeudi, il a reçu un appel du Nonce apostolique. Mgr Berloco, le représentant du pape en Belgique, lui annonçait qu'il souhaitait le voir et le jour même! ''Entre le coup de téléphone et l'arrivée du nonce, je dois bien reconnaître que je me suis posé pas mal de questions. A peine chez moi -le futur cardinal vit aujourd'hui près de Ath-, Mgr Berloco m'a annoncé que le Saint Père l'avait chargé de me demander si j'acceptais de devenir cardinal. J'ai dit ''oui''. Et voilà, c'était fait.''
Quel parcours pour Julien Ries qui a vu le jour à Fouches (Arlon) en avril 1920. Un itinéraire de vie qu'il énonce à la vitesse grand V. Après des humanités gréco-latines au Séminaire de Bastogne, il y suit une formation en philosophie. Une formation qu'il terminera au Séminaire de Namur. Il sera ordonné prêtre en 1945.

Travailler, un plaisir
L'abbé Ries n'en a pas terminé pour autant avec les études et cela lui convient plutôt bien: il aime ça! Mgr Charue, alors évêque de Namur, lui demande de s'inscrire à l'UCL pour se spécialiser en théologie -il est docteur en théologie-. Il s'intéressera aussi à la philologie et à l'histoire des religions orientales. Durant dix mois, il sera vicaire à Martelange avant d'assurer pendant neuf ans la tâche de doyen de Messancy. On le retrouve aussi comme curé dans la paroisse de Suarlée. C'est dans sa province de Luxembourg natale qu'il fait encore ses premiers pas comme enseignant: il est professeur de religion à Athus. A partir de 1968, il enseignera l'histoire des religions à l'UCL. Un poste qu'il ne quittera qu'en 1991. ''J'ai toujours beaucoup aimé l'enseignement'', reconnaît-il aujourd'hui, une certaine nostalgie dans la voix.
Une passion pour l'enseignement mais aussi pour l'écriture. On lui doit 680 articles et livres tous axés sur l'histoire des religions. ''C'est cette somme de travail, souligne le nouveau cardinal, qui me vaut l'honneur de devenir aujourd'hui cardinal.'' Des publications en cours de réédition: Mgr Ries ayant souhaité revoir l'ensemble de ses écrits pour y apporter d'ultimes précisions. Un travail énorme mais pas de quoi effrayer cet acharné du travail qui s'installe à son bureau dès 5 heures du matin. ''Maintenant, je me mets au travail un peu plus tard. Avant je commençais vers 4 heures du matin.'' Un bureau qu'il ne quitte que vers 20h! ''Le travail, c'est mon plaisir'' avoue-t-il. Et même s'il possède un ordinateur, Mgr Ries reconnaît ne s'être pas familiarisé avec cet outil. Il écrit tous ses textes à la main.

Eminence ou Monsieur le cardinal
''Il y a deux ans, le pape m'avait fait prélat d'honneur'' souligne-t-il (ndlr: ce qui explique que l'abbé Ries soit appelé Monseigneur). Les deux hommes se connaissent bien et ils s'apprécient. ''Le pape manifeste un grand intérêt pour l'histoire des religions. En me créant cardinal, il me fait monter dans l'organigramme! Maintenant, on m'appelle Eminence ou encore Monsieur le Cardinal!''
A 92 ans, Mgr Ries a dépassé la limite d'âge (elle est de 80 ans) où, en cas de conclave, le cardinal est amené à faire partie des votants en vue de l'élection d'un nouveau pape. Par contre, il a pour mission de poursuivre ses travaux.
Voici quelques mois, Mgr Julien Ries avait passé du temps avec les séminaristes du Séminaire Notre-Dame de Namur. ''J'avais passé une magnifique journée avec les futurs prêtres.'' Et c'est avec la fougue qu'on lui connait qu'il avait parlé de sa vie, de sa passion pour l'histoire des religions. Lors de cette visite, il avait aussi pu s'entretenir avec Mgr Vancottem. Aujourd'hui, l'évêque de Namur tient à le féliciter très chaleureusement. Un évêque tout heureux de pouvoir aussi compter dans son diocèse, un cardinal.
Christine Bolinne
Photos: Eric Lemoine