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22/11/2022
Prévenir des abus dans la relation pastorale
Les 25 et 26 octobre derniers, la session « Prévenir des abus dans la relation pastorale » a eu lieu au Séminaire de Namur. Elle était donnée par Karlijn Demasure, directrice et fondatrice du Centre de protection des mineurs et des personnes vulnérables à l’Université St-Paul à Ottawa au Canada.
La session était intitulée « Prévention des abus dans la relation pastorale ». Deux jours de formations où près d’une cinquantaine de personnes s’y sont rendus : séminaristes, acteurs paroissiaux, prêtres, sœurs et laïcs. L’évêque du diocèse de Namur, Monseigneur Warin, et le nonce apostolique, Monseigneur Coppola, étaient également présents. Une session sur deux jours où les séminaristes et les étudiants de l’Institut Diocésain de Formation (IDF) sont amenés à rendre un travail.

Présentation du programme
Deux journées complémentaires pour permettre aux étudiants de comprendre ce qu’est un abus et comment le prévenir dans la relation pastorale. Un programme de cours détaillé a été remis aux élèves dès leur arrivée. En premier lieu, le Dr Karlijn Demasure commence son propos par explorer le domaine des abus (définition, conséquences, accueillir la parole des victimes), puis elle se concentre sur les causes et la prévention des abus (les personnes qui abusent, l’interprétation des abus et quels sont les facteurs de risque et de protection). Ensuite, le professeur s’intéresse aux victimes adultes dans la relation pastorale (conséquences spirituelles des abus, abus spirituels, prévention et respect des frontières). Le dernier volet de cette formation portera sur la pastorale des victimes et survivants d’abus (accompagnement pastoral, pardon et le prendre soin de soi).

La nécessité de faire de la prévention
Le Professeur Karlijn Demasure a répété à de nombreuses reprises la phrase suivante : « On a besoin de faire quelque chose pour la pastorale des familles. » On a besoin de reconnaitre les signes. La question est : comment est-ce que l’on peut aller de l’avant ? Qu’est-ce que nous pouvons faire pour notre église, nos familles ? Prévenir, dans le sens de faire de la prévention auprès de chacun, est plus qu’important. Cela nous permet d’éviter que cela ne se reproduise.

Les différents types d'abus
• La maltraitance de l’enfant peut être de deux façons : par actes de perpétuation ou par actes d’omission. Dans le cas d’actes de perpétuation, il peut y avoir abus physique, abus sexuel, abus psychologique. Dans les actes d’omission, c’est une négligence de l’enfant se traduisant par une négligence physique, émotionnelle, médiale ou par une supervision inadéquate de l’enfant en l’exposant dans un environnement violent.
• Il existe différents types d’abus : abus psychologique, abus physique, abus spirituel, abus de confiance et de conscience. Toutes formes d’abus impliquent un rapport de forces, une position d’inégalité et une exploitation de la vulnérabilité. Mais dans chacun, il y a un abus de confiance et parfois même de conscience.

Un point important à savoir sur les abuseurs
Pour parler des abuseurs, beaucoup souffrent d’un déficit neuropsychologique, d’un trouble de la personnalité, d’un affaiblissement moral ou ont été abusé par le passé. Les abuseurs ne se rendent pas compte du mal qu’ils font. Ils utilisent les distorsions cognitives pour rationaliser l’abus.

Abuseurs : reconnaître les signes pour intervenir
Avant même que l’abus ait lieu, plusieurs indicateurs peuvent vous faire prendre conscience que quelque chose ne va pas. Il est bon de connaitre les signes pour pouvoir intervenir rapidement. On peut les classer en trois catégories : signes faibles, signes démontrant qu’il faut prêter une attention particulière et le dernier celles où il faut agir immédiatement.

Détaillons ici les signes faibles :
o Cette personne n’a pas ou très peu de relations avec des pairs.
o Cette personne se sent mal à l’aise avec les pairs et au contraire se sent très à l’aise avec les mineurs.
o Cette personne éprouve un très grand intérêt dans les activités des enfants/adolescents.
o Cette personne n’est pas à l’aise avec sa propre sexualité.
Si vous observez ces signes, alors plusieurs réponses sont appropriées : suivre une thérapie, contrôler s’il y a d’autres indicateurs de comportement problématique, vérifier si les frontières avec les mineurs sont établies et respectées et enfin discerner sur l’occupation professionnel de la personne.

Les signes deviennent plus évidents ! Il faut faire attention.
o Cette personne se trouve souvent en compagnie avec les mineurs.
o Cette personne offre des cadeaux insolites aux mineurs.
o Cette personne garde des secrets avec les mineurs.
o Cette personne est « Amis » avec les mineurs sur les réseaux sociaux.
o Cette personne est crainte par des mineurs.
o Les adultes se sentent de plus en plus mal à l’aise avec lui.
o Cette personne a des animaux en peluche, jeux pour enfants, jouets dans sa chambre.
Si vous observez ces signes, les frontières sont déjà franchies. Il faut intervenir rapidement. Il faut faire des enquêtes supplémentaires pour avoir un maximum d’information et prévenir. Il se peut qu’il y ait déjà un abus.

