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21/1/2020
Leur charisme: rendre les personnes âgées heureuses
Pour Soeur Fedeliya comme pour Soeur Bernadette, la journée a démarré il y a plusieurs heures déjà. Il est à peine 9h et elles arpentent les longs couloirs du home Saint-Joseph, la maison de repos des Petites Sœurs des Pauvres, un large sourire aux lèvres. Toutes deux prennent le temps d'échanger un petit mot avec les personnes croisées des pensionnaires bien sûr mais aussi des laïcs, des bénévoles... Des hommes et des femmes qui, au quotidien les aident à vivre leur charisme: rendre les personnes âgées accueillies heureuses. La force de ces religieuses? Une vie de prière riche: ''c'est notre socle'' disent-elles. Rencontre dans le cadre de la Journée de la vie consacrée.
Sœur Fedeliya, originaire du Sri Lanka, a 53 ans, elle est la Mère Supérieure de la communauté. Sœur Bernadette, 85 ans, en a aussi été Mère supérieure, elle est aujourd'hui la conseillère de Sœur Fédeliya. Elle est originaire de Porcheresse, en province de Luxembourg insiste la religieuse. Elles sont onze Petites Sœurs des Pauvres de huit nationalités différentes à vivre, à Namur, dans le vaste bâtiment de la rue Ernotte.
Cette Journée de la vie consacrée est l'occasion de les rencontrer, de leur donner la parole pour parler de leur quotidien. Chez les Petites Sœurs des Pauvres, Jeanne Jugan - ou plutôt sainte Jeanne Jugan puisqu'elle a été canonisée en 2009 par Benoît XVI -est omniprésente dans des représentations mais aussi dans les conversations. Sainte Jeanne Jugan est la fondatrice des Petites Sœurs des Pauvres. Une femme qui, un soir d'hiver, craque face à la détresse d'une femme âgée, aveugle, paralysée... Elle la soutiendra jusqu'au bout de sa vie. Les Petites Sœurs des Pauvres à travers les 176 Maisons présentes dans le monde poursuivent cet objectif: être au service des seniors démunis. Sœurs Fedeliya et Bernadette: ''Nous sommes là pour entourer les personnes âgées, les aimer, les soigner jusqu'au terme de leur vie.'' Des religieuses qui, comme leurs consœurs ont fait vœu de charité, d'obéissance et de chasteté. Mais pas seulement. Chez les Petites Sœurs des Pauvres, il y a un quatrième vœu, celui d'hospitalité.
Des sœurs qui ne touchent pas de salaire, n'ont pas de revenu fixe. La quête est essentielle pour elles vivre mais aussi faire vivre leurs pensionnaires. Elles vivent de dons qu'ils soient financiers ou alimentaires: elles font du porte à porte, sont présentes dans les supermarchés... ''Tous ces dons mis bout à bout forment un chapelet de solidarité, d'amitié et de prière et procurent autant de bienfaits à celui qui reçoit qu'à celui qui donne'' est-il précisé dans le fascicule où elles se présentent. Ce jour-là, une petite sœur était partie chercher des œufs, un don bien sûr. Sœur Fedeliya d'ajouter: ''Dieu aime ceux qui donnent avec joie.''

Des novices en Espagne mais pas chez nous
Les Petites Sœurs des Pauvres remplissent 7 jours sur 7, 365 jours sur 365 cette mission. Et demain? Sœur Bernadette: ''Aujourd'hui, les personnes ont du mal à s'engager pour toute leur vie. C'est vrai dans la vie religieuse mais aussi dans le mariage. La priorité va encore vers plus de confort ou encore aux études plus longues.'' Résultat, pas d'entrée en Belgique. Pas d'entrée non plus à La Tour à Saint-Pern (près de Rennes, en France), la maison mère. Par contre, une maison rouvre en Espagne. Plusieurs novices sont entrées dans les différentes maisons d'Inde. Les Petites Sœurs des Pauvres portent l'habit et en sont fières. Sœur Fedeliya:''Sans l'habit je ne serais pas restée.'' Lorsque les beaux jours reviendront, les petites sœurs troqueront leur habit noir pour le blanc. Avec une seule touche de noire pour le scapulaire. Tenue blanche aussi pour le service aux malades. ''Cela permet de voyager léger'' lance Sr Fedeliya tout sourire.

