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17/7/2017
Aux sources du numérique, avec le Frère Ferdinand Poswick de Maredsous
Le Nam-IP Computer Museum, que l'on peut appeler plus simplement musée de l'informatique à Namur, a ouvert ses portes il y a quelques mois. L'un des co-fondateurs, Frère Ferdinand Poswick de Maredsous, montre que l'informatique représente une sorte de nouveau tissu ADN de la société.
L'ordinateur ou les écrans informatiques se sont immiscés dans de nombreux aspects de la vie quotidienne: ils servent à se renseigner sur les horaires de trains ou de cinéma, se tenir au courant de l'actualité en temps réel, recevoir des nouvelles des amis et autres connaissances, et même à payer! Ce qu'on appelle le numérique, composé finalement des codes 0 et 1, est devenu le nouveau mode de communication entre les hommes et les femmes, au risque peut-être d'en laisser quelques- uns de côté.
A l'exception des jeunes générations, il y a souvent une gêne dans la conversation entre deux personnes quand l'une demande: ''Tu m'envoies ce document par WhatsApp?'' ou encore ''Je ne sais pas lire ce PDF''. Les citoyens ne sont pas tous égaux devant l'invasion de l'informatique et de son vocabulaire. Cette différence de perception peut aussi se mesurer dans la manière de rechercher un livre du siècle passé: certains se rendront à la bibliothèque, tandis que d'autres se précipiteront sur sa sœur jumelle virtuelle, le Web.
Quand on tient en main le dernier smartphone à la mode, qui pèse à peine 80 grammes, comment imaginer qu'il y a cinquante ans, il fallait un appareil mille fois plus lourd pour effectuer une partie seulement des mêmes opérations? ''Il est important de constater les progrès, par rapport à là d'où l'on vient'', insiste le Frère Ferdinand Poswick qui a contribué à la réalisation du musée de l'informatique à Namur. ''L'évolution numérique s'est accélérée sur les dernières décennies et s'est étendue à l'échelle de la planète'', ajoute-t-il en reconnaissant que le risque de la fracture numérique entre les générations est réel. Le co-fondateur du computer museum Nam-IP reconnaît par exemple ''ne pas avoir le réflexe image'', contrairement aux jeunes. ''Chaque image porte un message et l'ensemble forme une phrase.'' Ce code-là, le moine de Maredsous ne l'a pas (encore) acquis.

Plonger dans l'informatique avant la Bible
Frère Ferdinand Poswick s'est plongé dans l'informatique depuis longtemps pour pouvoir l'utiliser dans ses recherches dans le texte de la Bible. ''A l'occasion de la réédition de la Bible de Maredsous en 1968, j'ai travaillé sur un lexique d'une centaine de mots-clés qui m'ont fait voyager dans le livre sacré. Les premiers ordinateurs sortis à cette époque m'ont semblé répondre à ce besoin de créer des requêtes autour des idées contenues dans la Bible, ce qui a abouti à la Table pastorale de la Bible.'' Par la suite, l'équipe Informatique et Bible s'est attelée au même travail thématique sur les différentes traductions de la Bible. C'est là que l'interlocuteur se rend compte que l'apparente simplicité cache parfois de longues heures de programmation: ''Pour écrire chaque caractère hébreu, raconte Frère Poswick, il fallait décrire quels pixels étaient noirs, quels autres points étaient blancs. Ensuite, j'encodais cette série de pixels qui devenaient des codes (0 et 1) et devaient être appelés dans le programme à chaque fois que ce caractère apparaissait dans le texte.''

