Infirmier, théologien, docteur en santé publique de formation, l'abbé Dominique Jacquemin ne fait pas un mystère de son attachement au milieu des soins : « mon cœur est resté très infirmier avec un intérêt tout particulier pour les soins palliatifs ». Professeur à la faculté de théologie et de médecine où il donne des cours d’éthique, responsable du parcours de formation en soins palliatifs à Wolluwé, responsable du réseau RESSPIR (Réseau Soins Santé & Spiritualités), il compte également une longue pratique dans l’aumonerie hospitalière tout en étant prêtre désservant à Foy-Notre-Dame.

Quand il lui est demandé de devenir responsable du Collège St-Paul à Louvain-la-Neuve, l’abbé Dominique est interpellé, surpris. Il accepte la demande comme un nouveau défi. « Je ne m’y attendais pas, mais cette nouvelle mission m’a refait prêtre » confie-t-il. Et en effet, c’est à partir du Collège que prendra naissance le nouveau projet de structure de soins St-François à Kinshasa : via une invitation à donner cours d’une part ; via le questionnement de Sr Catherine, mère générale des sœurs de St-François de Tsumbe d’autre part.

L’aventure commence il y a 7 ans lorsque d’anciens étudiants formés en soins palliatifs l’invitent à donner cours à l’Université Catholique du Congo. À l’initiative d’Anselme Mubeneshayi Kananga, infirmier, l’ONG Pallia Famili vient d’être fondée dans le quartier de Mont-Ngafula. Elle se donne pour mission de promouvoir l’accès aux soins palliatifs en RDC, en inscrivant la culture palliative dans les programmes de formations et en créant des unités mobiles de soins palliatifs. En Afrique, la mort reste encore taboue et les soins palliatifs méconnus. Une équipe de soins palliatifs à domicile est mise sur les rails par l’ONG, en même temps que 4 équipes hospitalières. Avec Pallia famili, Dominique se rend dans les familles des patients. « Des hommes et des femmes encores jeunes, mais sans couvertures de soins primaires, arrivent précocement en fin de vie. Des situations de diabètes mal soignés, des AVC, des cancers, hémothorax qui se roulent par terre de douleur… C’est un choc… Plus jamais cela… » pense l’abbé Dominique.

Commence alors un long travail soutenu par la coopération belge, consistant à faire venir des soignants de Kinshasa pour se former à l’UCLouvain aux soins palliatifs. Parallèlement, l'abbé Dominique Jacquemin se rend régulièrement sur place pour donner des cours afin de former des assistants.

Si la formation est un axe, en amont et en aval, il faut agir également. En amont, il y a un projet politique qui double le projet concret de construction : il faut des médicaments produits en RDC pour qu’ils puissent être accessibles financièrement aux patients. Ils tentent aussi de sensibiliser le politique au développement de la couverture des soins primaires. Des congrès sont également organisés. En aval, il faut des structures qui puissent accueillir les situations complexes ne pouvant plus être prises en charge au domicile. La gratuité des soins pour les plus pauvres est aussi indispensable.

La suite est providentielle. La mère générale des sœurs de St-François dispose d’un terrain pour sa congrégation (220 sœurs dont la moitié sont universitaires). C’est avec elle que l’idée de renouveler le charisme de la congrégation en faisant du palliatif se concrétise. Le baiser au lépreux de St François trouve dans ce contexte une résonance particulière. La congrégation adhère pleinement au projet.

De quoi s’agit-t-il ?
Il s’agit de construire une structure mixte d’hébergement : une unité de soins palliatifs et une « maison des familles ». L’un pour loger les familles qui accompagnent les patients ; l’autre pour du répit et le soin de religieuses malades ou trop âgées ; enfin, le projet comporte aussi la construction d’un couvent pour la congrégation qui gèrera la structure avec Pallia Familli.

Où en est-on ?
Le terrain est muré, un puits est creusé, les fondations du couvent sont réalisées. Un architecte vient de finaliser gracieusement les plans du complexe avec une estimation de budget à trouver pour les travaux restant de 619 000$. « C’est un projet tout à fait déraisonnable, sourit l’abbé Dominique, mais pourtant, ma conviction de fond, c’est que si St François et le bon Dieu le veulent, il se fera ! Il y a des moments où il faut faire confiance. De ce qui semblerait n’être plus que la mort, de la vie peut renaître. C’est un enjeu de foi. » confie-t-il.

Vous pouvez soutenir le projet par la prière tout d’abord, ou par une participation financière si vous le souhaitez…
Renseignements : dominique.jacquemin@uclouvain.be – Tél. 00 32 474 25 55 45

Christine Gosselin