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16/2/2023
Souvenirs de Philippe Goffin ; une carrière à l'évêché de Namur
Philippe Goffin aura été durant près de 38 ans la voix de l’évêché. On pourrait aussi ajouter le sourire voire la bonne humeur d’un bureau, le plus fréquenté, de cette vénérable bâtisse ! Chargé de l’accueil des visiteurs, du standard téléphonique, de l’envoi de la revue Communications… il en a connu du monde. Sur son bureau : une calculatrice - toujours à portée de main - et un marqueur de couleur verte : deux indispensables pour une mission d’importance qui lui incombait aussi : la vérification, le moment venu, des comptes et des budgets des fabriques. Aujourd’hui, celui qui a démarré sa vie professionnelle dans le monde du ballon rond avant son très long passage par l’évêché est à la retraite. L’occasion de partager quelques souvenirs.
Tous les chemins - ou presque - mènent à l’accueil de l’évêché…
Chaque matin, Philippe Goffin était le premier à passer le porche de l’évêché. A peine installé à son bureau de l’accueil Philippe, tout sourire, était prêt à saluer, toujours d’un bon mot, ses collègues. Puis les visiteurs. Le tout entrecoupé de nombreux appels téléphoniques. Grâce à une expérience glanée au fil des années, Philippe Goffin a toujours su communiquer une information de première ligne avant de renvoyer vers le service concerné. Lors de situations tendues, Philippe savait se montrer rassurant. Et quand ça ne suffisait pas, il sortait de sa botte magique… l’humour : « Je rendais un peu l’évêché accessible » confie-t-il.
« Tous les chemins mènent à Rome » lance, l’œil rieur, Philippe Goffin en se confiant. Une expression proverbiale qui convient parfaitement à cet enfant de Florennes qui se voyait, dès son plus jeune âge, dans la peau d’un sportif. Il rêvait d’être professeur de gymnastique. Amoureux de football, il possédait un beau brin de talent. A 16 ans, il fait ainsi partie de l’équipe première de Florennes. De quoi pleinement satisfaire celui qui trouvait plus son épanouissement sur un terrain de foot que le nez rivé sur un tableau noir ou penché sur un syllabus. Ses premières rentrées financières remontent à cette époque. Grisant. Aujourd’hui encore, il regrette sa désinvolture face aux études. Inutile de dire qu’il est, sur le sujet, un papy intraitable avec ses petits-enfants !
Le joueur de foot Goffin possède un beau toucher de balle - même s’il était loin d’en être convaincu et ça n’a pas changé près de 50 ans plus tard - : « Pour moi, jouer au foot, c’était banal. » Repéré par un recruteur, il est très vite transféré à l’UR Namur avant de rejoindre Seraing, en équipe nationale. Une blessure mettra fin prématurément à une carrière sportive qui lui aurait réservé sans doute de belles surprises. Quand il rejouera après une opération et une longue rééducation, il sera aligné dans l’équipe de Ciney avant d’enfiler le maillot de Wallonia Namur.

« C’est quoi l’évêché »
Philippe Goffin sait que sa carrière de footballeur professionnel est terminée. Mgr Toussaint alors vicaire général de Mgr Mathen est un habitué du bord du terrain de Wallonia Namur. « Un jour, je le vois s’avancer vers moi. Il me dit : ‘Je sais que vous cherchez du travail. Je peux vous engager à l’évêché.’ » Même s’il ne sait pas très bien ce qui se cache derrière le mot « évêché », il accepte. Le début d’une carrière de près de 38 ans.
Carrière qui démarre aux archives : il est chargé du classement des doubles des actes paroissiaux. Il a pour voisine de bureau sœur Monique qui, bien des années plus tard, veillera au quotidien de Mgr Léonard. A cette époque, elle s’occupe de prêtres âgés. Lors de la traditionnelle pause-café de 10h, Philippe Goffin fait connaissance avec ceux qui fréquentent l’évêché, majoritairement, à cette époque, des prêtres. Il rencontre ainsi le chanoine Genard, canoniste. « J’ai été marqué par la rigueur de cet homme. » Avec lui, il va découvrir la complexité de la gestion des fondations et des obituaires.
Beaucoup de souvenirs de Philippe Goffin sont encore liés à Mgr Toussaint qui s’occupait notamment de l’officialité. Philippe, comme greffier, l’accompagnait « sur le terrain ». Non sans humour, Philippe Goffin affirme qu’il connait d’ailleurs aussi bien les terrains de foot que les églises ! Lors d’une visite rendue au Père Abbé de l’abbaye de Rochefort, il raconte avoir dégusté une trappiste. Quoi de plus banal. Mais… « Nous étions partis, avec Mgr Toussaint, à 7h30, de Namur. Une heure plus tard nous étions à l’abbaye. Après notre rendez-vous qui n’a pas duré très longtemps, le Père Abbé nous a proposés une trappiste… Quand nous lui avons fait remarquer qu’il était un peu tôt… il a répliqué que lui était levé depuis 4h du matin ! » Philippe Goffin en a accueilli des prêtres, souvent très stressés, qui avaient rendez-vous avec Mgr Toussaint. En les conduisant au parloir, il tentait - le plus souvent - d’amener un sourire sur des visages bien crispés !

