19/6/2020 Le clocher de l'église de Warisoulx aux allures de tour de Pise a été enlevé Ce n'est pas tous les jours - et c'est heureux - que le clocher d'une église doit quitter les hauteurs de l'édifice pour retrouver le plancher des vaches. C'est ce qui est arrivé au clocher de l'église Saint-Martin à Warisoulx. L'église avait été fermée tant le clocher se faisait menaçant. Le clocher enlevé, la messe pourra de nouveau être célébrée dans l'église paroissiale. Ce sera sans doute pour le dimanche 27 juin. Il faudra aussi repenser à un nouveau clocher. Clocher à l'identique? Clocher contemporain? Une question qui risque bien de diviser...
La place qui entoure l'église était interdite à toute circulation. L'espace étant envahi par deux immenses grues. Un tel chantier ne s'improvise pas. Descendre un clocher est un travail périlleux. Le chantier a été confié à la société Project Constructs de Moustier. Luc Labbé, un des représentants, est sur place. Un œil sur le clocher, un autre sur le ciel. Du vent, de l'orage... pouvant sérieusement perturber cette opération. Les paroissiens et les habitants massés durant de longues heures sur place auront l'occasion de constater que c'est la pluie qui s'est invitée... au moment le plus critique.
Les travaux préparatoires avaient démarré quelques jours plus tôt. Ce mercredi, il ''restait'' à placer une croix en acier, sorte de socle servant à suspendre le clocher durant sa descente.
La tour de Pise de Warisoulx
Ce clocher occupe bien des conversations et depuis de nombreuses années. Une église construite en 1872. Petit à petit, son clocher s'est mis à pencher. Jusqu'à pencher dangereusement! Ce qui a entraîné la prise de décision de la commune, c'était en janvier 2019: interdire l'accès à l'église et donc la célébration du culte.
Lorsque les spécialistes ont examiné, de plus près, l'édifice, ils ont constaté que les poutres étaient ravagées, pourries. Cela pourrait avoir été occasionné par un mauvais écoulement de l'eau. Mauvaise évacuation elle-même sans doute provoquée par des déchets de chantier laissés sur place!
A 17h30, le clocher avait rejoint le sol. Restait à un membre de l'équipe, juste avant de le poser, de tronçonner une poutre centrale.
En lieu et place du clocher, une toiture provisoire a été posée. Elle devra être adaptée, ce sera fait dans les prochains jours, celle qui vient d'être installée laisse des ouvertures. Les pigeons et autres corneilles ont vite repris leurs mauvaises habitudes: squatter les lieux. La pluie s'y infiltre aussi.
Parmi les spectateurs attentifs, l'abbé Patrick Libbrecht, curé de la paroisse. En fouillant dans les archives du chanoine Genard, un spécialiste du patrimoine dans le diocèse, il s'est aperçu que l'église de Warisoulx perdait son clocher... pour la deuxième fois.
Et demain?
Un nouveau clocher devra être réalisé. Sera-t-il construit à l'identique? Sera-t-il plus contemporain? L'abbé Libbrecht verrait bien un clocher allégé qui permettrait de limiter les frais d'entretien et notamment des dépenses liées, à chaque intervention, à la location d'une nacelle. ''Il faut, souligne l'abbé, que ce clocher s'inscrive dans le paysage.'' Une étude va débuter, un concours d'architecte devrait être lancé prochainement. Les projets devraient être présentés lors d'une exposition qui aura lieu dans l'église.
Depuis que l'église Saint-Martin est fermée au culte, les paroissiens se retrouvent dans la salle du catéchisme. Les mesures de distanciation actuelles ne permettent plus cette formule. L'abbé Libbrecht espère pouvoir regagner son église décapitée le 27 juin prochain. Un autre chantier moins spectaculaire mais tout aussi nécessaire devra avoir lieu d'ici-là. Il s'agit de nettoyer l'église!
Photos: Yves Debuisson |