Les signes qui démontrent une urgence :
o Cette personne emmène les enfants en vacances privées ou dans des quartiers privés.
o Cette personne a des centaines de photos d’enfants.
o Cette personne pose ses mains « partout » aux enfants et vice-versa.
o Cette personne fait des attouchements de plus en plus intrusifs de mineurs.
o Cette personne donne de l’alcool et/ou des drogues aux mineurs.
Il y a déjà de l’abus dans ces signes. Il faut intervenir immédiatement en éloignant les mineurs de cette personne. Il faut en informer les responsables et faire une enquête complète. Il faut aussi fournir une assistance professionnelle aux mineurs.

Victimes : les conséquences des abus
Une quarantaine d’années, tel est souvent l’âge où les victimes d’abus commencent à parler. Et parmi les victimes, on en trouve deux types : celle qui a subi l’infraction et la victime collatérale. Cette dernière n’a pas subi l’abus mais fait partie de l’entourage de la victime. Elle en subit aussi les conséquences d’une certaine manière.
Une personne victime d’abus a plusieurs étapes pour guérir de cette blessure. Lorsque la personne victime commence à parler de ce qu’elle a vécu, il faut d’abord accueillir ce que cette personne a vécu. Raconter cela est un pas énorme pour elle. Un sentiment de honte et de culpabilité accompagne souvent les victimes.
Les conséquences des abus peuvent être multiples et ne sont pas forcément les mêmes pour chaque victime. Des changements de comportements soudains, des anomalies peuvent vous indiquer que quelque chose ne va pas. Il peut y avoir des conséquences sur le plan médical : douleur, maladies sexuellement transmissibles, sida et blessures. Pour les femmes, il peut aussi y avoir une grossesse. Sur le plan psychologique, cela peut se traduire de différentes façons : stress post-traumatique, détresse psychologique, faible estime de soi, dépression, troubles alimentaires, abus d’alcool et/ou de drogues, idées suicidaires, automutilation, etc. De nombreux éléments influencent les conséquences de l’abus : la réaction de l’entourage immédiat, le stade de développement, le type de personnalité, la relation avec l’agresseur, l’intensité et la durée de l’abus.
À cause de l’abus, les victimes peuvent avoir du mal à mettre des limites avec les autres. Elles se retrouvent donc avec de nombreuses difficultés. On peut en citer quelques-uns : la juste distance, confiance à l’autre, confiance en soi, peur d’être manipulé, hypersensibilité.

Le dévoilement
Le dévoilement est souvent le seul moyen de savoir ce qu’il s’est passé. Souffrant des conséquences des abus, de nombreuses victimes craignent de parler car elles peuvent avoir peur de décevoir. Elles vont alors minimiser ce qu’elles ont vécu y comprit refouler les souvenirs. Si la personne a une méconnaissance au moment de l’abus, elle ne pourra pas forcément comprendre ce qui lui arrive et n’aura pas de mots pour décrire ou pour raconter ces faits. La plupart par souci de protection vis-à-vis d’autres personnes vont avoir tendance à se sacrifier. Le dévoilement a généralement lieu lorsque la personne victime vit un événement important dans sa vie et où le dialogue est possible dans un climat de confiance.

Faire de la prévention & se mettre à l’écoute
Faire de la prévention, c’est construire une société qui écoute. Une société où chaque victime sera écoutée, quelle que soit sa place. La personne qui reçoit la victime, la reçoit dans une démarche d’accueil. La personne qui écoute doit toujours être transparente avec celle qui témoigne de ce qu’elle a vécu. Il y a très rarement de fausses accusations.
Quelques facteurs de protection des mineurs à se rappeler : il faut avoir de la supervision, avoir une éducation qui mène à faire grandir la confiance en soi pour ainsi développer des compétences rationnelles.
Il ne faut jamais traiter un cas d’abus en étant seul. Il est primordial d’être à deux pour accompagner. La personne qui accompagne devra faire attention au bon respect des frontières. Une personne ayant été victime d’abus aura tendance à ne pas mettre de frontières.

Le pardon après un abus
Le pardon est un processus. Il peut mettre du temps. La victime a alors réussi à parler, à livrer son vécu et il lui reste à pardonner. Un processus qui peut s’avérer long si la personne souffre de stress post-traumatique. La victime devra d’abord accepter la colère, laisser passer le sentiment de haine et redonner un sens à sa vie. Ce processus débute par le désir de pardonner pour se traduire ensuite par une volonté de pardonner.

Vous êtes victime d’abus, ne restez pas seul. Prenez contact directement :
Francophone
• E-mail : info.abus@catho.be
• Tél. : 02.507.05.93
Nederlandstalig
• E-mail: info.misbruik@kerknet.be
• Tél. :02.507.05.93













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