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23/3/2023
Etienne Tribolet, maître-verrier, colore les églises
« Je suis un homme d’atelier » lâche d’emblée Etienne Tribolet. Un homme discret, avare de ses mots avant de se sentir en confiance. Alors, il se livre. Il parle avec tellement de passion de son art, de sa peinture étape indispensable avant la réalisation de ses vitraux. Il est intarissable lorsqu’il évoque « Le Matin de la Résurrection ». Installé au-dessus du jubé de l’église Saint-Martin à Arlon, ce vitrail est l’œuvre d’une vie comme il la qualifie ou encore l’œuvre de la maturité. Celle d’un artiste qui créé, réalise depuis 34 ans. Samedi, il sera l’un des invités de la 5e journée d’étude du patrimoine religieux consacrée au vitrail.
Enfant, Etienne Tribolet, originaire de Mormont-Wibrin ne voulait pas être policier ou encore pompier. Lui, il voulait être Hergé ! Et, comme il avait déjà un joli coup de crayon, tout était possible. C’est donc très naturellement qu’il entame, une fois les humanités terminées, des études en arts plastiques à Saint-Luc à Liège et à Bruxelles. C’est là qu’il rencontre Sabine, peintre. Ensemble, ils fondent une belle et grande famille.
Etienne est à l’aise dans la peau du peintre tout en sentant rapidement qu’il lui manque « quelque chose ». Et lorsqu’il se lance dans le vitrail, c’est la révélation. Il aime travailler le verre. Il se rend compte encore que la peinture et le vitrail sont indissociables. Le vitrail est avant tout une toile. « C’est comme un architecte, il doit, avant de construire une maison, dessiner les plans. »
Le couple part en France. Etienne, tel un compagnon, travaille avec des maîtres-verriers. Des hommes qui, dans la plus grande simplicité, confient leur technique. Devant ses yeux, ils font naître des œuvres magnifiques. De retour en Belgique, riche de cet apprentissage, il va travailler sur un vitrail de la collégiale de Chimay. Puis, il se lance dans un travail de restauration-conservation dans l’église de Thy-le-Château. « Ces dix-huit vitraux participent, souligne Etienne Tribolet, à une véritable symphonie. » Il signera encore les vitraux de la salle brassicole de l’abbaye de Rochefort ou encore, la rosace de l’église Saint-Materne à Anthée inspirée du cantique de la création extrait du livre de Daniel.

Dix ans !
Et puis, il y a ce vitrail « Le Matin de la Résurrection » créé et réalisé pour la très belle église Saint-Martin à Arlon. Pour les 100 ans de l’église, le doyen de l’époque, l’abbé Jean-Marie Jadot souhaitait un élément fort, une œuvre marquante. Le vitrail ''Le Matin de la Résurrection'' a été installé en 2017. Le résultat de longues démarches administratives : elles prendront 5 ans. D’une mobilisation de l’abbé Jadot mais aussi de toute une communauté qui s’est investie notamment pour récolter des fonds. La réalisation du vitrail prendra aussi cinq années. Etienne Tribolet illustre l’éloge du temps qu’il faut pour concrétiser une œuvre. « Le temps, c’est une véritable valeur ajoutée. » aime-t-il dire.
Avant le premier trait de crayon, avant de se saisir du premier pinceau qui donnera des couleurs à la toile (la photo), Etienne Tribolet en a passé du temps dans l’église. Il devait, et c’est essentiel, s’imprégner des lieux. Il devait aussi comprendre la lumière qui allait traverser le vitrail. Une lumière du matin, n’est pas la même le midi ou encore au coucher du soleil. Lumière qui varie également selon les saisons, la météo… Des éléments indispensables à maîtriser pour que le vitrail rayonne. Il a ensuite travaillé plusieurs jours au jubé pour continuer à s’imprégner du lieu. Très régulièrement, l’abbé Jadot venait lui tenir compagnie, vivre avec l’artiste cette création.

L’œuvre d’une vie
Durant toutes ces années, chaque jour, Etienne Tribolet est au travail, il faut dire que la verrière représente 70 m2. « Et chaque jour, je suis allé au travail avec joie. » Pour certaines étapes, il rejoint un atelier en Allemagne où plusieurs verriers partagent leur art. L’atelier y est bien plus vaste tout comme les fours. Entre ces escapades, Etienne Tribolet travaille chez lui, dans l’atelier installé dans la demeure familiale. Dans cet atelier, il se sent bien, au calme avec, à portée de regard, une nature qu’il aime tant. Juste une porte à franchir et on passe des pièces dédiées à la vie de la famille à son lieu de création, de concrétisation. Inutile d’écrire que ses -grands- enfants, son épouse ne se privaient pas d’aller « jeter un œil » mais aussi de le soutenir. Même le chat l’a assisté de sa présence ! Un soutien qui a toujours été le bienvenu tant l’œuvre était ardue. Cet homme discret, effacé, a les yeux qui brillent lorsqu’il dit que « Le Matin de la Résurrection » est l’œuvre d’une vie. Un vitrail né d’une pratique longue de 34 années.
Et lorsqu’il passe par Arlon, Etienne Tribolet aime s’arrêter et entrer dans l’église Saint-Martin où il prend du temps pour regarder vivre son vitrail. Dernièrement, il y avait des visiteurs lorsqu’il a poussé la porte de l’église. Ils ont regardé le vitrail quelques secondes avant de sortir le smartphone et de le photographier. Et puis, ils sont passés à autre chose. Le maître-verrier, le créateur réalisateur en était un rien déboussolé. Il a justement choisi de ne pas faire du figuratif pour permettre à chacun de se livrer à sa propre interprétation. Et pour cela, il faut du temps, beaucoup de temps pour s’en imprégner. Philosophe, Etienne Tribolet ajoute : « S’ils ont photographié le vitrail c’est qu’ils l’aimaient. »
Un vitrail qui présente, notamment, une gamme de bleus exceptionnelle. Du verre soufflé suivant une technique qui remonte au Moyen-Age. Si la gamme de couleurs est vaste, l’artiste a imaginé et fait aussi réaliser des plaques de verre dans un bleu unique. Les différentes parties du vitrail seront assemblées sur place. Et le résultat est tout simplement splendide.
Etienne Tribolet participera, ce samedi 25 mars, à la 5e journée du patrimoine religieux dédiée au vitrail. Organisée par le CIPAR (Centre interdiocésain du patrimoine et des arts religieux) sur le thème « Le Vitrail : Observer, comprendre et conserver les vitraux des églises » elle se tiendra à l’arsenal, rue Bruno, 11 à Namur. Dès 10h, différents intervenants aborderont le vitrail sous toutes ses facettes. Etienne Tribolet interviendra à 15h, avec Gisèle Verte-Noirhomme. Elle parlera de la mobilisation de la fabrique d’église, de la paroisse autour de cette réalisation. L’artiste parlera de son travail, de son œuvre. Il partagera sa passion pour le vitrail.
Une journée qui est accessible à tout un chacun, il faut juste s’inscrire par mail à info@cipar.be Tous les détails de cette journée sur www.cipar.be

Christine Bolinne
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