Sœur Marie-Pascale n'oubliera jamais son premier Noël en Afrique, c'était au Rwanda, en 1967. Sœur Marie-Pascale dont c'était le premier séjour en Afrique et la première mission comme religieuse en garde un souvenir ému. Des images sont gravées dans sa mémoire comme une messe très festive - mais c'est déjà le cas chaque dimanche - avec des danses, des chants, de la musique. Dans un grand éclat de rire, sœur Marie-Pascale évoque le violent coup de soleil ''souvenir'' aussi douloureux que cuisant de la célébration en plein air! ''Ma peau était devenue carrément violette.'' Pour des raisons de sécurité, la célébration n'avait déjà plus lieu et ne se déroule toujours pas à minuit.
La crèche était constituée avec des personnages réalisés dans le bois. Et c'est en famille que l'on vient toujours l'admirer. Si les familles se déplaçaient jusqu'à l'église pour s'émerveiller mais aussi prier devant Marie, Joseph et l'Enfant Jésus c'est tout simplement parce que les crèches étaient quasi inexistantes chez les particuliers. Noël comme Pâques est par essence, en Afrique, une fête religieuse mais aussi un rassemblement familial. Un des rares moments de l'année où la viande est au menu.
Le sapin de Noël n'est bien sûr pas présent. Il a cédé la place au bananier décoré. ''Dans les villes où vivent les plus riches, j'ai pu constater au fil des années et de mes voyages, l'apparition de guirlandes, de décorations...'' Et de poursuivre: ''Dans la communauté, on invitait les plus pauvres à venir manger avec nous. Noël est une fête très joyeuse.''
Après le Rwanda, sœur Marie-Pascale est passée, toujours comme missionnaire, par le Congo. C'est un autre souvenir qui lui revient en mémoire. ''Lors d'une messe de Noël à Kinshasa, j'ai vu une jeune fille canadienne s'effondrer en pleurs. La neige, le Père Noël lui manquaient...''

Voici un extrait du billet que sœur Marie-Pascale nous proposera à partir de ce vendredi:
''De tout temps, les Occidentaux ont voulu couper l’hiver pour se redonner du courage. Les sols gelés, le froid, l’obscurité tout plaidait pour une absence de vie. Reviendra-t-elle ?
Pour se le prouver, on faisait la fête : une grande réjouissance populaire en l’honneur de Saturne, dieu des semailles et du bon gouvernement, du 16 au 24 décembre, au solstice d’hiver quand la lumière reprend ses droits, minute par minute. Et voici les caractéristiques de ce temps de fête : on allume des cierges, on fait des processions aux flambeaux ; dans le feu ouvert, une grosse bûche brûle : restée allumée plusieurs jours, elle porte bonheur pour la future récolte. On mange et on boit, même beaucoup ; on chante et danse, on fait du bruit ; les barrières sociales sont abolies : les esclaves affranchis (temporai-rement...), commandent aux maîtres et les maîtres les servent. On se réunit en famille élargie. Vacances pour les écoles et les tribunaux, trève de guerre et d’exécutions ; tout est permis, c’est la fête des fous ! Et à la fin, le 25, en la fête des sigillaires, on offre des cadeaux aux enfants…''