Un esprit différent
Autre constat, du moins chez nous, les sœurs peuvent être plus âgées que les pensionnaires hébergés! Comment dès lors fonctionnent-elles? Elles ne sont pas seules bien sûr. Elles peuvent compter sur des bénévoles. Mais aussi sur du personnel des infirmier(e), des aides-soignant(e)s, des kinés... Ils sont chaque jour à leurs côtés pour assurer les soins, les tâches administratives.... Sœur Fedeliya: ''Si toutes ces personnes travaillent chez nous ce n'est pas que pour l'argent, il y a autre chose ici.'' A plusieurs reprises, elle parlera de l'esprit de famille qui règne. Plusieurs sœurs sont toujours - très -actives. Et elles sont présentes de jour comme de nuit dans les bâtiments. Elles sont ainsi une présence réconfortante sécurisante pour les personnes en fin de vie. Sœur Fedeliya: ''Cela rassure nos pensionnaires de savoir que nous serons là, avec eux, jusqu'au bout. Nous nous relayons au chevet des mourants.''
Deux religieuses, deux femmes heureuses dans leur vie donnée à Dieu. Une joie de vivre, un enthousiasme qui plonge ses racines dans leur vie de prière qui ponctue la journée. Avec à 6h30 l'oraison, à 7h les laudes, à 11h l'eucharistie... ''C'est notre socle'' ajoute Sœur Fedeliya. ''Prendre le temps de prier, c'est un choix.'' Prière personnelle et prière communautaire avec, outre l'eucharistie, le chapelet. ''Nous pouvons aussi le prier au jardin''lance Sœur Bernadette visiblement impatiente d'accueillir les beaux jours.
Des religieuses qui, comme leurs consœurs ont tout quitté pour vivre en communauté. ''Notre famille c'est les résidents, les familles, le personnel...'' souligne Sœur Bernadette. Et quand on lui fait remarquer que la vie en communauté ne doit pas toujours être simple, la réponse fuse. ''C'est vrai, nous ne nous sommes pas choisies. On se reçoit mais Dieu nous aide comme pour une famille. Nous nous soutenons et c'est cela qui nous unit.''
Deux femmes qui, à des années l'une de l'autre, ont eu un véritable coup de foudre pour la vie consacrée. En fait un double coup de foudre: pour Dieu et pour l'aide aux personnes âgées démunies.

Du Skri Lanka à Porcheresse: l'appel de Dieu
Celle qui allait devenir Sœur Fedeliya vivait avec ses sœurs et son frère au Sri Lanka. Une famille chrétienne avec un papa qui, dès qu'il avait un peu de temps, aidait les religieuses, les Petites Sœurs des Pauvres. Les religieuses lui ont demandé si une de ses filles ne pourrait les rejoindre. De retour à la maison, il en a parlé avec son épouse avant de poser la question à la famille. ''J'avais le cœur qui battait, mes sœurs plus âgées étaient prioritaires mais elles ne réagissaient pas. J'avais alors 10 ans et j'ai timidement levé la main.'' Très vite, elle a passé les vacances, les week-ends chez les sœurs à éplucher les légumes, faire le ménage, laver le linge mais aussi veiller sur les résidents. Heureuse de cette vie choisie, elle n'avait qu'une envie: rejoindre au plus vite les religieuses. Pleines de sagesse, elles lui demanderont d'être patiente et de terminer ses études. Ce qu'elle fera avec une foi plus que jamais rivée au cœur. Durant trois ans, elle vit son noviciat en Inde avant de retourner au Sri Lanka pour mieux repartir, en France, à La Tour où elle apprend le français. En 1997, elle prononce ses vœux définitifs.
Sœur Bernadette, alerte octogénaire, se souvient très bien de ce 15 août et le raconte avec toujours autant d'émotion. ''Deux Petites Sœurs des Pauvres sont venues frapper à la porte de la maison familiale, elles faisaient la quête. Une des deux en me remettant une image m'a dit: ''Un jour vous viendrez chez nous.''''
L'image est celle de religieuses qui lavent les pieds de personnes âgées... '' Je trouve que c'est le plus beau geste que l'on puisse accomplir. J'ai glissé la photo dans mon portefeuille sans en parler à personne'' ajoute la religieuse. Née dans une famille chrétienne avec une tante religieuse, elle est convaincue que le Seigneur lui a déjà envoyé un premier signe lors de sa communion solennelle. Alors qu'elle est novice et qu'elle vient de prononcer ses premiers vœux, la mère maîtresse la fait appeler et l'informe qu'elle va suivre des cours pour devenir infirmière. Même si elle a fait vœux d'obéissance, sœur Bernadette n'est pas convaincue: ''Je ne suis pas entrée pour faire des études, je ne pourrai pas.'' Réponse de la supérieure: ''Vous aurez la grâce.'' Sœur Bernadette:''Le Seigneur nous guide, nous conduit. N'importe où on va, il est là.''
Christine Bolinne
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