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26/4/2017
L'abbé Louis Warnon, ancien curé d'Annevoie, fait ''Juste parmi les nations''
A bientôt 85 ans, le professeur François Englert, prix Nobel belge de physique a gardé, longtemps, au fond de lui une blessure terrible dont il ose seulement parler aujourd'hui. Lui, l'enfant juif a vu sa vie basculer lors de la seconde guerre mondiale. S'il est toujours en vie et a pu briller comme il l'a fait dans le monde scientifique c'est en partie grâce à quelques personnes qui n'ont pas eu peur de mettre leur vie en péril. Les familles Jourdan, Moreels et l'abbé Louis Warnon ont reçu hier, à titre posthume, à Profondeville, le titre de ''Juste parmi les nations'' des mains de l'ambassadeur d'Israël en Belgique, Simona Frankel.
Ceux et celles qui, dans les années 40, n'ont pas hésité à mettre leur vie en jeu pour sauver des hommes, des femmes, des enfants qu'ils ne connaissaient pas sont, pour la majorité, décédés. Hier, ce sont donc les descendants qui ont reçu, non sans une légitime fierté, l'hommage d'Israël. A Profondeville, comme ailleurs dans le pays, beaucoup de personnes ont caché des Juifs leur évitant ainsi la déportation et une mort quasi certaine. Le bourgmestre Luc Delire n'était pas peu fier de souligner leur audace, leur courage.
Parmi eux, l'abbé Louis Warnon décédé en 1965 à l'âge de 90 ans. Ancien vicaire de Saint-Servais, il a aussi été curé à Daussois puis à Annevoie. C'est là qu'il exerçait son ministère pendant la seconde guerre mondiale. Il va être amené à prendre soin de celui qui, en 2013, recevait le prix Nobel belge pour sa découverte, le fameux boson de Higgs-Brout-Englebert.

Enfant solitaire
De parents polonais, François Englert est né en Belgique. Il est juif. Sa famille sentant la menace nazie toujours plus pressante avait décidé de quitter Bruxelles.
Pour donner toutes leurs chances à leurs enfants, les parents les confient à la famille Jourdan qui, à Lustin, exploite un café-restaurant. Un choc énorme pour le jeune François qui, même s'il comprend qu'il doit être fort est inquiet pour les siens dont il est sans nouvelles. Suite à une dénonciation, la famille est regroupée et cachée par Achile Moreels.
L'abbé Louis Warnon a lui pris en charge la scolarité des enfants: le frère aîné et le jeune François. Ils sont inscrits au collège de Bellevue à Dinant où d'autres enfants juifs étaient eux aussi cachés. ''J'étais un enfant juif, solitaire, parmi d'autres.''L'abbé Warnon change le nom d'Englert en Englebert. Il rencontre Mgr Charue, un résistant, alors évêque pour lui demander l'autorisation de baptiser l'enfant. Il devait passer inaperçu parmi les autres collégiens catholiques.
L'abbé Warnon comme tous les autres restera discret sur cette période de sa vie, sur ses actes. François Englert grandit et tente lui de se reconstruire. Il est un étudiant brillant qui jamais n'oubliera ces années d'angoisse. Une blessure toujours bien présente.
Hier à la maison communale de Profondeville, François Englert confiait: ''Le prix Nobel m'a aidé à me libérer de ce silence. On m'a demandé une biographie et j'ai répondu d'abord que je ne parlais pas de mon enfance...'' Cette demande l'a poussé à avancer. Cela ne signifiait bien sûr pas qu'il avait rayé de sa mémoire ces familles de Lustin, ce curé d'Annevoie ... Finalement, il a pris contact avec Yad Yashem pour obtenir une reconnaissance de Juste parmi les nations pour ceux qui ont veillé sur lui. Une reconnaissance obtenue et qui s'est matérialisée par un diplôme et une médaille remis, hier, par Mme Simona Frankel, ambassadeur d'Israël en Belgique. Les noms des Jourdan, Moreels et Warnon seront encore inscrits sur le mémorial israélien qui se trouve à Jérusalem. Un mémorial en mémoire des victimes juives exterminées par les nazis.
''On ne peut gommer une enfance volée.'' François Englert confiera encore que ces années ont eu des conséquences sur son caractère: il contestait tout ce qui venait des adultes. ''La physique m'a apporté de la joie. Elle m'a aidée a surmonter, en partie, mes angoisses. La sérénité a manqué dans ma vie. Le prix Nobel m'a libéré du silence.'' Le prix Nobel c'était en 2013.
Le professeur Englert parlera de l'abbé Warnon comme ''d'un homme extraordinaire d'humanité.'' Geneviève et Raymond Piette gardent eux un souvenir ému de ce grand oncle prêtre soucieux que les enfants suivent une bonne scolarité. Geneviève Piette soulignera également son attention constante à l'autre. ''Un homme intelligent qui avait un grand coeur.''
Simona Frankel et François Englert ponctueront leurs propos en citant un très bel extrait d'un poème mexicain: ''Ils ont voulu nous enterrer, mais ils ne savaient pas que nous étions des graines.''
C.B.
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