Surpris par cette désignation? Pas vraiment. Cela ne signifie pas pour autant que l'abbé Solot a la grosse tête! ''Je suis dans le diocèse depuis un certain temps. Je m'attendais à quelque chose....'' Ce ''quelque chose'' c'est le poste de vicaire épiscopal territorial pour la province de Namur. ''Je ne me rends pas encore bien compte en quoi consistent mes nouvelles fonctions. Il s'agira bien sûr de préparer les nominations, de gérer d'éventuels conflits, d'écouter. J'imagine que mon poste permet de construire des ponts entre différents vicariats. Je suis stressé mais je suis aussi dans la confiance.'' Un nouveau vicaire épiscopal très investi encore dans la diaconie mais aussi dans l'œcuménisme. ''J'aime la grande liberté de parole du groupe de fraternité de l'œcuménisme. J'y suis une ''petite main'': je suis le trésorier et je m'occupe des envois.'' Investi bien sûr dans le diaconat dont il est le responsable. Non sans humour, l'abbé Solot souligne: ''Depuis 1987, époque à laquelle j'ai remplacé, dans le Conseil, le chanoine Dejaifve, les diacres s'occupent de moi. Le diaconat, c'est beaucoup de bonheur mais aussi quelques souffrances quand il faut dire ''non'' à un candidat.''

Les genoux dans la terre
Si l'abbé Solot est né à Sy (Hamois), il est un enfant de Serinchamps.''C'est le village où j'ai grandi.'' Un village auquel il est très attaché. Ce fils d'agriculteurs de Famenne aime être proche de la terre. ''J'ai besoin d'avoir les genoux dans la terre.'' Alors qu'il est enfant, chaque dimanche, il assiste à la messe. A 13 ans, il est l'organiste de la paroisse. ''En fait, plutôt que de jouer, je tapotais.''
Et quand à la fin des humanités, on lui pose la question: ''tu n'irais pas au séminaire?''... Jules répond en débutant des études de mathématiques! ''A 20 ans, je suis passé de la religion à la foi, à Jésus-Christ ressuscité.'' Il termine ses études en mathématiques et s'inscrit au Séminaire. ''Quand je l'ai annoncé à maman qui avait un tempérament religieux, elle s'est fâchée. J'avais cassé son rêve. Elle me voyait avec un bel avenir, une famille.'' Elle fera tout pour le dissuader, sans succès. Sa conclusion: ''c'est qu'il a la vocation.'' Jules Solot était encore moins serein, après la réaction de sa mère, pour faire l'annonce à son père. ''Papa était un bouffeur de curés. Je lui ai dit alors que nous déchargions les ballots de paille. Sa réponse a été: 'Si c'est ce que tu veux, tu dois le faire.' Il a essuyé une larme et nous nous sommes remis au travail.''
A l'institut de philosophie de Leuven, il a pour professeur un certain abbé André Léonard. Après le service militaire, il se retrouve au Séminaire de Namur pour la théologie. Durant son stage à Rendeux - il en garde toujours un souvenir ému - il découvre l'action catholique en milieu rural. En 1982, il est ordonné. Un dimanche qu'il n'est pas prêt d'oublier. Bien sûr pour la portée de son engagement mais pas seulement. ''Papa avait été opéré et je m'occupais de la ferme. Le matin, j'ai trait les vaches, je suis venu à l'ordination et je suis reparti, après, pour la seconde traite. J'étais sur les genoux.'' Plus léger le souvenir de la messe des prémices, à Serinchamps à laquelle tout le monde était présent. ''C'était une fête terrible avec tous les enfants du village.''

''J'aime le mot curé''
Le nouveau vicaire épiscopal aime encore se souvenir des prêtres, des curés qui l'ont marqué au fil de son ministère. ''J'aime beaucoup le mot ''curé.'' le curé, c'est celui qui prend soin des gens qui lui sont confiés.'' Il a été marqué par l'abbé Guy Lucas. Par l'abbé Marcel Gravet... ''J'ai été séduit par son accueil des pauvretés.'' Marqué encore par l'abbé Octave Body et son regard sur la société. ''Il a mis en place des structures dans lesquelles on retrouvait des laïcs.'' Il a ainsi retenu l'importance de l'attention à toutes les fragilités, l'importance de l'écoute au sens large et de la Parole de Dieu en particulier.
Une rentrée, à l'instar d'une nouvelle année, c'est un peu le temps des bonnes résolutions. ''Je vais apprendre la patience. Chez moi, ce n'est pas naturel. Ce n'est vraiment pas si simple que ça. Je dois m'énerver, même si cela ne se voit pas, sept fois par jour!''
Christine Bolinne