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25/1/2022
De Namur à Rome, Carine Dequenne veille sur les consacrés
Par la fenêtre de son bureau, Carine Dequenne de la Communauté de l’Emmanuel a une vue plongeante sur la place Saint-Pierre. De quoi faire rêver tous ceux qui ont visité Rome et la Cité du Vatican. Bruxelloise d’origine, après un passage par l’Évêché de Namur où elle a travaillé à l’officialité, elle a rejoint, c’était en 2009, la Congrégation pour les instituts de vie consacrée et les sociétés de vie apostolique. De passage à Namur, Carine Dequenne raconte son travail, son quotidien dans la Ville Éternelle… Elle participera, le 30 janvier prochain, à Rochefort, à la fête de la vie consacrée : elle donnera une conférence (lire par ailleurs).
Elle sera restée, suite bien sûr à la pandémie, plus de deux ans sans rentrer en Belgique. Et le pays lui manquait tout comme sa famille bien sûr et ses amis. Pendant toute cette longue période, elle communiquait via les réseaux sociaux mais cela ne remplace pas les contacts, les vrais. Ses vacances se sont transformées en un véritable marathon de visites. Carine Dequenne n’en perd pas le sourire : ce marathon est fatigant mais tellement revigorant.
À Rome, Carine est official dans la Congrégation pour les instituts de vie consacrée et les sociétés de vie apostolique, en abrégé CIVCSVA. Un travail qui la passionne et qu’elle exerce depuis 2009. Un travail à mille lieux du « plan de carrière » imaginé. Une fois son diplôme de juriste en poche, Carine Dequenne de la communauté de l’Emmanuel, a décidé de venir s’installer à Namur. Bruxelles, une grande ville bruyante où elle ne s’imaginait pas exercer comme avocate. À Namur, les débuts sont difficiles. Si elle tombe sous le charme de la ville, une petite ville à taille humaine comme elle aime le dire, les premiers pas professionnels sont compliqués, personne ne la connaît… Il faut se faire une place, un nom.
Consacrée de l’Emmanuel, elle s’inscrit au Séminaire pour y suivre les cours. Là, elle rencontre le chanoine Huet, professeur de droit canonique. Les deux juristes échangent. Carine Dequenne suit le cours de droit canonique et décide de se perfectionner dans cette matière en suivant ce même cours mais à Strasbourg. La jeune femme est séduite. « Cette matière m’a passionnée, elle a été une révélation. Le droit canonique est au service de la foi, c’est un droit pastoral. Je ne suis pas d’accord avec ceux qui disent que le droit canon est un droit flonflon. J’ai un exemple. Tout un chapitre traite du transfert administratif des curés mais le dernier canon précise qu’il ne faut pas perdre de vue l’importance du salut suprême, le salut des âmes. »

Pourquoi moi ?
Les études terminées, c’est à l’Évêché de Namur qu’elle va travailler, elle traite des affaires matrimoniales. À peine le temps de découvrir le domaine qu’elle reçoit un appel de Rome. On lui proposait de rejoindre la Congrégation pour les instituts de vie consacrée et les sociétés de vie apostolique… Elle a 48 heures pour donner sa réponse. Étonnement, stupeur et finalement… « Je me suis dit : pourquoi pas. Si l’Église me demande… » Elle en informe Mgr Léonard, alors évêque du diocèse de Namur. Aujourd’hui encore, Carine Dequenne reste émerveillée par la réponse de ce dernier. Une réponse pleine de bon sens. Mgr Léonard aura ces mots : « L’Église diocésaine doit aussi savoir donner des jeunes à l’Église universelle. »
À l’arrivée à Rome, c’est le choc. La ville est certes belle mais grande, bruyante. Encore aujourd’hui, Carine avoue ne pas s’y sentir très à l’aise. Et pourtant : « Je le reconnais, Rome est une belle ville avec une belle culture et on y mange bien (éclat de rire). » Elle apprécie les Italiens et plus spécialement encore les Romains. À leur contact, Carine dit avoir changé. Se découvrant ainsi une passion pour la culture, la visite des musées. « Dans ma famille, on ne pouvait visiter un musée que si on était déjà quasi incollable sur l’artiste, la période… Non, les Italiens ils découvrent avec le cœur. Ils entrent dans le musée et ils disent s’ils aiment ou pas. » Et c’est pareil pour la foi. « En Belgique, nous sommes tellement rationnels. La foi, on doit d’abord la comprendre avec la tête. En Italie, la foi passe aussi par le toucher d’une statue, d’une icône, par l’écoute d’une belle homélie, par le cœur. » Carine a encore découvert que les Italiens peuvent aussi être de mauvaise humeur ! Sœur Carine : « Ici (ndlr : en Belgique) le client est roi. En Italie, c’est différent. Je me suis déjà fait mettre dehors d’un magasin tout simplement parce que le commerçant était de mauvaise humeur. Il ne faut pas s’en formaliser. »