Qu'allons-nous devenir?
La prise en compte de ce passé récent de l'informatique permet de trouver des éléments de réponse à une autre question: ''Vers où va l'humain dès lors qu'il acquiert cet énorme accroissement de ses capacités d'appréhension et de transformation de son environnement, voire de sa propre structure?'' Deux évolutions semblent envisageables: soit l'espèce humaine va vers son extinction, soit elle réussit à se transformer pour atteindre le trans-humanisme. Le théologien Teilhard de Chardin, qui était au courant du développement des premiers ordinateurs dans les années 1950, plaidait pour que la technique améliore l'espèce humaine: ''Dans le cas des nouvelles machines à triturer les idées et les nombres (exactement comme dans celui des machines à travailler la matière), la fonction des automatismes artificiellement créés par la Vie réfléchie ne saurait être que de dégager - et cette fois à un niveau jamais atteint - une masse nouvelle d'énergie psychique libre; énergie immédiatement transformable en quelque forme plus haute encore de comprendre et d'imaginer.''
Cinquante ans après, Frère Poswick va plus loin: ''Les ordinateurs ne sont pas que de la ferraille, il faut des humains pour concevoir ces machines, d'autres pour les programmer et d'autres encore pour leur donner du sens.'' Pour le moine, le numérique pourrait devenir le lien qui rassemble les hommes et les femmes en un corps unique. Les plus jeunes, nés dans la culture informatique, ont une place active à jouer dans cet organisme planétaire qui se crée aujourd'hui. D'autres membres de ce corps n'ont pas les mêmes réflexes...
Cela rappelle la comparaison tissée par saint Paul (1ère Lettre aux Corinthiens): ''Si un membre souffre, tous les membres partagent sa souffrance.'' Le réflexe professionnel de Frère Poswick réapparaît. Lui qui a travaillé toutes ces années à l'adaptation informatique de la Bible appelle aujourd'hui de ses vœux une traduction de la Bible en images. La période actuelle n'est pas favorable au livre, encore moins au Livre de la Bible. Pour son avenir, il faudrait investir dans la linguistique visuelle.

Espace muséal
Quatre collections privées ont été rassemblées grâce au soutien du Fonds ''Informatique pionnière en Belgique'' de la Fondation Roi Baudouin. Les appareils IBM, Bull, Unisys et autres marques sont exposés depuis octobre 2016 au sein d'un espace de 500 m². Si une ligne du temps parcourt l'ensemble du musée pour souligner chaque étape de l'évolution historique, les scénographes ont privilégié des ''mini-expos dans les containers'' (selon les termes d'un visiteur), en isolant certaines parties du musée selon des thèmes précis.
L'investissement fait par la Fondation Roi Baudouin souligne à quel point l'informatique fait partie désormais de notre patrimoine culturel. A ce titre, il semble important de préserver les traces de son évolution depuis les premières machines à calculer, les imprimantes jusqu'aux modèles compacts. L'exposition de ce matériel au musée de Namur joue également un rôle dans la transmission du savoir. Les jeunes visiteurs, en particulier les enfants, sont systématiquement impressionnés par la taille des appareils qui imprimaient, classaient et utilisaient les cartes perforées. Les mêmes natifs des années 2000 n'imaginent pas les cours de programmation informatique qui ont été nécessaires à leurs parents et grands-parents, parfois juste pour mettre en route un ordinateur.
La capitale de la Wallonie s'est ainsi dotée d'un lieu assez unique pour faire connaître l'histoire de l'informatique, un musée tel qu'il n'en existe aucun autre à 400 km à la ronde. Le computer Museum Nam-IP est devenu possible grâce à l'investissement obstiné d'une série de passionnés, parmi lesquels Frère Ferdinand Poswick. Ces bénévoles assurent les visites guidées pour les groupes scolaires ou les touristes de passage. Même sans explications, le visiteur peut circuler aisément 1h30 dans ce musée et y apprendre une foule d'informations sur l'origine des ordinateurs et leurs fonctionnements.
Ce musée donne l'occasion d'une sortie scolaire ou d'une expérience à vivre en famille où les aînés expliquent les appareils à leurs enfants. Les gestionnaires du projet espèrent que ce lieu bénéficiera d'un bouche-à-oreille favorable pour que le matériel rassemblé puisse être vu par de nombreux visiteurs. Un appel est aussi lancé auprès des bénévoles passionnés par l'informatique qui pourraient rejoindre l'équipe du Musée pour donner de la vie aux appareils, et du souffle à ce projet.
Anne-Françoise de Beaudrap (Dimanche/CathoBel)

Computer Museum Nam-Ip, Rue Henri Blès 192 a, à Namur. www.nam-ip.com
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