Canonisation à Rome

Philippe Goffin a encore assumé le rôle de greffier dans la cause de canonisation de Frère Mutien. Le 10 décembre 1989, il fait ainsi partie des privilégiés qui assisteront depuis Rome à la canonisation du modeste frère de Malonne par le pape Jean-Paul II. Il était encore au côté de Mgr Mathen alors évêque du diocèse lors de la réception à l’ambassade de Belgique à Rome. L’occasion d’y rencontrer non seulement le cardinal Danneels mais aussi Wilfried Martens, présent en tant que Premier Ministre. Au programme encore de ce bref séjour, la visite des musées du Vatican. « Mais en tant que VIP » souligne le jeune retraité. Quatre années plus tôt, c’était en mai 1985, le secrétaire de l’évêché entrait, quelques heures durant, dans la peau du chauffeur. Chauffeur d’un jour pour conduire Mgr Mathen et Mgr Musty, à Bruxelles notamment. Jean-Paul II était en visite en Belgique. « J’ai ainsi vu le pape de très près. »
Parmi les joyeux souvenirs qu’il énumère avec nostalgie, les repas qui réunissaient notamment à la fin de l’année tous ceux qui travaillaient à l’évêché. Cela débutait avec le traditionnel apéro et se terminait, bien plus tard, avec des chansons reprises par tous les convives, évêque compris.
Il épinglera encore, les années liées à l’épiscopat de Mgr Léonard. Nommé par le pape Jean-Paul II, les premières années de Mgr Léonard succédant à Mgr Mathen sont émaillées de tensions. Des clans se créent entre les pro et les anti Léonard. Une évocation qui le touche. Parmi les bons moments, Philippe n’a pas oublié la visite que Mgr Léonard rendait, chaque matin, aux membres de l’administration. Il prenait quelques minutes pour saluer les personnes présentes, s’inquiéter de l’état de santé d’un enfant, d’un conjoint, se réjouir des petits et grands bonheurs…

Des comptes et encore des comptes

Deux fois par an, en avril pour les comptes et en août pour les budgets, l’accueil de l’évêché croule sous les dossiers remis par les fabriques d’église pour un travail de vérification des chapitres soumis à la tutelle de l’évêché. Un travail ardu qui doit être réalisé dans un délai bien précis. En véritable habitué, Philippe Goffin gérait calculatrice d’une main et marqueur de l’autre, ces arrivages avec compétence mais aussi avec beaucoup de flegme. Aujourd’hui, il a passé le relais.
Toutes ces années, ces visites, ces coups de fil… sont autant de point de départ pour beaucoup de belles histoires. Elles ont fait naître entre Philippe Goffin et plusieurs personnes, des laïcs, des religieux et des prêtres une belle complicité. Ainsi avec l’abbé Joseph Goffin, aujourd’hui à la retraite. Philippe l’a eu comme professeur de religion. C’est aussi lui qui l’a préparé à la profession de foi. Le vicaire Joseph Goffin n’était déjà pas à l’époque enseignant à se laisser chahuter ni lors des séances de catéchisme ni lors de ses cours. Le jeune Philippe, un rien dissipé, se souvient d’éclats de voix mémorables du prêtre. « C’était un homme au grand cœur mais qui n’a jamais aimé le chahut ! » Et d’ajouter : « Il est remarquable. »

Et demain ?

Philippe Goffin ne tape plus dans un ballon. Il se contente de vivre en tant que supporter les performances de Basile et de Léonie, deux de ses petits-enfants. Il continue à suivre les « grands matchs » retransmis à la télévision mais sans grande passion. Lorsqu’il était à l’évêché, la pause-café du lendemain était déjà l’occasion pour lui de livrer des commentaires souvent acerbes, commentaires sans jamais une once d’indulgence pour les Diables Rouges. Avec Mgr Warin, Liégeois d’origine et ardent supporter des « rouches » il a souvent échangé sur la qualité des rencontres, le talent des joueurs…
Au ballon rond, il préfère le tennis, la course à pied et le vélo. Un retraité sportif, certes, mais qui dès la rentrée prochaine compte bien se mettre à l’anglais et à l’informatique, longtemps sa bête noire…

Christine Bolinne

N.B. Depuis quelques semaines, c’est Annie Mari qui vous accueille, chaque jour, à l’évêché.
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