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7/1/2020
Paul Verbeeren, diacre: ''Je suis là où l'Eglise n'est pas''
En écoutant Paul Verbeeren se raconter on ne peut que saluer une vie tellement bien remplie, si riche. Et ce n'est pas fini! Il s'est ainsi occupé de la réinsertion, par le travail, de jeunes toxicomanes avant d'enseigner et d'être choisi pour occuper les fonctions d'inspecteur de l'enseignement. Depuis peu, il accompagne des personnes incarcérées, voilà une nouvelle voie qu'il pourrait bien explorer, une fois à la retraite. Ce qui le pousse? Paul Verbeeren est diacre. Sa vie, il ne peut la concevoir sans être au service de l'humain, de la société. Son credo: être là où l'Eglise n'est pas.
Paul Verbeeren ne quitterait, pour rien au monde, sa province de Luxembourg. Et tant pis si, pour ses fonctions d'inspecteur de l'enseignement, il avale des kilomètres et des kilomètres. Entre chez lui et Comines, l'école la plus éloignée où il effectue des inspections, il y a... 295 kilomètres.
Paul Verbeeren habite Warnach. Avec les abbés Kauffmann et Moline, il y a remis en état une ancienne ferme ravagée par un incendie. Ensemble, ils ont encore porté sur les fonts baptismaux la communauté des Frênes.
Pas spécialement doué, au départ, pour manier la truelle ou le tournevis, Paul est aujourd'hui un quasi professionnel! Durant les premières années de fonctionnement, Paul s'est beaucoup investi dans l'aide aux toxicomanes, aux paumés de la vie. Avec eux, il a retapé la maison de Warnach mais aussi des meubles. Encore une découverte pour lui. Ces toxicos tenus à l'écart de la société retrouvaient - du moins pour certains - confiance en eux voire une certaine fierté quand des acheteurs venaient acquérir les meubles retapés par leurs soins. Avec eux encore, il assumera des travaux de remise en état dans des églises... Durant treize ans, Paul Verbeeren sera au plus près des toxicos, il ira les rechercher au commissariat après un méfait, à l'hôpital après une overdose... Des réveils, le plus souvent, en pleine nuit pour leur apporter une aide.
Il est encore présent au sein de la jeune communauté des Frênes qui proposait déjà une animation chrétienne, une recherche communautaire. Un lieu d'Eglise qui soit en communion avec les valeurs du monde d'aujourd'hui. Un lieu ouvert à tous qu'importe ses convictions.

Paul, le rockeur
Discuter avec le plus grand nombre, s'ouvrir aux réalités des uns et des autres voilà qui intéresse au plus haut point Paul Verbeeren. ''Il faut habiter le monde d'aujourd'hui, tout en veillant, précise-t-il à ne pas occuper le terrain avec ses grands pieds. Il faut vénérer ce qu'il y a de beau dans ce monde.''
Paul Verbeeren explique que très jeune, pour reprendre ses mots, il s'est senti, une ''très large vocation d'ordre religieux''. Il étudie la théologie. Son look d'alors aurait sans doute déconcerté ceux qui le connaissent aujourd'hui. A l'époque, il portait les cheveux longs, taillait et cousait ses vêtements et était un assidu des concerts rock.
Il passera encore par Taizé où il se lance dans la préparation de tisanes. De retour à Warnach, il rencontre Laurence qui est elle aussi une chrétienne convaincue aspirant aux mêmes valeurs que lui. Paul et Laurence se marient et auront quatre enfants.
Lorsque l'abbé Kauffmann lui rapporte les propos de Mgr Musty, la réponse fuse: ''Mais tu es fou!'' Mgr Musty était convaincu que cet homme très présent dans sa région, dans la vie, dans la société ferait un ''bon'' diacre. Finalement, Paul se lance. On ne devient pas diacre sur un simple claquement de doigt: il y a un temps de discernement avant la formation. Pas simple de se former tout en menant en même temps une vie de famille, en étant actif en paroisse et en enseignant à l'athénée de Bastogne la religion. ''Lorsqu'on m'a demandé, plus tard, de devenir inspecteur, j'ai eu le sentiment d'être arraché à cette école tant j'y étais bien.'' Rien qu'en évoquant ces années comme prof, on sent encore de l'émotion dans la voix de Paul.
A 40 ans, Paul est ordonné diacre. Son ministère il l'exerce dans sa famille, dans la paroisse mais aussi dans l'enseignement. Sa priorité: ''Rejoindre la vocation à laquelle il a répondu.'' Partout où il est, là où il rencontre des hommes et des femmes il parle de ses convictions. Toujours avec la volonté d'enrichir la discussion, la rencontre... C'est ainsi qu'il ne manque jamais un échange avec des musulmans ou encore des juifs.
Un diacre qui, en paroisse, est encore là pour les bénédictions lors d'un mariage, les baptêmes... Sa guitare n'est jamais bien loin. Paul Verbeeren en est intimement convaincu: chanter, jouer d'un instrument, rien de tel pour animer les célébrations, les rendre accessibles à tous.
C.B.
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