Traumatisme
L’Italie a bien sûr été touchée elle aussi par le Covid-19 et ce même avant le reste de l’Europe. On a encore tous en tête ces terribles images de camions frigos dont la remorque était utilisée pour placer les cercueils. « Le pays a été traumatisé » se souvient Carine. Une pandémie qui n’a pas vraiment chamboulé son quotidien, hormis les règles de sécurité. Comme toujours elle est allée à pied au travail. Impossible pour elle de traiter ses dossiers à domicile. « Les dossiers que je traite sont marqués du secret, ils ne peuvent sortir de mon lieu de travail. » Cette pandémie a, en revanche, renforcé les liens même si c’est à distance entre les habitants d’un même immeuble. « À Rome tous les appartements ont un balcon et entre voisins, on se saluait d’un balcon à l’autre. J’ai aussi pris l’habitude d’aller saluer une vieille dame de l’immeuble, elle était seule. On parlait en gardant nos distances. »

Un million de consacrés
Carine a appris l’italien sur le tas, comme elle dit. Une langue qu’elle maîtrise, aujourd’hui, à la perfection. Pour le travail, elle utilise sa langue maternelle, le français étant une des cinq officielles du Vatican. Carine travaille au sein du dicastère pour les instituts de vie consacrée et les sociétés de vie apostolique. Sr Carine : « On estime qu’il y a, dans le monde, un million de consacrés. Et même si, chez nous, la vie consacrée est en régression, elle est en augmentation dans d’autres coins du monde, en Asie par exemple. Le dicastère veille sur le fonctionnement de ces instituts qui ont leurs propres règles mais aussi sur la qualité de vie de ceux et celles qui y vivent. Il faut ainsi vérifier que ces instituts tiennent régulièrement leur chapitre, que le supérieur soit élu selon les règles… » Si dans la majorité des lieux tout fonctionne bien, « ça roule » comme le souligne Carine, parfois il peut y avoir des soucis. Ils sont dénoncés au dicastère par l’évêque du lieu où l’institut est implanté, par un des membres ou par des extérieurs qui tirent la sonnette d’alarme. Parmi les points sur lesquels le dicastère est attentif : les qualités du supérieur. « Le supérieur est là pour le bien commun et pas pour écraser les autres et dire : ‘ je suis le chef.’ » Lorsque le dicastère le juge nécessaire, un visiteur apostolique peut être envoyé sur place et faire rapport avant que des décisions ne soient éventuellement prises.
Un travail qui passionne Carine par les belles rencontres qu’il lui permet d’avoir. Elle avoue aussi quelques nuits d’insomnie quand les faits dénoncés sont lourds et qu’ils entraînent des conséquences pour les consacré(e)s. Un travail qu’elle mène majoritairement avec des religieux et des religieuses de diverses nationalités mais aussi de charismes différents. « On se respecte, c’est une belle forme de complémentarité. »
De son quotidien à Rome, de sa vie de consacrée elle parlera lors d’une conférence qu’elle donnera à Rochefort. Une conférence qui aura pour thème : « Laïcs, prêtres et consacrés, marchons ensemble. » et qui s’inscrit dans le cadre de la journée de la vie consacrée (lire par ailleurs).

Christine Bolinne
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